A la découverte de nos églises dans la vallée de l'Ouanne La chapelle Sainte Anne de Douchy par Reine Deshayes |
Des temps anciens de la suprématie de Ferrières, des moines de Ferrières occupaient près de l'Eglise un petit prieuré.
Pendant l'âge féodal, vers 1100, des moines, venus de MOLESME, Abbaye bénédictine en Côte d'Or entre TONNERRE et CHÂTILLON-SUR-SEINE, reprennent en mains le prieuré de DOUCHY, ayant déjà fondé un premier prieuré à MONTIGNY (devenu Saint Sébastien à CHÂTEAU-RENARD) vers 1090.
De l'abbaye de MOLESMES, Robert de MOLESMES, quittant son abbaye avec quelques compagnons, fonda en 1098, l'abbaye de CITEAUX dans un lieu marécageux (Cistels d'où CITEAUX et les Cisterciens).
Ferrières, ne pouvant plus envoyer de religieux à Douchy, Molesme prit le relais, restaurant le bâtiment prieural et érigeant un cloître dans l'ancienne cour intérieure du prieuré attenant à l'Eglise.
Le Prieur et la Communauté, comme les moines de FERRIERES, desservent la paroisse comme curé avec MONTCORBON et CHUELLES.
En 1219, le recrutement des moines étant moindre, l'Archevêque de SENS installe le clergé séculier pour la paroisse de DOUCHY ; Pierre de CORBEIL, archevêque de Sens, primat des Gaules et de Germanie prescrit le partage des biens de l'Église et du Prieuré (église dédiée à St Martin, et le Prieuré à St Jean de DOUCHY avec sa chapelle). Cette situation apportera de réelles difficultés, d'où conflits entre les offices du prieuré et ceux de l'Église (d'où nombreuses sentences de l'Archevêque de Sens)[1]
Dès lors, curé et prieuré fonctionnent assez bien jusqu'à la guerre de cent ans. Ce prieuré St Jean avait alors un grand rayonnement sur Montcorbon et Chêne-Arnoult (Yonne actuellement).
Venons-en à la Chapelle Sainte Anne, aux origines peu connues. Le terrier de 1510 ne la mentionne pas, mais nous savons qu'elle existait avant 1652, appartenant en propre au Prieuré de DOUCHY, ayant pris le nom de la source Sainte Anne en bas du prieuré, captée par les Romains et dégagée nouvellement sur une terre du prieuré (prieur Anne FAFFE en 1605).
C'était sans doute un modeste oratoire, pour permettre aux Moines de MOLESMES de recevoir dîmes et cens[2] et prier pour leurs frères défunts. En avril 1652, les troupes royales poursuivant celles de CONDÉ et des frondeurs. Ces hommes (en majorité allemands) profanèrent la Chapelle Ste Anne qui dès lors resta à l'abandon, pendant au moins une génération.
Le Curé BLANCHARD, eut la permission de la « réconcilier », sous condition d'être visitée et jugée en état par le doyen de FERRIERES (réconciliation du 27 juillet 1679 et devenant la chapelle de Frileuse, alors hameau très important). Survint la révolution de 1789 ; plus de presbytère. Le curé RAGONNET, logeant un temps chez son neveu VASSORT, en 1834, à MONTCORBON. Un arrêté préfectoral du 26 février 1826 avait remis à la fabrique[3] de la paroisse, l'emplacement de l'ancien prieuré et de la Chapelle Sainte Anne en très mauvais état. Désaffectée, elle fut louée comme grange à un agriculteur.
En 1837, la commune souhaitait construire un presbytère à l'emplacement de l'ancienne chapelle. Chose faite, par le Comte de Neverlée, seigneur de la Brûlerie, qui en 1841 racheta à la fabrique les ruines de Sainte Anne. Sur ces ruines est édifié un nouveau presbytère du temps du curé RECULLEY (1843-1845). Le maire à l'époque fait planter des noyers dans l'allée menant au presbytère (cause d'un nouveau procès, cette fois entre la fabrique et la municipalité). A qui appartenaient donc les noyers ? et les noix ! Conflit qui durera jusqu'à l'époque anticléricale...
Voilà donc l'histoire de cette chapelle Sainte Anne au cours de plusieurs siècles.
Bibliographie : les hameaux et l'histoire de DOUCHY par Monsieur Paul CACHE
[1] Chartes de MOLESMES concernant le prieuré de DOUCHY par Mr l'abbé J. VERDIER
[2] Historiquement, redevance due par des tenanciers au seigneur du fief.
[3] Dans la France au moyen âge, ancien régime, groupe de clercs ou de laïcs administrant les biens de l'Eglise.
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