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Histoire d'il y a belle lurette...

Montcorbon

par Liliane Violas
(pour contacter l'auteur, cliquez ici)
Cet article est extrait de l'
Eclaireur du Gâtinais n° 2781 du 18 févirer 1999

la rue principale

images de Montcorbon


Montcorbon au Moyen Age

L'histoire de Montcorbon s'enchevêtre à celles de Douchy et Triguères, déjà évoquées au cours des précédentes semaines. Mais on ne peut évoquer le passé de ce charmant village sans faire allusion aux événements survenus dans la région de Courtenay, commune limitrophe de Montcorbon et à l'influence de l'abbaye des Echarlis, à Villefranche-Saint-Phal.

Grâce aux études menées par l'historien Paul Gache, on peut suivre l'évolution de Montcorbon à partir du Moyen Age.

L'église de Montcorbon

En 1116, la paroisse de Montcorbon était desservie par le prieuré de Douchy, lui-même tenu par les moines de Molesme (voir notre édition du 6 janvier).

Il s'agissait de la deuxième église bâtie sur le site Le patron en était Saint-Eloi. Le fief de Montcorbon relevait alors du Seigneur de Triguères, Renaud de Guilain. Le premier curé de Montcorbon ne fut nommé qu'en 1212. Il s'agissait du prêtre Robert qui, par sa présence mit fin au service paroissial assuré par les moines de Douchy. L'abbaye des Echarlis voisine exerça alors son emprise sur Montcorbon.

Ce monastère cistercien fut fondé vers 1120. Tout comme l'abbaye de Ferrières et celle de Fontainejean, à Saint-Maurice-sur-Aveyron, et il rayonna sur la région jusqu'à la guerre de Cent ans. En 1214, l'abbaye des Echarlis fut dotée des deux tiers de la dîme de Montcorbon par Landry, seigneur de Courfraud. Un chemin direct fut tracé, des Echarlis à la fontaine du village.

Dès le début du XIIIe siècle, l'église de Montcorbon bénéficia d'importants revenus. En 1273, le curé était Girard de Montcorbon, dernier descendant des seigneurs locaux. Il devint en 1280 doyen du Sénonais. Le roi Philippe V le Long attribua en 1318 des terres situées sur Montcorbon aux Dominicaines de Montargis. Celles-ci installèrent donc leur grange aux dîmes dans le bourg, face à l'église.

Trente ans plus tard, Jean de Girolles fonda une chapelle funéraire pour les seigneurs de la Motte de Montcorbon. Celle-ci fut placée sous le patronage de Saint-Saturnin. La fontaine de Montcorbon devint alors fontaine Saint-Saturnin. Après la guerre de Cent ans, la chapelle était tout ce qui restait de l'église. Elle fut reconstruite au XVIe siècle et prit le nom de Saint-Saturnin.

Le fief de La Motte

Il est fait mention de la motte de Montcorbon dans les documents anciens depuis 1112.

Aux alentours du XlIe siècle, le château, qui n'était alors qu'une motte de terre et de bois devint un fort rectangulaire à quatre tours. L'entrée du château, située au nord, donnait sur le chemin des Echarlis à Courtenay.

Les seigneurs de Montcorbon étaient Geoffroy, Guillaume et Izembard de Montcorbon. Le dernier d'entre eux fut Jean de Montcorbon en 1268. Apres eux vinrent les Garreau, dont une fille épousa Jean de Girolles, lequel édifia la chapelle Saint-Satumin. Le fils de Jean de GiroIIes, prénommé également Jean, fonda le château du Verger à Chuelles ; il était chevalier et n'avait pas moins de dix-sept écuyers à son service ! Il possédait également la maison de la Mardelle et mourut durant l'hiver 1403-1404.

Le fief de Lépinoy

En 1310, ce fief appartenait à Mahaut d'Artois, châtelaine de Château-Renard. Alors qu'en 1349 Château-Renard passa dansle domaine royal, Lépinoy devint propriété de Philippe de Courtenay.

Sa fille Marguerite épousa Raoul le Bouteiller de Senlis qui, à son tour, devint seigneur de Lépinoy. Le fief passa ensuite à la famille de Thianges. Les deux derniers fiefs qu'il nous reste à évoquer sont celui e Fontenay, appelé encore Romery et enfin Molinon.

Romery était un petit fief devenu rapidement une dépendance de Lépinoy. Cependant, au siècle dernier, on pouvait encore voir deux séries de douves rappelant le château d'autrefois. Celui-ci cessa d'exister dans le courant du XIlle siècle, une grande partie du fief avait été donnée à l'abbaye des Echarlis.

Quant à Molinon, les textes de la première moitié du XlVe siècle en parlent comme le fief de "Feu Jean d'Auton" qui vivait vers la fin du XIlle. Cette petite seigneurie devint le bien des Corquilleroy, seigneurs de Chêne-Arnoult. Jean Douart épousa Agnès de Courguilleroy et le fief de Molinon devint propriété des Douart durant cent cinquante ans. L'actuelle vallée de la Douarde est une réminiscence de cette ancienne seigneurie. Ces différents châteaux ne survécurent pas à la guerre de Cent ans : en 1358, Robert Knolles, brigand anglais, anéantit toute la région (voire notre édition du 6 janvier). L'abbaye des Echarlis fut démantelée comme celles de Fenières et de Fontainejean. Toute vie rurale fut anéantie. Utilisant la méthode de la terre brûlée, Knolles dévasta fermes et granges. Montcorbon fut parmi les villages les plus touchés.

Enfin, le premier septembre 1421, le roi d'Angleterre, Henri V de Lancastre et ses troupes dévastèrent Fontenouilles et Chêne Arnoult. Ses soldats traversèrent l'Ouanne. Ayant ruiné Douchy, elles détruisirent Montcorbon et Cudot dont les terres furent détruites à l'état des friches.

Toute vie était anéantie. Le rayonnement des abbayes disparut pour toujours. Bon nombre de hameaux, rayés de la carte, ne furent jamais reconstruits. C'est véritablement une autre époque qui commença après cette période de désastres.

En 1523, il ne subsistait du château de La Motte que la ferme. Quant à Lépinoy, son histoire se perd dans la nuit des temps. Curieusement son nom fut substitué par celui des "Vicomtières". Fait d'autant plus inexplicable qu'aucun des châtelains de Lépinoy ne fut vicomte ou même comte.

De ces fiefs sont parvenus jusqu'à nous le nom de certains hameaux et lieux-dits. Ils témoignent des seigneurs qui dominaient autrefois Montcorbon. Mais aucun de ces édifices n'a traversé les siècles : seule la tour du sud-ouest rappelle aujourd'hui le château de La Motte et ses seigneurs qui s'en allaient à cheval sur le chemin des Echarlis ...

Liliane Violas


Renseignements historiques extraits des recherches de M. Paul Gache et du livre de M. Maurice Houy "Neuf siècles de l'histoire des Courtenay".


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