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A la découverte de nos églises dans la vallée de l'Ouanne

L'église de Saint-Firmin-des-Bois

par Reine Deshayes
Cet article est extrait du Bulletin d'informations paroissiales du groupement de la vallée de l'Ouanne, mars 2002

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Si vous empruntez la jolie route de CHUELLES à ST-GERMAIN-DES-PRES ou MONTARGIS, vous découvrirez dans un vallon la belle église de SAINT-FIRMIN-DES-BOIS.
Pourquoi SAINT FIRMIN DES BOIS?
Nous allons découvrir cette origine.
La Paroisse remonte au VIIème siècle sous le patronage de l’Evêque martyr Saint Firmin, diffusé à l’époque par l'Abbaye de Ferrières. Le site était Initialement boisé en continu et ne s’est degagé que progressivement, ainsi :

- Sanctus Ferminus in Bosco au XlIème siècle (dans le bois)
- Sanctus Ferminus ad Boscum en 1297 (près du bois)
- Saint Fimin au Boys en 1465
- Saint Firmin des Bois à la fin du XVIIème siècle.

Du premier édifice, il ne reste rien, sauf son emplacement actuel, mais il demeure un élément voisin "La Fontaine", anciennement païenne, qui ayant pris le nom de St Firmin a attiré de grands pèlerinages très suivis à certaines époques, et ce jusqu'encore dans la première moitié du XIXème siècle.

La Fontaine et l'Eglise sont très liées. Pour édifier une vaste église, les architectes ont dû en tenir compte. Orientée à l'est sur le site dominant la Fontaine, plus aisée à dénuder de sa végétation, est laissé un grand espace entre la Fontaine et l'Eglise, pour les pèlerins et leurs animaux (bénédictions ou offrandes).

A la veille de la Peste Noire de 1349, le revenu de l'Eglise se monte à 110 livres, revenu très supérieur à celui des églises de la Selle-en-Hermois (45 l), Triguères (50 l), Gy (50 I), Amilly (62 l), St Germain (40 I), ce qui démontre qu’au XIIlème siècle et début XIVème siècle, le pèlerinage à la fontaine apportait des compléments aux recettes paroissiales.

Au Moyen-Age, l'Eglise n'était pas aussi vaste (allongement du chœur au XVIIème siècle, déplacement du clocher, et au XIXème siècle, reconstruction plus vaste du porche).

Néanmoins, c'était une église avec un petit chœur à chevet semi-circulaire, à l'intérieur duquel étaient suspendues les reliques, suivi d'une nef relativement large pour l'époque, de plan pratiquement analogue à l'actuelle, le clocher se situant sur le chœur étroit (indications succinctes du curé Guillaume MOlREAU, de 1597 à 1632), état antérieur aux travaux de la génération suivante.

Rien n'indique comment était le portail, comment l'édifice est voûte au couvert, ni l'architecture des fenêtres (étroites et romanes?). Par contre il est connu que le cimetière entourait presque totalement l’église.

Cette église médiévale (reconstituée d'après des éléments et embryons d'informations tardives) va subir des avatars et destructions, à commencer par la Guerre de Cent ans, conduisant à de singulières modifications de l'église jusqu’à nos jours.

il ne semble pas que Robin Canolle (Toussaint 1358), passé au Nord-Ouest, et le conflit

(1421-1436) aient porté un grand désastre à l'église. C'est plutôt l'après-guerre qui va mettre en difficulté St Firmin des Bois (plus d'habitants, de pèlerinages, paroisse vacante).

En 1490, l'église a enfin un résident mort très pauvre, l'Eglise est endommagée (quasi abandon, méfaits indirects des conflits).

L'archevêque de Sens, Tristan de Salazar, nomme à la Cure de St Firmin-des-Bois un membre de sa parenté, Charles de BENES, son neveu. Tristan de Salazar. lorsqu'il avait une église à reconstruire ou à embellir, y nommait un de ses parents, pour surveiller les artistes travaillant à son hôtel de Sens à Paris, qu’il détachait dans le village en question.

Charles de BENES fit appareiller de neuf la nef de l'Eglise restée intacte 350 ans, ainsi que les décors du nouveau portail (parure...) la plus caractéristique de l'église.

"L'arc surbaissé, quasi rectiligne au sommet et arrondi aux angles, caractérise la porte d'entrée, avec des nervures aux arêtes vives descendant jusqu'à la base de la porte. Au-dessus des nervures se dessine une accolade, cantonnée de pinacles et sommée d'un fleuron, ici en fleur de lys. Un arc à contre-courbe décoré de crochets sous-tend les nervures sous le fleuron et les pinacles reposent sur un cul de lampe représentant un ange à genoux, les ailes ouvertes et tenant devant lui un écusson sans armoiries".

Nous étions alors sous Louis XII (1498-1515), en pleine période de succès populaire de la vénération de St Firmin.

Vers 1524-1530, le pèlerinage atteint son sommet. Il parait probable que les murs intérieurs aient été recouverts de fresques, puis badigeonnés au XVIIème comme dans les églises voisines.

Les guerres de religion causent grand dommage à l'édifice (incendiaires et lansquenets allemands) en avril 1576.

Le feu mis dans le sanctuaire provoqua la chute du clocher sur le vieux chœur médiéval, et de grands dommages ; les travaux de reconstruction furent entrepris dès 1580. La réédification de l'église (comme on la voit toujours) vaste chœur, un peu plus étroit et moins élevé que la nef, s'échelonna sur plusieurs générations (1605-1620). Arc haut placé soulignant la séparation du nouveau chœur avec la nef, fenêtres au centre fortement surbaissé, porche en bois placé en avant du portail, pas de mention du nouveau clocher (était-il en bois?) Il faut attendre 1688-1710 pour qu'il soit indiqué l'existence d'un clocher en dur, "petit beffroi", à l'emplacement de l'actuel. Ce clocher avait et a conservé encore une position singulière, écrasant le portail Renaissance, joyau de l'Eglise, s'appuyant en avant de lui et le couvrant d'ombre, sauf en fin de soirée.

Nous n'avons que très peu de détail sur cette reconstruction (voir Prieur Curé Anquetil de Château Renard 1790).

Suit la Révolution (croix du clocher descendue le jour, remise en place la nuit)… 1ére moitié du XIXème siècle, avec de faibles moyens, on reconstitue lentement le mobilier. Le baron Léopold du Faur de Pibrac, nouveau propriétaire des Frelats, à partir de 1854, oriente le souci dominant vers l'édifice paroissial lui-même. Rénovation de l'Eglise en 12 ans (1854-1866).

Disparition en partie du cimetière qui entourait encore l'église. Lors de la réfection nécessaire du porche pour renforcer et élever davantage le clocher, un porche nouveau et de plus grande ampleur fut appuyé sur le clocher (larges ouvertures en ogive, entraînant encore moins de clarté pour distinguer à distance le magnifique portail Renaissance (Œuvre coûteuse pour la Commune, Léopold de Pibrac, ses amis, la Fabrique, le Ministère de la Justice et du Culte, une souscription de volontaires, contribuèrent à ces travaux qui furent continués après 1870 par l'aménagement de l'intérieur (boiseries, acquisitions de tableaux, décors, accessoires).

Malgré toutes les restaurations ou reconstructions de l'église de St Firmin des Bois, Chrétiens ou non, passants, pèlerins ou touristes, prenez le temps de vous arrêter dans ce village de notre vallée de l'Ouanne et d'admirer l'Eglise possédant une nef avec son portail Renaissance, puis allez donc vous renseigner sur la Fontaine réputée, éteindre le feu de St Firmin.


NOTA : LE FEU DE ST FIRMIN

Pourquoi venait-on à la fontaine réputée miraculeuse pour se guérir ? Le feu de St Firmin au XVème siècle était une maladie de peau, sorte d'érysipèle gangreneux. Les pélerins appliquaient sur la partie malade des linges immergés, censés guérir leurs maux avec l'eau de la Fontaine (appellation médiévale).

BIBLIOGRAPHIE:

L’église de St Firmin des Bois de Monsieur Paul GACHE, 1993 (très aimablement transmise par l'auteur)


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