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La fondation du couvent des Bénédictines de Châtillon-sur-Loing

par Jean-Marie Voignier

Cet article est extrait du livre "Les Bénédictines de Châtillon-sur-Loing" (1998)

Catherine de Bar, 
Mère Mectilde du Saint Sacrement


Le fait majeur de l'histoire de Châtillon-sur-Loing - aujourd'hui Châtillon-Coligny -au XVIIème siècle est certainement le passage de cette seigneurie de la domination des Coligny à celle des Montmorency-Luxembourg.

Originaires de la Bresse, les Coligny étaient entrés à Châtillon deux siècles plus tôt grâce au mariage de Guillaume Il de Coligny avec Catherine Lourdin de Saligny en 1437. Ils y resteront jusqu'au règlement de la succession du jeune Gaspard V, décédé en 1657.

Ce règne a été marqué profondément par les guerres civiles occasionnées par la Réforme à laquelle adhéraient les Coligny, qui ont placé Châtillon au premier rang de la bataille.

D'une durée sensiblement équivalente, l'époque des Montmorency-Luxembourg, qui se termine en 1861 avec la mort du dernier duc, Charles Emmanuel Sigismond, offre un grand contraste avec la précédente. Non seulement une relative paix civile était rétablie dans le royaume, mais le catholicisme était revenu en force à Châtillon où auparavant tout ce qui comptait était protestant: ce sont deux mondes qui s'y succèdent, se référant tous deux à l'Évangile, mais qui s'étaient honteusement déchirés.

L'artisan de cette mutation a été une femme d'une personnalité peu ordinaire, Isabelle Angélique de Montmorency.

Particulièrement belle et spirituelle, et frivole si l'on en croit les ragots des contemporains, elle avait su séduire le jeune Gaspard IV de Coligny, le fils du Maréchal de Châtillon, Gaspard III, et d'Anne de Polignac. Ceux-ci s'opposant au mariage, la belle se laisse alors enlever et épouser promptement à Château-Thierry. Le maréchal, furieux, déshérite son fils au profit des enfants à naître du nouveau couple, ou, à défaut, de ses deux autres filles, Henriette et Anne ; malgré le scandale provoqué par les circonstances de ce mariage, ce qui causait la colère du Maréchal était bien que le choix de son fils se soit porté sur Isabelle, la catholique.

Mais à cette époque, les chefs participaient eux-mêmes aux batailles, et la mariée sera bientôt veuve à la suite du combat du Pont de Charenton de février 1649. Gaspard V qui naîtra quelques mois plus tard ne vivra que quelques années.

Le remariage d'Isabelle avec le duc de Mecklembourg ne constituera qu'un épisode d'opérette, sans conséquence en ce qui concerne Châtillon. Elle saura habilement, et à coups répétés d'écus bien sonnants, se rendre maîtresse de la terre de Châtillon, le plus beau morceau de l'héritage des Coligny ; sans héritier direct, elle l'abandonnera par la suite à son neveu Paul Sigismond de Montmorency-Luxembourg, le fils du Tapissier de Notre Dame.

C'est au cours du règne de quelques dizaines d'années de cette femme intrépide qu'a été fondé un couvent de Bénédictines à Châtillon. A cette fin, Isabelle fera appel à Catherine de Bar, en religion Mère Mectilde du Saint Sacrement, qui venait de fonder à Paris les Bénédictines de l'Adoration Perpétuelle du Très Saint Sacrement de l'Autel.

Née en 1614 à Saint-Dié, Catherine de Bar avait d'abord été professe chez les Annonciades de Bruyères en 1631. Mais son couvent est détruit en 1635 par la guerre de Trente Ans. Elle devient bénédictine à Rambervillers en 1640. La guerre reprenant, elle fuit la Lorraine ; on la voit à Saint Mihiel, à l'abbaye de Montmartre, à Caen, à Saint-Maur-des-Fossés, à nouveau à Caen où elle est appelée pour être prieure du Bon Secours, prieure encore à Rambervillers qu'elle doit fuir à nouveau en 1651 devant Français et Suédois qui rivalisent de sauvagerie dans le saccage des domaines du duc de Lorraine. Elle s'installe alors provisoirement à Paris, rue du Bac, avec quelques moniales réfugiées comme elle ; puis avec l'aide de quelques dames pieuses, en particulier de Marie de la Guesle comtesse de Châteauvieux, elle installe un premier couvent rue Férou, à deux pas de Saint-Sulpice, où commence l'adoration perpétuelle en 1654.

Cette fondation avait reçu l'appui d'Anne d'Autriche qui s'y était engagée pour remercier le Ciel d'avoir donné aux troupes du roi la victoire sur la Fronde ; pour Mère Mectilde il s'agissait surtout de réparer les innombrables profanations qu'elle avait vu se commettre.

En 1659 elle transfère sa communauté rue Cassette, dans le même quartier, dans une maison qu'elle y fait édifier. C'est dans ce quartier de Saint-Sulpice, à l'ombre de l'abbaye de Saint Germain des Prés, qu'elle est entrée en contact avec Isabelle Angélique ; de leur rencontre allait naître le couvent de Châtillon. 

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