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Année 1923 - 1er trimestre

12è Séance. - 15 Juin 1922

Jeudi 15 Juin, les membres de la Société se sont réunis en séance ordinaire, sans convocation, comme il en avait été décidé. Etaient présents : MM. J. Ouachée, président ; abbé Lane, G. Barrier, Voisin, Bénier, D. Bonpain, H. Le Roy. S'étaient excusés : MM. Sylvain Saligot, chanoine Corcuff et C. Mailfert. La réunion avait pour objet une première visite du musée, en vue d'apporter au catalogue plus de précision et une certaine documentation souhaitée par le public.
Avant d'entreprendre ce difficile travail, le secrétaire fait savoir qu'il a reçu de Melle Berthe Magniez, du château de la Chapelle, à Vimory, petite-fille de M. Azeuf, ancien président du Comice agricole et du Conseil d'arrondissement, mission de remettre à M. le Maire de la ville de Montargis, une lettre par laquelle elle offre, pour le Musée, une très importante collection recueillie par son père, M. Gustave Magniez, ancien consul.
M. Magniez, qui se trouvait en Afrique occidentale en même temps que le célèbre explorateur de Brazza, put, non sans grandes difficultés, rassembler un nombre considérable d'objets à l'usage des peuplades de cette région, Dahomey, Gabon, Congo, lac Tchad. Ce sont : des armes de combat, des armes pour les sacrifices humains, des vêtements, des ustensiles, des instruments de musique, des ornements, couronnes royales, bijoux d'or et d'argent, défenses d'éléphants ; puis aussi des collections de crustacés, de coléoptères, d'oiseaux, de très rares et très recherchées poteries du lac Tchad, etc., etc.
Remise a été aussitôt faite à M. le Maire de la lettre de Mlle Magniez et des remerciements lui ont été adressés au nom de la Société d'Emulation, qui a répondu que la Société acceptait, en ce qui la concerne, la mission que voulait bien lui confier la généreuse donatrice. A la prochaine séance, une commission spéciale sera nommée à cet effet.
Il est reconnu qu'en ce qui concerne la révision du catalogue du Musée, il y aura peut-être à faire autant un minutieux travail de cabinet qu'un examen attentif de chacun des numéros du catalogue.
Par ce temps de tricentenaire de l'illustre Molière, M. Le Roy s'iuquiète de savoir ce qu'est devenue la belle veste brodée en soie verte portée par Molière, qu'un vieil acteur de la Comédie Francaise, M. Ménétrier de Courcuire, retiré à Montargis, a offerte au Musée dès sa formation, en 1853. Ni le premier catalogue de 1864, dressé par Alexandre Levain, ni celui de 1874, ni le troisième de 1885, n'en font mention. A Montargis, il y a des raisons de conserver un culte particulier pour cette grande mémoire. Molière a joué l'Etourdi, en 1652, à Montargis (mémoires de Mlle de Montpensier). La famille Désurlis, de Montargis, était en relations avec lui. Enfin, une soeur de Molière était religieuse au couvent de Saint-Dominique-lez-Montargis. Il conviendra donc de faire des recherches an sujet de la relique offerte par feu M. Ménétrier.
Dès le vestibule, on s'arrête sur un objet portant le 268, Armes de la Ville de Montargis, XVIIe siècle (pierre). Bien maigre indication, aucune origine de provenance. Or, ce document offre un grand intérêt. Il porte une date, 1484, les lettres L. F. pour faire Montargis-le-Franc sont sur l'écusson même, au pied de chacun des jambages de l'M, et non hors de l'écusson dans des lacs.
On voit que la Société d'Emulation ne manquera pas de besogne et que ceux de ses membres qui feront partie de la commission de permanence, pendant les vacances, auront de quoi excercer toute leur activité.
La prochaine séance aura lieu le premier jeudi de juillet, 6.


13è Séance. - 6 juillet 1922

Jeudi 6 juillet, les membres de la Société se sont réunis en séance ordinaire, sans convocation, suivant décision prise, sous la présidence de M. J. Pouillot, vice-président. Etaient présents : MM. Sylvain Saligot, R. Monnereau, Chanoine H. Corcuff, P. Moussoir, R. P. Gourdin, D. Bonpain et H. Le Roy ; se sont fait excuser : MM. J. Ouachée, abbé Lane, G. Barrier, Mailfert, Bénier et Voisin.
L'absence de M. Voisin enlève beaucoup d'intérét à cette deuxième visite du Musée. On procède cependant à un examen documentaire des divers numéros du catalogue. Un immense tableau signé : Choubrac, n'a pu trouver place que dans le grand escalier. C’est un don des officiers du 89è. Le catalogue est muet. Il s'agit d'un douloureux épisode de la guerre de 1870. Quelques lignes de notice seraient bien désirables. Le secrétaire est chargé d'écrire au colonel du 89è. En entrant dans le petit salon carré, une superbe aquarelle signée : Hubert Robert, attire l'attention générale. Cette pièce minuscule, de 0 m. 11 X 0 m. 16, est un des joyaux de la collection, qui mériterait aussi une courte notice.
M. S. Saligot fait remarquer que le n°42, signé : A. Legros, et intitulé: Un réféctoire de Moines, serait une vue d'une Arcade d'une ancienne Fortification démolie un peu avant 1870 pour faire place à l'étude Beaujard actuelle, autrefois demeure du peintre en bàtiment Buge. M. Evrard anc. 1er Clerc, étude Le Roy, a posé pour le tableau, avis de M. Sylvain Saligot. M. Le Roy fait remarquer que les anciens plans ne signalent pas de chapelle sur ce terrain, mais bien l'emplacement de la première enceinte de ville, qui, se prolongeant parallèlement à la rue des Lauriers, derrière la pharmacie du Gagne-Petit, les Nouvelles Galeries, rejoignait la porte de la Geôle, rue Dorée. Ce doit être quelque casemate pratiquée dans le mur de ville. L'artiste montargois Paul Lemariée, dont le musée possède plusieurs tableaux, y avait établi un atelier un moment. Une notice devrait rappeler ces souvenirs locaux. Comme il conviendrait sans doute de grouper, avec notes explicatives, toutes les peintures ou dessins de ce genre : vue de la porte du Pont-de-l'Ouche, vue si pittoresque du canal prise de l'ancien pont de Loing, diverses vues du château, de l'intérieur de l'église avant sa restauration, etc.
Dans cet ordre d'idées, on a recherché vainement, quoique portée au catalogue de 1864 sous le n° 120, une série de neuf académies peintes d'après nature, l'une, la 4e, était signée Degré, le fameux pompier de Montargis, devenu célèbre par son procès en Haute-Cour, à la suite de sa participation à l'envahissement de la Chambre des députés, en 1848, fait qui a été l'objet d'une communication à une séance précédente de la Société.
Il serait intéressant également que les portraits, donnés autrefois au Musée, par les familles, forment une galerie des célébrités montargoises, au lieu d'être disséminés un peu partout.
La réunion prend fin à 6 h. 1/2. La prochaine séance aura lieu le 3è jeudi de juillet, 20, à 17 heures.


14è Séance. - 13 juillet 1922

(Il n'a pas été rédigé de procès-verbal de celle séance.)

15è Séance. - 5 Octobre 1922

Jeudi 5 Octobre, à 17 heures, la Société d'émulation a repris ses séances ordinaires des 1er et 3è jeudis de chaque mois, en la salle de la Bibliothèque municipale. Etaient présents : MM. Ch. Nouguier, chanoine H. Corcuff, G. Barrier, Bonpain, Bénier, Sylvain Saligot, H. Le Roy. S'étaient excusés : MM. J. Ouachée président, R. Gourdin, Moussoir. En l'absence du président, le doyen du Bureau donne connaissance de l'ordre du jour,
Il fait savoir qu'au cours des vacances M. le Maire de Montargis a demandé que la Société veuille bien rédiger un projet d'inscriptions, destinées au nouveau monument de la place de la République.
Une commission composée de MM. Barrier, Bonpain et H. Le Roy, a fait parvenir à M. le Maire les deux textes suivants :
1° pour le 1er écusson :

MONUMENT COMMÉMORATIF
DU SIÈGE DE MONTARGIS


Le 5 septembre 1427, après 3 mois d'héroïques efforts, les milices Montargoises, sous les ordres de leur Gouverneur Bouzon de la Faille, secourues par Dunois, Orval, Pothon de Xaintrailles, Gaucourt et la Hire, forcèrent les Anglais, commandés par Warwick, Suffolk et La Pool, à lever le siège de la ViIle.

2° Pour le 2è écusson ;
Au cours de la Guerre de Cent ans (1337-1453), lorsque la France allait ètre perdue tout entière, consciente du sentiment national, la Ville de Montargis, la Première, a arrèté les Anglais vainqueurs, et sous ses murs les armes françaises ont eu « leur Premier bonheur advenu », comme en témoigne le texte de la Charte de Charles VII, donnée à Jargeau-sur-Loire, eu may 1430. - Un citoyen de Montargis, Gaillardin, s'empara de l'étentard de Warwick.

M. Ouachée a eu l'occasion de visiter, à Chàtillon-Coligny, une importante collection d'objets se rapportant à la préhistoire, ainsi qu' aux époques celtique et gallo-romaine. Il a le plaisir de présenter comme membre de la Société le jeune collectionneur M. Viot fils, qui continue avec une grande compétence cette collection commencée par son père. M. Viot fils sera inscrit au nombre des membres de la Société et une délégation se rendra à Chàtillon.
M. Ch. Nouguier, à l'occasion d'un article paru dans le journal des Débats du 2 août dernier et relatif à la mort et aux tombeaux de Jean l'aveugle, comte de Luxembourg, roi de Bohème et de Pologne. L'article cité dit que l'un des tombeaux se trouve sur les bords de la Sarre, dans une chapelle appelée Die Klause, l'autre à Montargis. M. Nouguier demande si des membres de la Société d'émulation peuvent donner des renseignements sur cette intéressante question.
M. Le Roy répond que, dès 1859, son père a reçu une lettre d'un honorable membre de la Société arehéologique d'Orléans, M. Dupuis, qui posait la même question.
Le comte Jean de Luxembourg vint au secours du roi Philippe VI de Valois et fut tué à la bataille de Crécy, le 25 août 1346. Son corps fut transféré à Montargis, il fut enterré dans l'église des Dominicaines.
Sa soeur, Marie de Luxembourg, femme du roi Charles-le-Bel, y était déjà inhumée depuis 1324.
On trouve dans les mélanges de M. Baluze, tome 1er, un acte donné le 17 mars 1346, à Mehun, par Jean de Luxembourg, constatant que ce monarque a eu deux tantes religieuses à Montargis, que sa soeur, Marie était novice dans ce couvent.
Sur la liste des Prieures du Couvent de Saint-Dominique-lez-Montargis, qu'on trouve au tome XII de Gallia Christiana, figure le nom de Marie de Luxembourg, l'une des deux tantes de Jean.
Ce tombeau a été retrouvé en 1748, et l'Art de vérifier les dates donne même un fragment de son épitaphe :
...... qui trépassa à la tête de ses gens ensemblement..... les recommandant à Dieu le père..... le jour..... glorieuse vierge Marie. Priez Dieu pour l'âme de ce doux Roy. 1346.
Sur l'un des côtés de ce tombeau, on remarquait deux écussons, l'un champ de gueules, l'autre d'azur. Sur le premier était un lion grimpant couronné, marque distinctive des rois de Bohême et de Luxembourg.
Au moment de la Révolution, on voyait encore ce tombeau, élevé sur quatre piliers.
On sait qu'en 1808, l'église de Saint-Dominique fut démolie. Les pierres tombales ont été transportées alors à l'ancienne papeterie de Buges (Corquilleroy), pour servir à daller l'usine. En 1895, lors de la construction du quartier neuf de Saint-Dominique, on fit de nouvelles trouvailles. Le maire d'alors, M. Sédillot, avait promis à l'archiviste départemental, M. Doinel, de recueillir les ossements de nombreux personnages qui offraient de l'intérêt pour notre histoire locale et d'élever un monument au cimetière. Nous croyons que ce projet n'a pas eu de suite. (l)
La suite de l'ordre du jour est renvoyée à la séance du 19 octobre. La séance est levée à 19 heures.


16è Séance. -19 Octobre 1922

Jeudi 19 octobre, à 17 fleures, la Société a tenu sa séance ordinaire en la salle de la Bibliothèque ]municipale. Etaient présents : MM. l'abbé V. Lane, vice-président ; Ch. Nouguier, P. Bénier, M. Cohades, G. Barrier, D. Bonpain, H. Le Roy. S'étaient excusés : MM. J. Ouachée, J. Pouillot, S. Saligot, R. Gourdin.
Sur la présentation de MM. Barrier et Le Roy, M. Camille Gaillard, à Vernon (Eure), est admis comme membre.
M. Bonpain demande qu'une démarche soit faite par le président de la Société auprès de M. le Maire de Saint-Maurice-sur-Avevron, en vue d'obtenir, pour le musée de Montargis, une pierre sculptée intéressant l'histoire locale.
Une lettre de M. Basset, transmise par M. Ouachée, signale la mise en vente d'un jeton de Renée de France, dame de Montargis, dont un fac-similé est communiqué. On souhaite vivement que M. Ouachée en fasse l'acquisition, comme il en a le dessein.
Le secrétaire soumet l'empreinte du futur cachet de la Société, que M. Monnereau a bien voulu faire graver d'après le dessin héraldique dû à M. Bonpain.
Une discussion s'engage au sujet de l'opportunité d'organiser au cours de la saison d'hiver un certain nombre de conférences. On constate avec plaisir qu'un certain nombre de conférenciers compétents peut être réuni. Quant aux sujets à traiter, ils sont très nombreux. On retient, pour ces premières conférences, les titres suivants : Montargis aux époques celtique et gallo-romaine ; Histoire du château de Montargis ; l'Eglise de Montargis, Madame Guyon ; Renée de France, dame de Montargis ; les diverses ,juridictions de Montargis avant 1789 ; architecture locale, historique et projections ; l'art héraldique et l'armorial montargois, etc., etc.
On décide de se réunir en un déjeuner amical, vers la date du 15 décembre, pour fêter l'anniversaire de la renaissance de la Société d'émulation, fondée en 1854 par MM. de Girardot, sous-préfet, et le Docteur Ballot, maire de Montargis.
M. Le Roy rappelle la communication, à la séance du 4 mai, d'une enquête locale faite par son père au sujet d'une statue équestre de Jeanne d'Arc, qui existait à l'église de Montargis. Le catalogue du musée de Cluny de 1883, sous le n° 731, mentionnait :
Jeanne d'Arc, figure équestre en bois sculpté, peint et doré, du XVe siècle, retrouvé à Montereau.
« Jeanne est couverte de son armure, le casque en tête et la visière relevée ; elle tient de la main gauche les rênes de son cheval et la droite porte l'étendard. Cette précieuse figure du temps était portée processionnellement dans les cérémonies religieuses ; les trous pratiqués dans le socle pour y fixer les bâtons sont encore apparents. Le ventre du cheval s'ouvrait de manière à former une socle de reliquaire.- H. 1 m. 10. »
Toute cette description concorde avec les renseignements fournis à l'enquête de M. Le Roy père, par M. Duchesne-Rabier, presque mot pour mot.
Or, M. Anatole france, dans le vol. II de sa Vie de Jeanne-d'Arc, page 480, tout en diminuant l'importance de cette effigie contemporaine de la Pucelle, la signale comme provenant bien de l’église de Montargis. Comment en est-elle sortie ? II est vain de le rechercher. Il serait bien préférable d'en obtenir la restitution.
M. Barrier expose qu'il a reçu d'un anonyme, habitant les environs, une élude relative au fameux livre de Marco Polo, manuscrit français, rédigé en 1298. Un exemplaire est conservé à la Bibliothèque Nationale (Fonds F. R. 5649). La préface de ce manuscrit a pour l'histoire montargoise beaucoup d'importance. Il est dit dans cette préface que c'est messire Jehan, fils ainsnez de messire Thiébault, sire de Cepoy, qui rapporta cette relation manuscrite des Pays d'Orient pour l'édification « de Monseigneur de Valois et pour Madame l'Empereris, sa fame, vicaire général pour eulx deux en toutes les parties de l'empire de Constantinoble. »
Il s'agit de Charles de Valois, frère de Philippe-le-Bel, dont ou a pu dire qu'il avait été fils de roi, frère de roi, oncle de trois rois, père de roi et jamais roi. On peut ajouter qu'il ne fut jamais empereur, malgré sou mariage en 2è noces avec la belle Catherine de Courtenay, qui lui apporta en dot ses droits de la famille de Courtenay à la couronne impériale de Constantinople.
Cette intéressante communication sera déposée aux archives de la Société.
Pour terminer cette séance déjà chargée, M. Le Roy se propose d'entretenir ses collègues d'une petite querelle philologique d'histoire locale qu'il intitule plaisamment : Riflard et Guéridon, leurs relations montargoises. Cc n'est pas un vaudeville, mais cela touche tout de même au théàtre. Un beau matin, c'était en 1913, M. Raoul Aubry lance cette note cocasse : (dans le Temps !! parfaitement.) « Il parait que M. le Maire de Chinon se propose d'élever prochainement une statue à l'acteur Riflard, qui a inventé les parapluies. » Si M. Aubry, s'était adressé à Montargis, il n'aurait pas subi la rebuffade un peu rude du maire de Chinon, qui n'aime pas la mystification. A Montargis, on se serait empressé de remercier M. Aubry de sa large publicité..., car.... Riflard est Montargois. En effet, Picard, l'auteur dramatique, qui a écrit la Petite Ville, restée longtemps au répertoire, était le neveu de la femme du maire de Montargis (l'illustre docteur Gastelier, membre de l'Académie royale de médecine). La Petite Ville était une image fidèle de tous les administrés du vénérable oncle de l'auteur Picard. Or l'un des personnages, le personnage comique de la pièce, avait reçu le nom de Riflard. Riflard encombrait la scène de son importante personne, inséparable d'un invraisemblable et immense parapluie. Tout Paris, toute la Province, l'Europe entière, car la pièce fit une joyeuse tournée, baptisèrent dès lors le parapluie (né chinois d'ailleurs) de Riflard. Mais Montargis fut sans gloire, malgré tous ses droits, puisque Riflard est un type montargois, croqué par le demi-montargois Picard. M. Le Roy revendique le droit pour Riflard à une statue. Une de plus, au moins l'accessoire sera très décent. Et puis, comme l'insinue le chroniqueur du Gàtinais, ce serait l'occasion d'écrire une 3è page d'histoire locale.
Quant à Guéridon, nom donné à ce petit meuble à trois pieds, cher aux spirites, Littré, le sévère académicien, donne sa langue aux chats. Son dictionnaire répond : origine inconnue. Si Littré avait eu, comme Larousse, quelque relation montargoise, il eut découvert, comme M. Le Roy, des Guéridon et même des Madame Guéridon, inhumés dans l'église de SaintHilaire-les-Andrésis, dès 1703. Jeanne Liard, veuve d'André Guéridon, en 1706. Edme Guéridon. En 1782, un acte de foy et hommage aveu et dénombrement relate que les immeubles de la demoiselle Jeanne Bigot de Saint-Simon, demeurant à Montargis, joignent sur le territoire de Foucherolles ceux des héritiers de Jean Guéridon. Enfin, sur la commune d'Ervauville, vous trouverez inscrit au cadastre un hameau appelé : les Guéridons.
La prochaine réunion aura lieu jeudi 2 novembre. La séance est levée à 17 h.


17è Séance. - 2 Novembre 1922

Jeudi 2 novembre, à 17 heures, la Société a tenu sa séance ordinaire en la salle de la Bibliothèque municipale, sous la présidence de M. Ouachée. En raison des fêtes, un petit nombre de membres étaient présents. S'étaient excusés : MM. le chanoine H. Corcuff, D. Bonpain, P. Moussoir, S. Saligot et P. Bénier.
M. le docteur Clergeau a fait deux communications qui ont vivement intéressé ses collègues.
Cortrat, toute petite commune aujourd'hui, Coustrat, d'après les anciens titres, est d'origine romaine et est considérée comme une dépendance de la ville gallo-romaine de Cran, où beaucoup d'archéologues situent l'Aquis Segeste de la carte de Peutinger.
Cortrat possède encore une ancienne église, qui, d'ailleurs, n'est plus à l'usage du culte. Or, le tympan du portail de cette église porte une sculpture qui offre le plus grand intérêt. Certains en font remonter l'origine au IXè siècle, d'autres à l'époque mérovingienne. C’est donc un monument d'une extrême rareté. Le sujet traité est la création du monde. Ceux qui font commerce d'antiquités cherchent à s'approprier cette merveille pour la céder avec gros profit à quelque grand musée français ou... étranger !
Notre arrondissement était donc sur le point de voir disparaître ce précieux souvenir. Par bonheur, le docteur Clergeau eut vent de cette proposition pressante. Aussitôt, il se mit en rapport avec la Commission des Monuments historiques, où il compte une très sérieuse relation. La procédure tendant au classement du tympan de l'église de Cortrat fut engagée, appuyée du reste par notre Société d'Emulation. M. le docteur Clergeau est heureux de faire savoir que le ministère vient d'aviser l'administration préfectorale du Loiret du classement définitif de ce portail. L'honorable collègue est chaudement félicité.
La seconde communication de M. Clergeau a trait à la mise à jour, il y a quelques mois, d'un monument préhistorique sis sur la commune d'Orveau, à quelques kilomètres à l'ouest de Malesherbes ; par conséquent, un peu en lisière du champ d'action de la Société; néanmoins, comme c'est un des membres de notre Société qui s'est chargé de la description et de l'étude de cette trouvaille, a Société y apportera un sérieux intérêt.
Il s'agit d'une grotte funéraire au lieudit La Croix de la Grange, à 500 mètres sud de l'église d'Orveau, en bordure du chemin de Manchecourt. Des carriers, au cours de leur travail, ont rencontré un couloir de 1 m. 50 de hauteur se terminant par une chambre de même hauteur munie d'une cheminée ou puits nécessaire à l'accès ou pour l'aération. Sur le sol se trouvent disposés régulièrement, sur un lit de terre noire, un certain nombre de squelettes humains, dont quatre ,jusqu'ici ont pu être dégagés. On n'a découvert aucun objet de bronze ou de fer, mais des lames de silex. Les ossements sont d'une conservation parfaite due à la nature calcaire du sol. Évidemment, il s'agit là d'une découverte paléolytique très intéressante. Les recherches se poursuivent. La Société sera tenue au courant par M. le docteur Clergeau, qui est remercié de sa curieuse communication.
M. R.-P. Gourdin annonce qu'il est en mesure de donner quelques indications au sujet de la légende de Gaillardin.
Le secrétaire, M. Le Roy, dépose sur le bureau un volume : Moret-sur-Loing, par l'abbé Fougeois, ainsi qu'une pierre qui doit être un très gros oursin fossile, provenant du Datera, province d'Oran. Ces objets, qui seront examinés ultérieurement, ont été offerts par Mme veuve Chesnel, de Montargis, à qui la Société adresse ses sincères remerciements.
M. le Trésorier, G. Barrier, met à la disposition des membres diverses épreuves photographiques d'anciens plans de Montargis.
L'ordre du jour prévu pour la séance de ce jour est renvoyé à la prochaine réunion du jeudi 16 novembre. La séance est levée à 17 heures.


18è Séance. - 16 Novembre 1922

Jeudi 16 novembre, a 17 heures, la Société a tenu sa séance ordinaire en la salle de la Bibliothèque municipale, sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents:  MM. l'abbé V. Lane, J. Pouillot vice-présidents ; Ch. Nouguier, B. de Sartiges, M. Cohades, G. Barrier, R.-P. Gourdin D. Bonpain, P. Moussoir et H. Le Roy. Se sont excusés : M. le chanoine Corcuff, H. Saligot, C. Mailfert.
M. le Président tient à vider diverses questions abordées aux séances précédentes. D'abord celle de l'avance de l'heure des réunions ; on maintient le statu quo, 17 heures. On passe à l'organisation du déjeuner amical, MM. Moussoir et Bonpain sont chargés de tous les détails et d'en assurer le succès. La date fixée est le ,jeudi 14 décembre. Enfin, on aborde la grande question du programme des Conférences d'histoire locale à donner au cours de l'hiver et dont divers membres da la Société d'émulation veulent bien se charger. M. G. Barrier se propose de parler sur Montargis dans l'antiquité et des Chemins celtiques et romains de la région. M. H. Le Roy traitera du Grand Procès devant la cour prévôtale de Montargis au cours des années 1784 à 1788. L'un de nos présidents d'honneur, M. Lesueur, sous-préfet, qui possède d'intéressants documents sur Madame Guyon, fera revivre la figure de cette illustre mon-targoise, disciple de Fénelon. M. l'abbé Lane, l'un des vice-présidents de la Société, présentera un Résumé historique sar le Château de Montargis. M. Ch. Nouguier accepte avec plaisir de parler sur Renée de France, dame de Montargis. Notre savant compatriote, M. l'abbé Chenesseau, titulaire du grand prix Gobert, accordé par l'Académie Francaise, parlera sur l'Architecture civile et mililaire à Montargis aux siècles passés. M. Bonpain exposera les principes de l'art héraldique et leur application : l'Armoirial Montargois. Cette liste de conférenciers et de sujets d'histoire locale n'est d'ailleurs pas close.
Il reste à en établir le calendrier. En ce qui concerne le choix du local, on prendra l'avis de M. le Maire de Montargis, président d'honneur également de la Société, qui voudra bien en décider.
Comme il l'avait promis à la dernière réunion, M. le docteur Clergeau présente les estampages du tympan, si intéressant et si curieux, de la porte de l'église de Cortrat. M. Clergeau a fait oeuvre de professionnel et de véritable artiste. Bien qu'on ne puisse juger de ce merveilleux et antique document, non d'après un relief, mais d'après une reproduction en creux, d'ailleurs en grandeur naturelle, on admire la disposition magistrale de cette grande scène de la Création, la valeur donnée aux divers personnages et à tous les détails.
Les membres de la Société tombent d'accord pour que toutes démarches soient faites pour conserver en son lieu et place ce précieux souvenir d'histoire locale. Il y aurait lieu sans doute de procéder à quelques fouilles qui, à coup sûr, feraient découvrir les fondations d'un très ancien édifice remontant sans doute aux temps mérovingiens.
La séance est levée à 19 heures. Prochaine réunion le 7 décembre, à 17 h.


19è Séance. - 7 Décembre 1922

Jeudi 7 décembre, à 17 heures, la Société a tenu sa séance ordinaire, en la salle de la Bibliothèque municipale, sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents : MM. J. Pouillot ; G. Barrier ; chanoine H. Corcuff : S. Saligot ; Ch. Nouguier ; R. P. Gourdin ; Pétré; D. Bonpain et H. Le Roy.
Le président présente les excuses de MM. P. Moussoir et Ch. Delaporte : il fait part du deuil qui vient de frapper M. l'abbé Lane et se fait l'interprète des membres de la Société pour lui adresser les bien sincères condoléances de tous.
M. Bonpain fait connaître les dispositions arrétées pour le déjeuner amical du jeudi 14 décembre, qui aura lieu à midi, l'Hôtel de France. Le menu est approuvé : prix, 16 francs. Le président et un des vice-présidents iront inviter les trois présidents d'honneur. Seize sociétaires se sont déjà fait inscrire.
()n décide que la première conférence d'Histoire locale aura lieu le lundi 18 décembre, à 8 heures 15 du soir, salle Paul-Bert. Ces conférences sont publiques et gratuites. Des places seront réservées aux personnes en relation avec les membres de la Société.
Le secrétaire dépose, sur le bureau, une clef ancienne qui lui a été remise par M. Gaboret (de l'Hôtel de Ville), et qui a été trouvée par son père, en 1910, au hameau des Blards (Amilly), en défonçant son jardin à 1 mètre de profondeur. C'est une clef forgée, d'un curieux travail. Des remerciements sont adressés au donateur.
M. Gourdin fait une communication, relative aux Armoiries de Montargis, il cite un passage de Jean de Serres, extrait de son Inventaire de l'Histoire de France :
<< Grégoire de Tours, plus ancien auteur, dit que Clovis fut baptisé. On tint aussi, que Clovis changea lors l'écu royal, et que, au lieu de trois crapaux (ou comme disent les doctes, de trois diadèmes de gueules en champ d'azur), il prit des fleurs de lis sans nombre. Certains monuments de nos rois, en la première et la seconde race, instituèrent ce changement d'armoiries, fait par Clovis, comme on le voit en nos plus anciens temples, sans que je donne carrière de la brièveté de mon style. Charles sixième, en l'écu de France, réduisit les fleurs de lis à trois.
D'autre part, dom Morin, écrit qu'il résulte d'un très ancien manuscrit d'un religieux de l'abbaye de Ferrières, nommé Nicolas Richevilain, que la ville de Montargis a pour commencement un château-fort, bàti sur une colline, par le roi Clovis. Puis, plus loin dom Morin cite une charte portant donation du 1er mars 1120, où ces mots sont expressément couchés : Datum Monti Régis.
M. Gourdin croit que, du rapprochement de ces notes, Montargis semble donc avoir été recréé par Clovis, qui lui donna son nom de Mons Régis, dont on a fait Montargis et...... son blason, l'écu de France, semé de fleurs de lis, blason créé par Clovis. M. Gourdin est remercié de sa contribution à la difficile interprétation des armoiries de Montargis.
M. Le Roy entretient ensuite ses collègues des différents passages de Bonaparte à Montargis.
Le 15 octobre 1799, à son retour d'Egypte, dans toute sa gloire, le vainqueur d'Italie et de la bataille des Pyramides, s'arrèta à Montargis. Il descendit à l'Hôtellerie de la Madeleine, telle qu'elle existe encore, 14, faubourg de Lyon ; on peut y voir la chambre qu'il occupa, au-dessus du portail d'entrée.
On se souvient encore de la mésaventure qui arriva à un bel esprit Montargois. Monsieur Lesguillon, marchand de drap, tournant au besoin un couplet (à coup du dictionnaire des Rimes). fut chargé du rôle d'orateur. M. Lesguillon, introduit auprès de Bonaparte, encore à table, lui débite son petit discours. Arrivé au passage où il voulait faire de l'effet.... et pour vous prouver, général, combien nous vous aimons... - il passe alors subitement sa main droite sous sa redigote. Mais, à ce geste équivoque et imprévu, le général saisi d'une terreur panique, s'élance de table, renverse son siège, en s'écriant à plusieurs reprises : « Qu'est-ce ? qu'est-ce ? Veut-on m'assassiner ? » Confus, interdit, Lesguillon tire de son sein l'objet qu'il tenait caché. C'était un portrait du général. Mais Bonaparte ne voulut plus rien entendre et enjoignit, au maladroit orateur, de sortir. Il refusa d'ailleurs, une assiette de belles pèches que lui présenta M. Prévost.
Napoléon passa aussi en notre ville, le 16 novembre 1807. S. M. I. se rendait à l'armée d'Italie. Il déjeuna encore à l'hôtel de la Madeleine, où il eut une longue conversation avec M. Aubépin, maire de la ville ; malgré l'incognito, la foule assiégea les abords de l'Hôtel de la Madeleine.
Puis, le 20 avril 1814, Napoléon, qui avait fait, ce mème jour, ses adieux à sa vieille garde, dans la cour du Cheval-Blanc, au palais de Fontainebleau, arriva à Montargis. Bertrand, le grand maréchal, était à ses côtés, le général Drouot le précédait. Venaient ensuite, le général autrichien Koller, le général russe Schuwaroff, le général anglais Campbell et le général prussien Waldbourg-Trachsen, commissaires des Alliés.
Le relai eut lieu an Christ ; c'est là que le général Pelet, qui commandait le 1er régiment de chasseur de la vieille garde, fit ses adieux. L'Empereur, extrèmement ému, avait des larmes dans les yeux. La garde impériale formait la haie dans la ville. Ces braves militaires ne proférèrent le moindre cri et observèrent un morne silence. Ils trempèrent dans du vin, les cocardes blanches qu'on leur avait déjà distribuées.
La séance est levée à 19 heures. La prochaine réunion aura lieu le 21 décembre.

2è Conférence. - 18 Décembre 1922

MONTARGIS AUX ÉPOQUES CELTIQUE ET GALLO-ROMAINE
VELLAUNODUNUM DES COMMENTAIRES

Lundi soir, la Société d'Emulation de Montargis ouvrait le cycle de ses conférences. Une foule élégante, où les dames et les érudits formaient majorité, prenait place salle Paul-Bert, ou l'on devait compter bientôt près de cent cinquante auditeurs. Nous avons reconnu : MM. Lesueur, sous-préfet ; Pouillot, inspecteur d'académie honoraire; Ouachée, président de la Société d'émulation ; Pétré, H. Le Roy, Gourdin, Bonpain, l'abbé Lane, Cohades, Viscardi, M. le commandant Babuthy, M. Viot et Mme ; MM. Distruit et Cothèreau, pharmaciens ; M. le Docteur Desvaux de Lyf, MM. Saligot père, Passeleau, Diot, Ouachée fils, Lafarge, Garnier, Voisin, professeur au collège ; MM. Farnault, Vauvelle, Aubreton, l'abbé Bourgerie, curé-doyen ; MM. Gely, receveur des Domaines; Mestier, Briais, receveur municipal, etc.
M. Ouachée préside la réunion. Il remercie bien vivement ses auditeurs d'avoir répondu en si grand nombre à l'appel de la Société, témoignant ainsi de l’intérèt qu'ils portent à la Société d'émulation constituée l'an dernier. A l'occasion de l'anniversaire de sa résurrection, la Société a décidé que les études sur l'histoire locale et le passé de notre cité seraient l’objet de conférences. Il donne aussitôt la parole à M. Barrier, ingénieur des travaux publics en retraite, qui doit nous faire revivre lés époques éloignées où notre Montargis moderne n'était que cité gauloise ou ville gallo-romaine.
Le conférencier expose tout d'abord que les historiens admettent que la ville de Montargis n'est pas une ville antique. Il donne à ce sujet l'avis de Nicolas de Richevillain, de dom Morin et de nombreux auteurs, et sans vouloir nier que l'étymologie de notre cité reste incertaine, il va s'efforcer de prouver qu'ils ont tort dans leurs déductions. Il entre dans des considérations générales sur Montargis, puis il convie ses auditeurs à se plonger avec lui dans les ténèbres du passé pour tâcher d'y faire revivre les époques celtique et gallo-romaine. Il essaiera donc de démontrer qu'une ville gallo-romaine a précédé la ville actuelle de Montargis et que cette ville gallo-romaine elle-mème a été précédée d'une ville celtique qui serait le Velleunodunum des Commentaires.
Il rappelle tout d'abord que les gaulois ou gaëls, nos ancètres, ont quitté les hauts plateaux de l'Asie, berceau des peuples, pour venir au centre de l'Europe, où ils se sont établis partout où les endroits leur semblèrent favorables ; il examine à grands traits la période celtique, donne des indications générales sur les anciens gaulois, sur les routes et chemins celtiques, les tumuli, dolmens ou menhirs, les fortifications, puits funéraires, silex taillés ou polis, pierres de fronde, armes, bijoux et monnaies. La Gaule primitive fut en Côte-d'Or ; puis les gaulois se rapprochèrent du pays des Carnutes, et l'on en a pour preuve le grand collège des Druides qui se trouvait en pleine forêt des Carnutes, entré Orléans et Chartres ; dans l'arrondissement de Montargis, subsistent de nombreux vestiges de cette époque.
II nous parle des pierres de sacrifice ; tables des dolmens, menhirs aux trous ovales, des légendes, des superstitions et des coutumes druidiques.
II déduit de cette première partie de sa conférence que les établissements gaulois existaient dans presque toutes les communes de l'arrondissement et qu'à Monlargis, point d'aboutissement ou de croisement de nombreuses voies celtiques et de chemins de négoce, il devait nécessairement exister un établissement gaulois très important. Il donne d'ailleurs sur ce sujet lecture d'un exposé des travaux remarquables de deux de nos conipatriotes, MM. Guignebert, ancien Maire de Montargis, et Le Roy père.
Le conférencier effleure ensuite la couquête de la Gaule par Jules César ; puis il développe la période gallo-romaine sur un plan identique à celui déjà employé pour la période celtique ; il indique quels sont les vestiges de cette période qui subsistent dans l'arrondissement de Montargis, à Cepoy, Douchy, Montbouy, Saint-Maurice-sur-Aveyron, Sceaux, Triguères, etc.,et incidemment nous invite à recueillir avec soin les vestiges du passé, si intéressants pour l'histoire générale et pour l'histoire locale.
Il déduit de cette deuxième partie de sa conférence que Montargis a été un centre gallo-romain trés important. Pour le démontrer complètement, il lui suffira d'initier ses auditeurs aux découvertes faites aux Closiers depuis 1822, et c'est le résumé de ces découvertes, d'après M. Guignebert et Le Roy père, qu'il énumère après avoir décrit les limites de la ville gallo-romaine des Closiers et du Champ des Morts.
Attentivement, les auditeurs, des plus intéressés, ont suivi l'exposé très clair et des plus documenté de M. Barrier. Ils ont sous les yeux une carte, fixée sur le tableau noir, de ce que fut la ville gallo-romaine des Closiers. Cette ville pouvait couvrir une surface de 50 hectares limités au nord par la rue du faubourg de la Chaussée et la rue de Courtenay; au sud, par la limite approximative des communes de Montargis et d'Amilly ; à l'ouest, par la prairie du Loing ; à l'est, par les lignes de Nevers et de Sens, et peut-être un peu au-delà, dans la direction de Viroy.
Sur la table voisine, figurent les vestiges recueillis. On y remarque des poteries, quelques-unes fort grossières, des clefs, des armes, des statuettes dont malheureusement il manque la tête, et que l'on croit représenter des divinités païennes, peut-être les dieux lares, et une belle collection de monnaies gauloises en argent très bien conservées, et de monnaies romaines et médailles du temps de Tra jan, Claude, Hadrien, Sabine, Antonin, Faustine, première femme d'Antonin, Marc-Aurèle, Faustine II, Commode, etc.
M. Barrier s'excuse des énumérations qu'il a dû consentir pour la clarté de son sujet, mais qui étaient indispensables pour démontrer l'existence et l'importance de la ville gallo-romaine des Closiers.
Après quelques moments de repos bien gagnés, il nous ramène à la ville celtique qui existait entre la rive gauche du Loing et la butte du Chàteau.
Ici, vraiment, nous regrettons d'être contraints à trop résumer. Toute sa conférence à ce sujet serait à citer.
Pour M. Barrier, cette ville celtique est la Vellaunodonum des Commentaires, et pour le prouver, il discute l'itinéraire suivi par César dans sa marche de Sens (Agendicum) à Bourges (Avaricum). Cet itinéraire, sur lequel on a tant écrit, ne peut-être que Sens, Courtenay, Montargis, Gien, Sancerre et Bourges.
Vellaunodunum n'est ni Château-Landon, ni Beaune-la-Rolande, ni Sceaux; on pourrait discuter Triguères, mais, dit M. Barrier, c'est sûrement Montargis. Pour confirmer sa thèse, le conférencier donne l'opinion de M. Le Roy père.
Ses conclusions sont les suivantes : Une ville celtique, l'ancienne Vellaunodunum des Commentaires a existé entre la rive du Loing et la butte du Château, sur laquelle se trouvait un oppidum celtique qui la protégeait.
Cette ville a été détruite par Jules César, l'an 52 avant notre ère, lors du soulèvement général de la Gaule contre les Romains, et dans la marche de ce général contre Sancerre et Bourges. Elle a été remplacée par la ville gallo-romaine des Closiers, sur la rive droite du Loing.
La ville des Closiers elle-même a été détruite soit par les vainqueurs, à la suite d'une révolte vers le milieu du 4è siècle, soit par les Barbares en 401, soit par Attila en 450, dans sa marche de Troyes sur Orléans.
Puis, à partir de Clovis, une autre ville s'est reconstituée et s'est développée sur l'emplacement des deux premières ; on n'a sur cette ville aux époques mérovingienne et carlovingienne que peu de renseignements, mais cette viIle, c'est notre Montargis-le-Franc.
M. Barrier en a terminé. A aucun moment, il n'a cessé d'intéresser prodigieusement ses auditeurs qui le remercient par de vifs applaudissements et viennent en groupe le féliciter.
La prochaine conférence aura lieu le 8 janvier. Elle sera faite par M. Bonpain, membre de la Société et membre correspondant de la Société archéologique de l'Orléanais, sur les armoiries de la ville et celles de Courtenay et de Bellegarde.


20è Séance. - 21 Décembre 1922

Jeudi 21 décembre, à 17 heures, la Société a tenu sa séance ordinaire en la salle de la Bibliothèque municipale, sous la présidence du doyen du bureau. Séance peu nombreuse. S'étaient excusés : MM. J. Ouachée, président : J. Pouillot et abbé Lane, vice-président ; R. Gourdin, de Sartiges, Moussoir.
De vifs remerciements sont adressés aux organisateurs du déjeuner amical, MM. Bonpain et Moussoir, ainsi qu'à Barrier, qui a inauguré d'une manière toute magistrale la série de Conférences mensuelles que les membres de la Société donneront au cours de l'hiver.
M. Moussoir a fait remettre provisoirement en état la sépulture du poète montargois Alexandre Levain, dont la Société a obtenu récemment du Conseil municipal la concession perpétuelle et gratuite. Des mesures seront prises ultérieurement en vue d'élever un monument durable. A. Levain a appartenu pendant quelques années à l'administration du gaz, toujours bienveillante envers son personnel.
Le secrétaire donne lecture d'une longue lettre en réponse à une demande de renseignements, qui a été transmise à la Société en vue d'écrire une monographie sur Girodet-Trison. On sait que le centenaire de la mort de notre illustre compatriote est proche ; la Société d'Emulation se préoccupera certainement de célébrer cette date mémorable, 9 décembre 1924.
M. Le Le Roy donne lecture d'une description, par M. Anatole France (Vie de Jeanne d'Arc) du petit tableau votif représentant Jeanne d'Arc, qui se trouve au musée de Versailles. Dès les premières séances de notre Société, on se rappelle que notre attention avait été vivement attirée du fait que M. Parmentier, dans son « Album historique », affirmait que cet ex-voto était une offrande faite « par la Ville de Montargis en 1431 ».
D'autre part, les renseignements obtenus à Versailles par notre collègue M. F. Gibert, il résulte due M. Samaran a traité ce sujet dans la « Bibliothèque de l'Ecole des Chartes » (année 1920 p. 61-75), sous le titre la « Fausse Jeanne d'Arc du Musée de Versailles ». Or, M. Anatole France, qui a fait un examen approfondi de ce tableau, en compagnie de son ami, M. de Nolhac, arrive à des conclusions très différentes de celles de M. Samaran. Ce tableau, d'après M. A. France, concerne Jeanne d'Arc, l'inscription est très lisible, la peinture est du XVe siècle. Si nous ajoutons que M. Wallon a cru devoir en donner une reproduction en couleur dans son ouvrage consacré à « Jeanne d'Arc ». Si nous aimons à rappeler l'aide glorieuse que les milices Montargoises et l'artillerie renommée de Montargis donnèrent à Jeanne d'Arc en 1429 lors de la délivrance d'Orléans. Si nous rappelons les trois passages de Jeanne d'Arc à Montargis et son séjour même dans la demeure de Pothon du Xaintrailles, au pied du chàteau de Montargis. On voudra bien penser que nous ne pouvons rester indifférents à cette question du précieux ex-voto offert par le Montargois en 1431. Nous ne devons pas nous arrêter aux affirmations de M. Samaran. Plus que jamais, la Société d'Émulation doit reprendre l’étude approfondie de cette intéressante question. Nous souhaitons même que cette mémorable relique fasse un jour une entrée solennelle dans l'enceinte de nos vieilles murailles, qui, elles aussi, dès 1427, résistèrent glorieusement aux ennemis de la France.
M. Barrier donne ensuite communication d'une étymologie celtique du mot « Montargis ». Cette question sera reprise à la prochaine réunion. La séance est levée à 19 heures.
En raison des fêtes, par exception, la Société se réunira le jeudi 11 janvier, à 17 heures.
La Société d'Emulation a fixé au vendredi 12 Janvier, sa troisième conférence, qui aura lieu dans la grande salle Paul-Bert, au premier étage, à 20 h. 1/4 très précises.
M. Bonpain, héraldiste, et secrétaire-adjoint de la Société d'Émulation, traitera le sujet suivant: L'Art héraldique (et les armoiries de Montargis, des Seigneurs de Courtenay et de Choisy-aux-Loges ( Bellegarde).
Aucune invitation spéciale ne sera exigée.


21è Séance. - 11 Janvier 1923

Jendi 11 janvier, à 17 heures, la Société a tenu sa séance ordinaire en la salle de la Bibliothèque municipale, sous la présidence de M. Ouachée. Etaient présents MM. l'abbé Lane, G. Barrier, D. Bonpain, Voisin; R. Gourdin, Ch. Nouguier, Pétré et Le Roy. S'étaient excusés: M. J. Pouillot. M. le Président donne communication des très aimables compliments reçus de MM. l'abbé Chenesseau, F. Gibert et C. Gaillard. Sont admis comme membres de la Société : M. Coffre, architecte, présenté par MM. Bonpain et Barrier ; M. le comte Elfège Frémy, château de Bennes, à Montbouy, présenté par MM. Nouguier et de Sartiges ; M D. Blanche, maire à Saint-Maurice-sur-Fessard : présenté par MM. Le Roy et Barrier.
Au nom de la commission de numismatique, composée de MM. Pouillot, Bonpain, Pétré et Barrier. M. Barrier, rapporteur, dépose un rapport sur la collection de monnaies anciennes dont M. Baudin, maire, destine au musée les pièces les plus intéressantes. Copie de ce rapport sera remise au généreux donateur par M. le Président.
L'assemblée générale de la Société est fixée au jeudi 15 février, conformément aux statuts.
M. Ch. Nouguier donne ensuite lecture d'un curieux manuscrit, datant sans doute du milieu du XVIIè siècle, découvert par M. Stein, de la Société archéologique du Gâtinais. C'est une description fort intéressante du château de Montargis. Il est fait mention de la fameuse Tour dite de Montargis. (On sait que cette tour, élevée du temps de l'occupation des Anglais par leur gouverneur Surienne, et qui dominait l'ancien faubourg de Paris, a donné à ce même faubourg, par la suite, le nom de faubourg de la Syrène). L'énorme donjon de forme ronde, détruit en 1697, sur l'ordre de Louis XIV, est également mentionné, ainsi que la très ancienne église paroissiale (1170), sous le vocable de Sainte-Marie et sa crypte de Saint-Guignefort, pélerinage des fiévreux. (Ce n'était déjà plus d'après le manuscrit, qu'un dépôt de bois). Le prieuré de Sainte-Geneviève, que nous connaissons sous le nom de Sainte-Marie-Madeleine aujourd'hui, était déjà devenu, depuis une époque indéterminée, la paroisse unique de Montargis. La description de la grande salle du château offre de l'intérét quant à la description des peintures, armoiries très nombreuses, cheminées et du tableau fameux représentant le duel judiciaire du chien fidèle, Verbaux, contre Macaire, l'assassin du gentilhomme Aubry de Montcresson, comme le rapporte, dés 1581, Miche Montaigne, l'auteur des Essais.
M. Le Roy, à propos du tricentenaire de la mort de St-Francois de Sales (28 décembre 1662), rappelle le passage du saint-évèque de Genève de Montargis et son influence au sujet de la fondation de l'ancien collège des Barnabites. Francois de Sales était en relation d'amitié fort étroite avec Des Hayes, gouverneur de la ville et chàteau de Montargis, dont le fils, le sieur de Cormenin, avait fait de brillantes études en Savoie, au collège des Barnabites d'Annecy. (Voir Dom Morin. p. 38 et suiv.) Or, il résulte de la biographie de Saint-François de Sales (Ménard et Desenne. T. XXIX. p. 129) qu'il fit partie de l'ambassade du cardinal de Savoie, venu à Paris pour conclure le mariage de Christine de France, fille de Henri IV, avec le prince de Piémont. Par ailleurs, on trouve sur les registres de l'échevinage de Montargis (archives de la Ville, B. B. 7. f° 84), la relation de l'assemblée du 8 octobre 1618, oû l'on annonce l'arrivée prochaine en la ville de « Mgr. le cardinal de Savoie, auquel on rendra tous les honneurs qu'on pourra ». Et au f° 89 du même registre mention est faite de l'assemblée du 3 février 1619, dans laquelle les maires et échevins annoncent qu'on les a avertis du prochain passage à Montargis de « Monsieur le Prince de Piémont s'acheminant vers Paris pour accomplir le mariage d'avec luy et madame de France ».
M. Barrier, au sujet de l'étymologie du mot Montargis, communique cette inattendue opinion, émise par l'Académie celtique (Revue Celtique T. VIII. p. 123), que Montargis voudrait dire mont du Chien (A coup sûr, ce n'est pas celui du combat de 1371, sous Charles V.) L'Académie celtique décompose ainsi Montargis : mont (colline), ar (du) et ki (chien) mais il reste pour satisfaire à cette opinion à retrouver dans nos plus reculés souvenirs locaux un autre chien que notre fidèle Verbaux. Mais voici qui complique bien cette discussion. M. Le Roy qui, prévenu de cette communication, a tiré de sa bibliothèque l'un des trois imposants in-folios du dictionnaire celtique (1757) de l'illustre celtisant Bullet, doyen de l'université de Besançon, on lit à la page 106 du 1er volume: Montargis, de Mont (montagne), ar (près), Gwig ou Gwis (bois). Montargis : montagne prés d'un bois. La question va être soumise à un troisième savant de Rennes, très versé également dans ces très ardues recherches. M. Le Roy pense que cette discussion est loin d'avoir une solution définitive. Montargis, dit-il, est loin d'être un mot ayant une originalité propre, comme on peut le croire dès l'abord. C'est là un mot qui, sous diverses déformations, se trouve à toutes les pages du dictionnaire des communes ou des noms de lieux. Au Xè siècle, on trouve souvent la forme latine : Ardi villa.
C'est ainsi qu'un mot qui a subi plusieurs déformations est celui d'Aufferville, qui a fait Auffardi-villa, Auffargis, puis Aufferville.
La séance est levée à 19 heures. Prochaine réunion jeudi 25 janvier, à 17 h.


22è Séance - 25 Janvier 1923

Jeudi 25 janvier 1923, à 17 heures, la Société a tenu sa séance ordinaire, en la salle de la Bibliothèque municipale, sous la présidence de M. J. Ouachée ; étaient présents : MM. Pouillot, Barrier, Bonpain, S. Saligot, R. Gourdin, Pétré, Ch. Nouguier et H. Le Roy. S'étaient excusés, MM. le chanoine Corcuff et H. Saligot.
Il est décidé que l’rdre du jour de l'assemblée générale du 15 février sera examiné au début de la prochaine réunion, ainsi que le texte d'une modification aux statuts.
On se préoccupe ensuite d'assurer la régularité des conférences à organiser au cours de la saison, sous les auspices de la Société. Il convient, en effet, de répondre de notre mieux, à l'excellent accueil fait par le public aux deux premières conférences données avec tant de succès par nos savants collègues, MM. G. Barrier et D. Bonpain.
M. Bonpain fait connaitre que: par arrèté ministériel du 16 janvier 1923, 1a porte de l'ancienne église de Cortrat a été classée parmi les monuments historiques. Des compliments sont adressés à M. le docteur Clergeau qui a pris l'initiative des démarches auxquelles la Société s'est associée.
M. Fernand Pétré décrit une piécette, trouvée en 1895, sur l'emplacement du couvent Saint-Dominique-lez-Montargis, que lui a remise M. G. Barrier. II résulte de son examen, malgré que la légende en soit très vétuste, qu'il s'agit d'un jeton de présence d'église, qui furent en usage aux XVè et XVIè siècles. Ces jetons étaient employés comme rétribution du service ordinaire, aux anniversaires, etc. II s'agit d'un jeton en cuivre du module d'une pièce de 0.50 actuelle. Ce qui en fait l'intérêt au point de vue de notre histoire locale est qu'elle porte un M surmonté d'une couronne ouverte sur champ d'azur à 3 fleurs de lys, qui sont les armes de Montargis. Cette piécette est du commencement du XVIè siècle. Il faudrait posséder deux ou trois exemplaires de ce mème jeton pour arriver à rétablir le texte de la légende dont quelques lettres seulement subsistent. En lui adressant des compliments, M. le Président prie M. Pétré de vouloir bien examiner un jeton de Renée de France qui se trouve au musée.
MM. Pouillot et H. Saligot, qui ont pris connaissance, in-extenso, du discours de réception de M. de Nolhac à l'Académie Française, ont lu que dans l'éloge de son prédécesseur, Ensile Boutroux, il était fait allusion au poète montargois Boutroux oncle du célèbre philosophe. Ces messieurs ont prié le secrétaire de mettre cette question à l'ordre du jour de la séance.
M. H. Le Roy dit que, comme sans doute beaucoup de ses compatriotes, il possède quelques exemplaires des innonbrables productions de Louis-Atnable Boutroux. Au catalogue de la Bibliothèque municipale on ne compte pas moins de 45 numéros à son nom.
M. Le Roy donne lecture de quelques passages de l'Elan d'un Coeur français, hommage poétique de Boutroux, lors du passage de la duchesse d'Angoulème à Montargis en 1818. C'est un bel exemple du style boursouflé de l'époque. II cite encore La Mort de Charles Ier, ou Les Régicides anglais (1820), tragédie en 5 actes. A côté de plaquettes, on compte quelques ouvrages en deux et menue cinq volumes. Une bluette en un acte : Nos adieux au public, en collaboration avec E. Souesme et A. T. Brulon, est mieux venue ; des couplets intercalés, peut-étre dus à L. A. Boutroux, ont quelque valeur, c'est une description des plaisirs des fêtes de la Magdeleine (en 1818).

Oui Montargis
Est un petit Paris,
Comme dans ce pays
On trouve réunis
Les Ris !
Chaque jour vient offrir
Nouveau plaisir,
Et le temps fuit sur l'aile du zéphir.

Boutroux a été poète abondant et médiocre. II appartenait à une famille royaliste et s'est appliqué à déblatérer contre M. Bonaparte sans beaucoup entamer sa gloire,
Le 8 mars 1847, M. F. A. Dumeis, peintre d'histoire, 38 ans, et M. A. A. Béranger officier supérieur d'artillerie, officier de la Légion d'Honneur, 63 ans, vinrent déclarer au maire, M. Guignebert, le décès de Louis-Atnable Boutroux, âgé de 70 ans, propriétaire, célibataire, demeurant rue du Faubourg- Dieu (sans doute du Four-Dieu, n° 13).
Il était né à Montargis, le 3 juin 1776, du légitime mariage de Joseph-Amable Boutroux, bourgeois de cette ville, et de Marie-Louise Hérissé. Le parrain a été M. Louis Béranger, marchand orfèvre, la marraine, Mlle Thérèse-Edmée Boutroux,
Au cours de ses recherches à l'état civil, M. Le Roy a trouvé l'acte d'inhumation du père de Girodet, qui offre de l'intérèt pour la biographie de notre illustre compatriote. Le voici :
« Le 18 mars 1874, a été inhumé au cimetière par moy, prieur-curé soussigné, Me Antoine Girodet, directeur des domaines de l'Apanage de Mgr le duc d'Orléans, époux de dame Anne-Angélique Cornier, décédé de la veille, âgé de 64 ans ; ont été présents : MM. Antoine-Etienne Girodet du Verger, gendarme du Roy son fils, Antoine-Gabriel Cornier, son beau-frère, contrôleur des guerres ; Cault, contrôleur des actes ; Roux, procureur du Roy, des Ormeaux des domaines de Mgr le duc d'Orléans ; Pillé de la Bruyère, gendarme du Roy et plusieurs autres parents et amis soussignés.
« Signé : Cornier du Colombier, Girodet fils, Pillé de la Bruyère, Roulx, des Ormeaux, Cault, Alexandre, Voillerault».
La séance est levée à 18 h. 30. Prochaine réunion le jeudi 1er février, à 17 heures.


23è Séance. - 1er Février 1923

Jeudi 1er février, la Société a tenu séance ordinaire en la salle de la Bibliothèque municipale, sous la présidence de M. J. Ouachée.
Etaient présents MM. J. Pouillot, l'abbé Lane, G. Barrier, D. Bonpain, R. Gourdin, F. Pétré et H. Le Roy. Etaient excusés MM. P. Moussoir, 1e chanoine Corcuff, Ch. Nouguier et D. Blanche.
Après avoir préparé l'ordre du jour de l'Assemblée générale du 15 février, M. G. Barrier fait une communication relative aux Closiers. M. le chanoine Corcuff a attiré l'attention de M. Barrier, particulièrement compétent en la matière sur la découverte d'un tombeau gallo-romain, qu'un habitant de Châlette, M. Ganivet, venait de faire, dans un terrain qu'il possède aux Closiers.
La fosse est orientée de l'est à l'ouest, elle avait environ 2 mètres de longueur et 1 m. 40 de largeur ; elle était entourée de petites murettes eu moellons, dont il ne restait que des débris. A 0 m. 80 de profondeur, c'est-à-dire à l'origine du sous-sol sableux, on trouve, au fond de la fosse, une couche de cendres d'environ 0 m. 10 d'épaisseur. Sur cette couche de cendres, on aurait retrouvé quelques ossements disposés de l'est à l'ouest, ce que nous n'avons pu coustater par nous-mème. Vers le milieu de la fosse se trouvait enfoui un vase en poterie noire grossière et à parois minces ; ce vase a été brisé. Aux quatre extrémités ; il y avait quatre colonnettes dont on a retrouvé les fûts. Ces fûts étaient simplement constitués par une base formée de plusieurs carreaux en poterie de 0 m. 19 de côté et de 0 m. 025 d'épaisseur superposés et maçonnés , au-dessus on a retrouvé une assise de 0 m. 30 formant colonnette et composée de briques rondes de 0 m. 04 d'épaisseur superposées et maçonnées. Ces briques ont un diamètre de 1 m. 19. Chacune de ces colonnes était encore composée de 5 ou 6 de ces briques ; il est évident qu'elles avaient été déracinées par les labours à environ 0 m. 40 de la surface du sol. Un carreau strié d'arabesques, malheureusement brisé, ne permit pas à M. Barrier de reconnaitre les traces d'une inscription, comme l'a cru tout d'abord M. le chanoine Corcuff. M. et Mme Ganivet se sont fait un plaisir d'offrir quelques parties de cette trouvaille au Musée de Montargis, ce dont la Société d'Emulation les remercie bien vivement.
M. Barrier rappelle que tout ce climat a donné lieu à de nombreuses trouvailles d'origine gallo-romaine. Un tombeau semblabe a été découvert près du tumulus de Saint-Firmin, aux environs de Gien.
M. le Président adresse à M. Barrier ses félicitations pour le soin et la précision de ses constatations.
La légende de la « Noyade des Anglais», épisode dramatique de la levée du siège de Montargis, en 1427, compte beaucoup d'incrédules parmi les historiens des Sociétés Savantes Orléanaises. A Montargis même, feu M. le professeur Cornet, auteur d'une intéressante relation du siège, se range aussi à l'opinion orléanaise. Or, voici une nouvelle version de cet évènement historique, qui n'est assurément entachée d'aucune gloriole locale. C'est un intéressant passage de « l'Histoire de l'Auxerrois » (1878) par M. A. Challe, érudit, membre de la « Société des Sciences historiques de l'Yonne ». A la page 375, il écrit : « Après avoir perdu Mailly-la-Ville, en 1427, Thibault de Termes rejoignit Dunois, le Bâtard d'Orléans, dont il était un des capitaines les plus entreprenants, et qui cherchait les moyens de faire lever le siège de Montargis qu'avaient entrepris les Anglais. Comme il avait depuis plusieurs mois, dans ses incursions, parcouru toutes les localités de la Puisaie, il put faire connaître à Dunois, qu'en coupant à la fois toutes les chaussées des nombreux étangs que recelait alors ce pays, depuis les sources du loing et de l'Ouanne, on pouvait inonder la vallée qui, sous les murs de Montargis, séparait en deux parties le camp des Anglais, et attaquer alors avec grandes chances de succès les troupes qui occupaient la rive gauche et qui ne pourraient ètre secourues par celles de la rive droite. Cette manœuvre fut exécutée avec intelligence et vigueur, et, le 5 septembre 1427, le pont fragile, qui séparait les deux corps, était emporte par les eaux, l'armée de gauche fut écrasée par les Français de Dunois, et celle de droite leva le siège en toute hâte ».
« C'est, d'ailleurs, une tradition qui, de tout temps s'est répétée dans la Puisaie et que l'on y trouve encore aujourd'hui. La légende s'y joint même dans les récits qui accusent évidemment un fait historique. Ainsi, si vous visitez la source du Loing, on vous montrera une grosse pierre qui, dit-on, retient un fleuve qui est dessous. Et l'on vous dira que si vous leviez cette pierre, vous noyeriez toute la ville de Montargis ».
D'après donc, cette version extérieure, le fait de la noyade légendaire est vraie historiquement, mais il est à la gloire de l'armée de secours conduite par Dunois et non des assiégés montargois.
La séance est levée à 19 heures. La prochaine réunion aura lieu le 15 février à 17 heures.


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