L'église de Saint-Germain-des-Prés par Reine Deshayes |
L'
origine du nom de cette paroisse est due au passage de Saint Germain, Evêque
d'Auxerre de 418 à 448, qui se rendant d'Auxerre par la vallée de l'Ouanne à
sa villa de Corbeilles en Gâtinais, à la rencontre d'un roi barbare (un chef
des Alains) prêcha devant le peuple sur le côteau de MONTENTHEAUME, dominant
le bourg actuel, ce vers 445 de notre ère. (Germanos a laissé son nom ainsi et
aux habitants: germanopratins).
Voyons
maintenant les débuts de l'église. St Germain des Prés fut érigé en
paroisse par St Loup, Evêque de SENS de 611 à 623. Elle garda comme patron
secondaire St Loup de Sens.
De
l'édifice initial, il ne reste rien, sans doute en bois, sans date précise,
mais, les édifices suivants sont sûrement à l'emplacement de la première
chapelle. Eglise modeste elle devait approximativement correspondre au chœur de
la nef de droite le plus à l'Est (mur sud)
Refaite,
modifiée plusieurs fois, au début du XIIème siècle, vers 1120, elle est
prise en charge (comme plusieurs autres) par les moines de MOLESMES (ordre bénédictin
fondé par Robert de Molesmes) qui avaient été envoyés en Gâtinais, et
nombreux assuraient la desserte de plusieurs paroisses et de leur Prieuré de
Montigny (de nos jours St Sébastien à Château-Renard)
Ce
sont ces moines qui font édifier une construction « en dur » avec
clocher, et une seule nef. Le cimetière était à l'emplacement de la place
actuelle et de l'Eglise que l'on voit de nos jours.
Courant
XIIIème siècle, la population s'accroissant, les moines allongèrent l'Eglise
jusqu'à la grandeur de la nef de droite (vers le Nord) avec l'aide financière
du Sénéchal de Château-Renard. La porte principale devint celle de gauche
(arc de la porte ancien) alors que les fidèles entraient auparavant par la
petite porte sud (actuellement bouchée).
L'
église en dur terminée, les religieux de Montigny n'en conservèrent pas
longtemps la desserte. L' Archevêque de Sens confia alors l'Eglise au clergé séculier
vers 1235 avec un premier curé connu GAUFRED encore en poste en 1264.
Il
nous semblerait qu'aucune modification ne fût apportée à cette église jusqu'à
la guerre de cent ans.
Les
familles ayant leurs parents et ancêtres sous la seconde nef, le curé leur
accorda d'enterrer leurs morts dans l' édifice.
Fin
1358, Robin CANOLLE, incendie l'église venant de Châtillon-sur-Loing (1)
vers Chantecoq (la population s'était réfugiée au château haut de Château-Renard)
(1ère destruction).
On
ignore l' étendue des dégâts, mais le clocher en flammes a dû s'abattre sur
la route! Vers 1380, reconstruction avec des petits moyens (curé mentionné de
1385 à 1417). Nouvelle invasion anglaise (1421 à 1436) .Paroisse vidée du
gros de sa population, sans clergé, inculte. (la nature dégrade le bâtiment
vacant jusqu'en 1446). En 1464 les proviseurs de la fabrique sont menacés
d'excommunication avec les paroissiens, s'ils ne collectent pas une « Taille »
(2) pour la reconstruction de l'église... (1 ère
restauration de l'église) Les travaux débutés en 1464 devaient durer plus de
20 ans. La communauté ne disposant que de tous petits moyens, une taille complémentaire
fut nécessaire. Ne fut concerné que l' édifice existant en 1464 (moitié
droite de l' église actuelle - entreprise paroissiale uniquement) ayant bien
conforté et corrigé les défauts de la reconstruction d'un siècle plus tôt.
Vers
1490 l'église est convenable en tant que telle (doyen de Ferrières 1490).
Désormais
plus de paroissiens, installation de bancs (au moyen âge pas de siège durant
la messe et les offices), apparition de l'imprimerie (livres suivi de la messe).
Débute
alors la pratique d'avoir un curé commanditaire et un desservant résident
(avec des revenus).
Un
curé, Thomas VIATELLET, familier de l' Archevêque Tristan de Salazar (Sens),
entreprend alors une nouvelle et importante campagne de travaux (appui de
Tristan de Salazar, moyens financiers, percement des grandes baies, construction
de la deuxième nef).
Cette
église due à Thomas VIATELLET était aérée, ajourée, faisant de celle-ci un
édifice de style gothique flamboyant (édifice du 15ème siècle) dû aux
architectes et ouvriers, artistes de Salazar (pas de couverture symétrique à
celle de la nef ancienne pour ne pas augmenter la charge des murs, « du génie »).
Passons
maintenant à l'intérieur de l'édifice. Vaisseau clair, rectangulaire, ligne aérienne
de ses 4 arcades, piliers à 8 pans, fenêtres à meneaux, pinacles encadrant le
portail de la nef ajoutée (une merveille des artistes de l'archevêque de
Sens), voir portail de St Firmin des Bois, la Chapelle sur Aveyron, Ferrières
(celui ouvrant sur le vide), dus tous aux mêmes artistes.
La
nouvelle nef a pour autel principal celui de St Loup de Sens, dans le chœur un
autel St Thibault et dans la nef ancienne un autel St Hubert.
(à
suivre)
Sources:
"L'église de St Germain des Prés" par M. Paul GACHE
(1)
Châtillon sur Loing est devenue Chatillon-Coligny pour éviter la confusion
avec Châtillon sur Loire
(2) Taille : Impôt direct levé sur les roturiers, en France
sous l'ancien régime.
Retour |