Aux portes des Amériques : Gy-les-Nonains ou la vie de Claude MITHON de GENOUILLY, seigneur de Gy-les-Nonains et chef descadre par Frédéric
Pige |
La famille de Claude Mithon de
Genouilly
Un seigneur en ses terres
Un marin au
service de Sa Majesté
La vie sous la
Révolution
Annexes : Carrières de
Jean-Jacques Mithon de
Senneville
Stèle
funéraire de Jean-Jacques Mithon de Senneville
Louis-Jean Mithon l'Ecossais
Robert Giraut du Poyet
Jean-Baptiste-Louis
Leprevost-Duquesnel
Claude Mithon de Genouilly
Bref état des
services de Claude Mithon de Genouilly
Mémoire
sur la sortie des vaisseaux de Rochefort
Sources
De la discussion avec un autre chercheur au sujet des blasons de léglise de Gy mest venue lenvie détudier la vie de Claude MITHON de GENOUILLY. Lorsque jai commencé mes recherches, je ne me doutais pas que Claude MITHON de GENOUILLY allait faire partie de mon quotidien et mouvrir lesprit. Effectivement, il na pas été un jour sans que je pense à lui, à ses traversées sur locéan Atlantique, à ses combats navals, à sa famille, elle-même plongée dans la découverte du Nouveau Monde. Mon sentiment était partagé entre rêve et admiration envers le courage et la passion dun homme qui, il y a plus de deux cents ans, a réalisé des choses que je noserais entreprendre aujourdhui avec les technologies modernes.
Cette étude ma également rappelé ce quétait vraiment lHistoire, cest-à-dire un ensemble de faits, dévénements, liés les uns aux autres, et quil ne faut pas dissocier sous peine de se tromper. Je me suis rappelé ces heures de cours, à luniversité, qui me semblaient interminables à propos de sujets tels que la guerre dindépendance dAmérique, la colonisation.... Je ne voulais mintéresser quà lhistoire du territoire national et plus spécialement au nôtre, au Gâtinais. Quelle erreur ! Je ne me doutais vraiment pas que létude dun seigneur du Gâtinais mamènerait à redécouvrir lhistoire de Saint-Domingue, aidé par le nouvel instrument de recherche mondial duquel jétais si réticent : internet. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je maperçus que dans dautres pays, des personnages oubliés ici faisaient là-bas lobjet de toutes les attentions.
Cette introduction ne vise pas à décrire lhistoire de ma propre recherche mais à ouvrir lesprit de ceux, qui comme moi, ne regardaient le passé et le présent que dun il.
Etudier la vie dun homme, cest tout dabord comprendre le milieu doù il vient, ses origines familiales.
1) La famille de Claude MITHON de GENOUILLY
Claude MITHON de GENOUILLY est né le 6 octobre 1725 à Saint-Domingue, au Petit-Goave ou à Léogane ?
a) Les MITHON et GIRAUD du POYET
Les parents de Claude MITHON de GENOUILLY sont tous les deux nobles mais pas de longue date. Du côté paternel, cest Richard MITHON, son arrière-grand-père, qui fut le premier à être anobli en 1620. Nous en ignorons la cause. Du côté maternel, cest aussi son arrière-grand-père, Pierre GIRAUD du POYET, qui fut le premier à être anobli. Cette noblesse fut conférée par Louis XIV en reconnaissance de sêtre battu " vaillamment contre les Anglais qui voulaient semparer de lIsle Saint Christophe ".
Alors que son père et son grand-père paternel se sont orientés dans une carrière de gestionnaires, tout le reste de la famille, des deux côtés, suit une carrière de militaires, souvent dans la marine et presque toujours dans les Antilles à lexception dun oncle paternel, Charles Louis MITHON, qui est prêtre prédicateur ordinaire du roi et abbé commendataire de labbaye de Perseigne. Ainsi pouvons nous citer :
* Louis Jean MITHON LECOSSAIS, oncle paternel, qui fit une grande partie de sa carrière dans les Antilles françaises et qui fut gouverneur de la partie sud de Saint-Domingue en 1738 ;
* Robert GIRAUD du POYET, grand-père maternel, officier de la marine qui fut gouverneur de Grenade en 1723 puis de la Guadeloupe en 1727, marié à Marie Madeleine LEVASSOR de la TOUCHE. Il y a une très forte probabilité pour que celle-ci soit en famille avec celui qui deviendra Grand bailli dEpée de Montargis : le contre-amiral La TOUCHE-TREVILLE que nous retrouverons plus tard ;
* Dominique GIRAUD du POYET, lieutenant colonel dun régiment de milice à la Martinique, Charles François GIRAUD du POYET, lieutenant dune compagnie de troupe de marine, Pierre GIRAUD du POYET, aide-major de la place du Fort Royal et Louis Antoine GIRAUD du POYET, capitaine de cavalerie en Martinique, qui sont ses grands-oncles maternels ;
* Gabriel GIRAUD du POYET, oncle maternel, qui fit carrière dans la marine ;
* Catherine GIRAUD du POYET, sa grand-tante, qui épousa François dANGENNES, marquis de MAINTENON, gouverneur de Marie Galante.
Terminons cette présentation de la famille en disant quelques mots sur son père. Jean-Jacques MITHON de SENNEVILLE est né en 1670 à Orléans. Après un début de carrière en France puis à la Martinique il part pour Saint-Domingue en 1708 où il occupera plusieurs postes à pouvoir dont celui dintendant en 1718. Selon sa stèle funéraire, " il jeta les fondements dune ville à Léogane, il y fit bâtir des églises, des magasins, des casernes, des batteries, un palais pour le Conseil supérieur, ... ".
En 1720 il est rappelé en France comme intendant de justice, police et finances de la marine et des fortifications de Provence au département de Toulon. Nous ne savons pas combien de temps il exerça cette fonction. Parallèlement il partage son temps entre la gestion de ses domaines en France et ceux de Saint-Domingue. En France, il possède plusieurs seigneuries dans la région de Savigny-le-Temple dont le château de la Grange qui est encore visible. A Saint-Domingue, il possède un très vaste domaine ayant sa propre sucrerie. Sa vie personnelle est, quant à elle, assez complexe ! Il fut marié en première noce à Marie Elizabeth GIRAUD DU POYET, la grand-tante de Claude MITHON de GENOUILLY, et en seconde noce à Marie Catherine GIRAUD DU POYET. En dautres termes, il sest remarié avec la nièce de sa première femme !
b) Les frères et soeurs de Claude MITHON de GENOUILLY
Claude MITHON de GENOUILLY a deux frères et trois soeurs connues :
* Marie Elizabeth Catherine MITHON est laînée de la famille et, contrairement aux autres, a pour mère la première femme de Jean-Jacques MITHON de SENNEVILLE : Marie Elizabeth GIRAUD du POYET. Lors de son mariage en août 1722 avec Jean-Pierre de MONTLIARD, marquis de RUMONT, elle est dite fille unique héritière de feu sa mère. Sa dot est de 140 000£ qui est un montant très important. Il est à signaler que parmi les témoins du contrat de mariage passé le 12 août 1722 se trouvent : Elizabeth Charlotte veuve de Philippe de FRANCE duc dORLEANS, Louis dORLEANS duc de CHARTRES, Louis Auguste de BOURBON duc du MAINE, Louis Alexandre de BOURBON comte de TOULOUSE, Louis de la TOUR dAUVERGNE et Chrétien Louis de MONTMORENCY-LUXEMBOURG.
* Charles Gabriel, marquis de MITHON, capitaine aux gardes françaises. Il ne se maria point mais eut deux filles avec Adélaïde Théodore OLARY.
* Jacques Louis de MITHON comte de SENNEVILLE, commandant de la partie ouest de Saint-Domingue.
* Catherine Marguerite MITHON femme de Pierre CHERTEMPS marquis de SEUIL.
* Louise Marie MITHON mariée avec Joseph marquis de CHAPONAY.
c) Lenfance de Claude MITHON de GENOUILLY
De son enfance nous ne savons pas grand chose. Il suivit certainement son père lors de linspection de ses domaines, découvrant ainsi le monde de la marine et des colonies. Sa famille semble aisée ; leur fortune réside principalement en des domaines coloniaux. Il est tentant de simaginer les veillées que vivait Claude MITHON de GENOUILLY, assis près du feu, écoutant quelques récits de mer démontée, de combats navals, de paysages extraordinaires... .
Avec un telle ascendance, la carrière de Claude MITHON de GENOUILLY était toute tracée : il sera marin au service de Sa Majesté. Aussi rentre-t-il à lâge de 18 ans comme garde-marine à Rochefort le 14 décembre 1743.
A ce stade de la vie de Claude MITHON de GENOUILLY, nous avions le choix entre faire une reconstitution chronologique de sa vie ou une reconstitution thématique. Nous avons opté pour cette dernière solution qui permettra de mieux mettre en relief la vie dun homme partagé entre ses terres et la mer.
Sa carrière de marin commençant, Claude MITHON de GENOUILLY devait trouver une femme pour lui assurer une descendance. Il trouva celle-ci dans son proche entourage.
a) Le mariage de Claude MITHON DE GENOULLY
Le 19 septembre 1750, Claude MITHON de GENOUILLY épousa dans la petite église de Gy-les-Nonains sa cousine : Françoise Marguerite LEPREVOST-DUQUESNEL, née à Gy le 29 mai 1730. Elle était fille de feu Jean Baptiste Louis LEPREVOST-DUQUESNEL. Officier marin, ce dernier fut gouverneur de Louisbourg sur lIsle Royale (aujourdhui Le Cap Breton) au Canada. Il avait acheté la seigneurie de Changy le 20 octobre 1728 à Louis LECOIGNEUX, fils de Marie Louise de COURTENAY, pour la somme de 80000£. Ce fut Françoise Marguerite LEPREVOST-DUQUESNEL qui en hérita et non un de ses frères. Nous nen connaissons pas la raison. Sa mère est Marguerite GIRAUD du POYET, sur de la mère de Claude MITHON de GENOUILLY.
On peut penser que Claude MITHON de GENOUILLY et Françoise Marguerite LEPREVOST-DUQUESNEL ont passé une partie de leur jeunesse ensemble.
Leur contrat de mariage est passé le 18 septembre 1750 à Gy. Ils se mettent alors sous la communauté de biens séparés.
Ils ont leur premier enfant très rapidement : Gabriel Claude naît le 14 octobre 1750, moins dun mois après le mariage qui fut autorisé par lévêque de Sens malgré le degré de consanguinité. Mariage damour, mariage durgence ?
b) La gestion de la terre
Etant amené à être souvent absent, le 18 mars 1752 Claude MITHON de GENOUILLY signe depuis Rochefort une procuration à sa femme pour quelle gère le domaine de Changy. Il napparaît donc que très rarement dans les minutes des notaires et les registres paroissiaux contrairement à sa femme. Il faut dire aussi quil passe une partie de son temps dans sa maison à Paris. Ainsi, il semble avoir de grandes périodes dabsences.
Les rares fois où Claude MITHON de GENOUILLY apparaît, cest pour soccuper de litiges concernant la jouissance de ses droits féodaux. En effet, il semble que ses vassaux aient pris la fâcheuse habitude de pêcher dans sa rivière. Dautres fois, ce sont les curés de la Selle-en-Hermois et de Saint-Firmin-des-Bois qui refusent de payer leurs redevances. Claude MITHON de GENOUILLY sort alors de ses archives des titres dont le plus ancien remonte à 1499. Enfin, certains refusent de payer leurs arrérages de cens et rentes. Il semble quil était très rigoureux sur le respect de ses droits féodaux. Il nhésite pas à engager des procès et pour être sûr de ne perdre aucun de ses droits, il obtient de la chancellerie du Palais à Paris le 29 avril 1778 une lettre à terrier.
Le 25 septembre 1791, la Révolution étant passée par là, un vassal rachète les droits de lods et ventes, cens et rentes qui pèsent sur ses biens. Claude MITHON de GENOUILLY est obligé de consentir et déclare " naccepter que comme forcé et contraint par les décrets de lAssemblée nationale ". Cependant cette vue mérite dêtre tempérée comme nous le verrons plus tard.
Le domaine saccroît par des acquisitions de seigneuries effectuées par Claude MITHON de GENOUILLY. Ainsi achète-t-il en bail à rente perpétuelle, le 15 décembre 1769, la seigneurie de Gy aux dames de labbaye royale de Faremoutiers-en-Brie. Celle-ci comprend outre les bâtiments, 357 arpents de terre, près et vignes, 40 arpents de bois taillis, les droits de cens, rentes, chasse, rivière, moulin, haute, moyenne et basse justice et droit de présentation à la cure, autant de droits honorifiques que Claude MITHON de GENOUILLY semble apprécier. Ceci lui coûte 1880£ de rente annuelle dont 1800£ pour labbaye et 30£ pour les pauvres de la paroisse.
Le 4 décembre 1776, il achète à Barbe DUNAIRE le fief de Neuillan pour 31528£ 12s.
A chaque acquisition, il fait porter foi et hommage auprès du duc dOrléans pour ses seigneuries.
c) Sa descendance
Claude MITHON de GENOUILLY aura quatre garçons et deux filles, ou quatre ... .
Comme nous lavons déjà vu, laîné des enfants se nomme Gabriel Claude. Il naît à Gy moins dun mois après le mariage de ses parents. Il meurt à lâge de deux ans, le 27 décembre 1752 à Gy.
Ensuite vient Catherine Gabrielle née le 18 avril 1752 à Gy et dont nous reparlerons.
Treize mois plus tard, né un garçon mort-né à Gy le 31 mai 1753.
Quatorze mois plus tard, le 2 juillet 1754, naissent deux jumeaux à Gy, un garçon et une fille quil faut ondoyer au plus vite de peur quils ne meurent. La fille meurt mais le garçon survit et se nomme Louis Philippe Agnès. Cependant il semble quil meurt assez rapidement mais pas à Gy.
Enfin, Antoine Gabriel naît le 28 janvier 1769 à Montargis mais il meurt lui aussi très jeune, le 6 août 1772 à Gy.
De ses six enfants, Claude MITHON de GENOUILLY nen a plus quun, Catherine Gabrielle. Celle-ci se marie à Gy le 17 août 1773 avec Louis Achille de SALIS de SAMADE, fils de Guy Vincent de SALIS de SAMADE, baron du Saint Empire Romain, .... un beau mariage. La dot de Catherine Gabrielle se monte à 40000 livres. De cette union naît un enfant : Achille Gabriel Alexandre le 21 mai 1774 à Gy. Cependant le destin poursuit la descendance de Claude MITHON de GENOUILLY : sa fille meurt le 4 juin 1774 et son gendre le 22 juin 1774. Il ne reste plus que le petit-fils qui est élevé à Gy par une servante comme ses oncles et tantes décédés. Cette servante est Marie DAUCHY qui reçoit une pension viagère de 120£ par an lors de son mariage en 1779 par Françoise Marguerite LEPREVOST-DUQUESNEL " désirant reconnaître les peines et les soins qua pris ladite DAUCHY à nourrir et élever ses enfants ". Le destin poursuivant son uvre, Achille Gabriel Alexandre de SALIS de SAMADE meurt accidentellement dun coup de fusil le 22 novembre 1789. Nous ne savons pas ce qui sest passé ce jour là, si cest un accident de chasse ou autre. Les archives restent particulièrement silencieuses.
Il ne reste plus de descendance de Claude MITHON de GENOUILLY, à moins que... . Je profite de ceci pour relever lattention du lecteur et pour ménager un effet de suspense qui, je le reconnais, ne se prête guère à une recherche historique. Veuillez men excuser. Je finirai cette partie en signalant que la plupart des enfants MITHON de GENOUILLY sont enterrés dans le choeur de léglise de Gy. La dernière à y avoir été déposée est Marguerite GIRAUD du POYET, la belle-mère de Claude MITHON de GENOUILLY, le 6 octobre 1780 malgré les arrêts du Roi interdisant toute inhumation dans le choeur des églises pour raison dinsalubrité. Le curé laissa une lettre dans le registre paroissial expliquant son geste : il le fit " par respect pour [son] seigneur et la mémoire de la dame " .
3) Claude MITHON de GENOUILLY, marin au service de Sa Majesté
Revenons en arrière dans la vie de Claude MITHON de GENOUILLY. Nous lavions laissé en 1743 garde marine à Rochefort.
a) Le début de sa carrière
Alors quil sert depuis moins dun an, il vit sa première guerre sur les flots : la Guerre de Succession dAutriche. Louis XV déclara la guerre à lAngleterre en 1744. Les deux camps saffrontèrent près de Saint-Domingue et de la Martinique. Claude MITHON de GENOUILLY participa à " la malheureuse expédition sur lIsle Angloise dite lAnguille où nous perdîmes plus du tiers de notre monde et la moitié des officiers ". Il fut fait prisonnier en octobre 1747 sur le Severn après une lutte acharnée. La guerre sachevant en 1748, il fut libéré et continua sa carrière. Devenu lieutenant de vaisseau le 15 mai 1756, il ne tarda pas à éprouver ses nouvelles fonctions dans la nouvelle guerre qui éclata : la Guerre de Sept Ans. Encore une fois elle naquit de tensions entre lAutriche et la Prusse et de la rivalité franco-anglaise pour le contrôle de lespace nord-américain. " Les Antilles reçurent de la Marine française un faible secours, alors que les Anglais décidaient de mener de pair la guerre sur le continent et la conquête des Iles-du-Vent ". Dans ces conditions, la marine française étant vulnérable, Claude MITHON de GENOUILLY fut fait prisonnier en 1758 sur le Prudent. La guerre sacheva en 1763 mais il fut libéré avant la fin du conflit puisquil date une lettre de Changy du 20 décembre 1762.
La guerre finie, ses supérieurs lui donnèrent son premier commandement de vaisseau en décembre 1763 : la Garonne. Cependant ce commandement fut de courte durée car suite à un mémoire adressé aux bureaux de la Marine en juillet 1764, Claude MITHON de GENOUILLY est mis en prison avec son frère MITHON de SENNEVILLE car " plusieurs plaintes ont été portées contre lui par des capitaines marchands et autres qui ont été insultés ". Il est emprisonné à Rochefort du 12 août au 10 septembre 1764.
Après une traversée du désert, il réapparaît à Nantes pour superviser la construction de deux frégates de juillet 1766 à août 1768. En même temps, il prend le commandement de la Nourrice de novembre 1767 à mai 1768.
Nous perdons une nouvelle fois la trace de sa carrière jusquen 1777. Entre temps, nous savons quil monte en grade et quil tombe gravement malade " partie de lannée 69 jai été aux portes de la mort ".
b) Le sommet de sa carrière
Depuis 1776, de nouvelles tensions, préludes à une nouvelle guerre, se font sentir entre la France, lAngleterre et les " Provinces Unies de lAmérique " : ce sont les prémices de la guerre dindépendance. Claude MITHON de GENOUILLY y participa activement : " depuis 1777 jusquen juillet 1783 je nai pas été trois mois désarmé, passant sans interruption dun commandement à un autre, jai successivement commandé le Saint-Michel [1778], le Dauphin Royal [1779], le Protecteur [1781], le Magnifique [1781], la Couronne [1782], le Pluton [1783] ; jai non seulement commandé ces vaisseaux dans différentes armées, mais des divisions dans ces armées, et à leur rentrée, jai aussi commandé des divisions détachées pour diverses croisières, des escadres etc. ".
Le récit de Claude MITHON de GENOUILLY demande éclaircissement. La guerre dindépendance se déroule sur deux plans : le blocus commercial et les combats navals.
*le blocus commercial : les Anglais formaient un véritable blocus autour des possessions françaises afin den détruire léconomie, den stopper le ravitaillement et dobtenir leur capitulation. Il ny a que très peu de navires marchands qui arrivent à passer au travers des mailles du filet. Des convois de navires marchands accompagnés de vaisseaux de guerre sont donc organisés.
Le 19 janvier 1782, Claude MITHON de GENOUILLY reçut lordre descorter un de ces convois. Il dispose de son vaisseau, la Couronne et de sept autres bateaux. Sa mission est de partir jusqu'à lîle Marie Galante. De là, il avisera sil peut se rendre dans les ports de la Dominique et de la Guadeloupe. Son convoi part en février 1782 et arrive en Martinique en mars 1782 sans aucune perte ce qui est un véritable exploit. Cest certainement son plus beau fait darme et voici comment il le rapporte : " chargé de limportant convoi destiné à ravitailler lArmée, à secourir nos Isles-du-Vent, alors dans la plus extrême détresse, je lai conduit sans aucune perte au port, à la vue de lArmée ennemie sortie à dessein de lintercepter ".
Mais à ce jour le plus beau allait succéder lheure la plus sombre.
*les combats navals : outre laccompagnement de convois de marchandises, Claude MITHON de GENOUILLY participe également à des batailles. Avant de continuer notre récit plus en avant, voici une petite explication du déroulement des combats. Le XVIIIè siècle maritime est marqué par une évolution tactique : le combat de la " ligne de file. Cest une ligne ininterrompue de vaisseaux protégeant leur proues et leurs poupes, faisant face à une autre ligne ininterrompue à une distance de 150 à 300 mètres, le combat mettant aux prises deux puissantes artilleries de flanc ".
Au cours de la guerre dindépendance, Claude MITHON de GENOUILLY est confronté très souvent au feu ennemi. Ainsi prend-il part aux combats dOuessant le 27 juillet 1778 sous les ordres du comte dORVILLIERS contre lamiral anglais KEPPEL (victoire française), de Grenade en mai 1779 (victoire française), et à différentes escarmouches dans les Antilles jusqu'à " la déplorable journée du 12 avril 1782 ".
Après son convoyage réussit du début de lannée 1782, Claude MITHON de GENOUILLY rejoignit les troupes de lamiral de GRASSE qui jouaient au chat et à la souris avec les troupes de lamiral anglais RODNEY. Ce 12 avril 1782, de GRASSE devait faire " sa jonction avec les Espagnols [alliés contre les Anglais] lorsquun de ses vaisseaux, le Zélé, en ayant abordé un autre pendant la nuit, se trouva dégrée, et hors détat de suivre larmée. Au lieu de le faire relâcher à lune des îles françaises, dont il était fort près, ou même de le brûler après avoir fait recueillir léquipage par ses frégates, il se détermina à se porter à son secours avec toute sa flotte. RODNEY, qui avait trente-huit vaisseaux de ligne, sut mettre à profit sa supériorité, et attaqua vigoureusement de GRASSE qui nen avait plus que trente. Après un combat très vif et très sanglant, la flotte française fut défaite, et lamiral fait prisonnier ".
Suite à cette défaite, Claude MITHON de GENOUILLY reçut, le 4 septembre 1782, ordre de se rendre au château de DOULLENS pour y être retenu. Sa détention dura quatre mois. Il passa devant le conseil de guerre de Lorient pour rendre compte de ce qui sétait passé. Cest à ce moment quil semble sêtre fâché avec lamiral de GRASSE lui faisant des reproches au cours de son audition. Le jugement rendu le 21 mai 1784 nous apprend que Claude MITHON de GENOUILLY était accusé davoir manqué à son devoir mais il fut déchargé " de toute accusation ". Quant au comte de GRASSE, il a porté lui aussi des accusations contre Claude MITHON de GENOUILLY lors du procès mais dans le mémoire quil a publié sur la terrible journée, il ne porte aucune accusation contre lui. On y apprend que Claude MITHON de GENOUILLY appartenait à la 1ère escadre commandée par de GRASSE lui-même et dans la 5ème division qui était composée de trois bateaux dont celui de de GRASSE. Il fut donc toute cette journée au cur des combats.
La carrière de Claude MITHON de GENOUILLY ne sarrêta pas là, il embarqua de nouveau, finissant la guerre dindépendance. Après 1783, nous ne savons pas ce quil fait. Il semble quil ne reprend pas la mer. Il reçut la médaille de lordre de Cincinnatus pour sa participation à la guerre dindépendance. Il fut fait chef descadre le 20 août 1784.
Claude MITHON de GENOUILLY avait un caractère entier, aimant le combat et ne mâchant pas ses mots. Preuve en est le mémoire quil envoie aux bureaux de la Marine en décembre 1762 de retour de sa capture par les Anglais. Ce mémoire sintitule " Sur la sortie des vaisseaux de Rochefort et sur la station de lescadre anglaise dans nos rades ". Il y montre toute sa fougue combative et son ingéniosité contre lennemi anglais. Il souhaite alors que la France, aidée par lEspagne, aille envahir lAngleterre !
1789 est la date où convergent vie seigneuriale et carrière maritime de Claude MITHON de GENOUILLY.
4) La vie de Claude MITHON de GENOUILLY sous la Révolution
a) la fin dune carrière
En 1789, Claude MITHON de GENOUILLY a 64 ans et une vie déjà bien remplie. Avec la Révolution et les réformes qui laccompagnent, il voit sa dernière promotion lui échapper : " au moment dune réforme cruelle qui ôte tout espoir à un grand nombre danciens officiers ". Ce nest pas faute de réclamer et denvoyer des mémoires où il raconte ses états de service aux bureaux de la Marine.
En 1791, il leur écrit un nouvelle et dernière fois. Il adresse ses états de service qui doivent être " au moins par duplicata ", ainsi que lobjet de ses désirs : profiter " des grades récemment déterminés et limités par lAssemblée nationale ". Il souhaite reprendre " le métier le plus dur " : " je suis très en état de servir encore [...], jen ai le désir et la volonté, et que si mes services passés sont agréables à Sa Majesté, jen offre et demande la continuation ". Il est aigri par le fait que " depuis la paix [1784], je me suis vu exclus de toutes [les grâces données], je nai pu même, malgré mes sollicitations me faire employer : les escadres dévolutions ont été données à mes cadets [...]. Si jai été fait chef descadre en 1784, cest à mon rang et confondu dans la foule de ceux qui avaient ou navaient pas servi. Désespéré de cette défaveur et dune partialité aussi marquées... ".
Y a-t-il eu conspiration contre Claude MITHON de GENOUILLY ? Est-ce les restes de la " déplorable journée du 12 avril 1782 " et de lanimosité envers lamiral de GRASSE ?
Coupé du monde de la mer, il doit se retrancher dans sa vie de " ci-devant seigneur " dans sa terre de Gy.
b) le ci-devant seigneur et la municipalité de Gy
En tant que noble et donc suspect à la Révolution, Claude MITHON de GENOUILLY doit prêter des serments républicains les 14 août et 3 septembre 1792 avec sa femme. En permanence surveillés, leurs descriptions physiques sont consignées dans les registres de délibérations de Château-Renard et de Gy en 1793 :
Claude MITHON de GENOUILLY a 68 ans, " taille denviron 5 pieds 4 pouces, cheveux et sourcils bruns, yeux gris, nez bien fait, front haut, visage plein ".
Françoise Marguerite LEPREVOST-DUQUESNEL a 63 ans, " cheveux et sourcils châtains, yeux bleus, nez et bouche bien fine, menton rond, visage plein et front bien fait ".
Les agents municipaux montent souvent au château pour contrôler létat des récoltes, les écuries, les armes et les archives.
Malgré ces visites fréquentes, il semble que Claude MITHON de GENOUILLY sadapte très vite à la Révolution. Ainsi renonce-t-il devant notaire le 22 octobre 1793 à tous ses droits ci-devant féodaux et censuels sans indemnité. Ceci est en complète contradiction avec la vente forcée de ces mêmes droits en 1791.
Il semble complètement intégré à la communauté puisquil conserve assez longtemps ses armes et ses archives. Il remettra ces dernières sans aucune difficulté.
Le 15 septembre 1793, il remet ses médailles et diplômes des ordres de Saint-Louis et Cincinnatus.
Le 20 brumaire an II, il paye volontairement une taxe révolutionnaire de 4000£. Ses revenus sont alors estimés à un peu moins de 15000£ par an sur lesquels il faut déduire 1000£ quil donne pour les pauvres.
Cest lui qui rend la justice à Gy selon le désir de tous les citoyens.
Le 20 floréal an II, il redonne 400£ pour les défenseurs de la patrie.
Tous ces dons sont-ils des témoignages de soutien à la Révolution, à la guerre contre les puissances ennemies ou des mesures pour acheter une tranquillité ?
Claude MITHON de GENOUILLY passe la plupart de son temps à Gy mais il lui arrive aussi de se rendre à son domicile parisien. Cest au cours dun de ces déplacements, le 17 germinal an II, quil se fait arrêter par le Comité de sûreté générale de Paris et est emprisonné chez BELLEHOMME, 90 rue Charonne. Cest alors un immense cri de soutien qui explose à Gy. Pas moins de 36 personnes, la plupart chefs de famille, ainsi que le maire envoient des pétitions pour faire libérer Claude MITHON de GENOUILLY.
Les habitants de Gy déclarent quil " sest toujours comporté de manière à donner preuve de son civisme et a secouru les malades pauvres en les faisant traiter par des chirurgiens, leur donner telle que bouillon, vin, linge et ayant toujours eu chez lui des vieillards et les a nourri jusqu'à leur fin leur ayant toujours servi de père de famille, en tous temps [...]".
Quant au maire, il rappelle les actions de Claude MITHON de GENOUILLY
" Considérant que le citoyen MITHON GENOUILLY a toujours remplis les intentions des lois telle la prestation des serments des 15 août et 3 septembre tant quaux Directoire de Montargis que notre municipalité, avait payé toutes les impositions don patriotique, davoir donné volontairement à la loi révolutionnaire 4000 livres, des chemises, souliers, bas pour les volontaires et 50 livres de sucre pour les pauvres du chef-lieu de canton,
considérant quil a payé volontairement pour limpôt forcé la somme de 5000 livres auquel il ne devait que 953 livres 13 sols,
considérant quil a toujours donné quelque chose aux volontaires,
considérant quil a été fait des fréquentes visites et notamment une par plusieurs commissaires nommés par le citoyen NIGNON délégué du représentant du peuple LAPLANCHE dans le département du Loiret et par le juge de paix de Montargis auquel ils ont rien trouvé de suspect et lui ont remis tous les papiers côtés et paraphés,
considérant que dans lannée de 1790 vieux style il a toujours donné son blé quoi quayant toujours mené au marché à 20 sols meilleur marché quil ne valait, [...] ".
Il semble que la pétition fut entendue puisquil fut relâché le 10 vendémiaire an III.
Le 15 pluviose an IX, Claude MITHON de GENOUILLY refuse la place de conseiller municipal " vu son grand âge et infirmité qui laccompagne ".
Claude MITHON de GENOUILLY était donc très bien intégré dans la vie locale et apprécié de ses concitoyens. Il est cependant difficile de savoir ce quil pensait de la Révolution.
Passant donc la plupart de son temps dans son domaine de Gy, il sy occupait à gérer ses biens, et en particulier, sa sucrerie près de Léogane sur lîle de Saint-Domingue.
c) la gestion de la sucrerie
Avant 1791, nous navons pas trouvé de trace de la sucrerie dont Claude MITHON de GENOUILLY avait hérité de son père. Or, en 1791, les noirs commencent à se rebeller. De là viennent tous les problèmes qui agitent Claude MITHON de GENOUILLY. Face aux événements, il écrit aux bureaux de la Marine le 13 février 1792 afin de faire protéger ses biens par les troupes françaises, ce qui lui sera refusé. Dès lors, rares seront les correspondances où il ne racontera pas ses malheurs de riche propriétaire colonial.
En 1793, le 28 septembre, dans une lettre adressée à BEDU, président du Comité de surveillance de Château-Renard, pour lavertir quil fait un don patriotique de 3000£ en assignats et 100 pistoles en numéraires, il noublie pas de dire " quoique presque toute ma fortune soit à Saint-Domingue, quelle ait été totalement renversée, sans ressource aucune pour lavenir vu la proclamation qui y rend tous les nègres libres... ". Dans une autre lettre adressée au même Comité le 24 brumaire an II : " on avait proposé à Chateaurenard de me demander du sucre à acheter, je nen vends ni nen achète mais jen donne volontiers [...] il vient directement de mes ci-devant possessions qui par la plus inconcevable négligence des bureaux de la Marine ont été dabord saisies (jen ai une copie) comme émigré [...], depuis les possessions ont été totalement perdues pour moi par la récente révolution du mois daoût dernier, ce qui menlève plus du 5/6è de ma fortune ... ".
Combattant pour labolition de lesclavage, Toussaint LOUVERTURE organisa une guérilla et sallia aux Anglais. Ce nest que lorsque la Convention décida de rendre leur liberté aux noirs en 1794 que Toussaint LOUVERTURE se remit au service de la France. Les troubles, loccupation anglaise stoppèrent donc la sucrerie. Le retour au calme annonçait la reprise de la production. Cependant, il fallait dabord remettre sur pied le domaine. Claude MITHON de GENOUILLY chercha désespérément un régisseur digne de confiance. Il passa une première procuration le 23 thermidor an V, une seconde en lan VII, une troisième en lan VIII, une quatrième en lan IX et une cinquième en lan X. Voici la tache qui était à réaliser selon la dernière procuration en faveur de Thomas Jean Louis Joseph MARLIANI, propriétaire à Saint-Domingue : se rendre sur lhabitation MITHON établie en sucrerie située à la Petite rivière, quartier de Léogane, île Saint-Domingue ; en prendre possession ; faire lever les séquestres ; faire expulser toutes les personnes étant en indue possession de quelques biens meubles ou immeubles ; attaquer en justice tous ceux qui ont indûment joui du domaine pour les faire rembourser ; gérer la propriété ; y faire tous les travaux nécessaires ; visiter lusine à sucrerie, moulin et autres ; faire examiner les cannes à sucre, en planter ; envoyer un mémoire de la situation ; passer des marchés ; employer du personnel ; et " concerter sur tout ce que dessus avec le contre-amiral de la TOUCHE-TREVILLE commandant les forces maritimes de lEtat à Saint-Domingue, son fondé de pouvoir provisoire pendant tout le temps quil restera dans lîle ".
La TOUCHE-TREVILLE, parent ou collègue, soccupa donc des biens de Claude MITHON de GENOUILLY. Cependant, ce ne fut quun court répit car Napoléon, désireux de rétablir lesclavage, lança une vaste opération militaire en 1802 qui se transforma en désastre et en lindépendance autoproclamée de lîle en 1803.
Claude MITHON de GENOUILLY était donc un gestionnaire attentif de ses biens coloniaux et y travaillait certainement souvent comme latteste les deux plans de lhabitation Mithon retrouvés dans son cabinet de travail après sa mort.
Ainsi, à la fin dune vie tumultueuse, où Claude MITHON de GENOUILLY a perdu tous ses enfants et son petit-fils, son poste de marin, la plus grande part de sa richesse dans les îles, les droits honorifiques quil semblait tant apprécier, que lui reste-t-il ? Deux filles ?
d) ladoption de ses filles
Un des frères de Claude MITHON de GENOUILLY, Charles Gabriel MITHON, eut deux filles avec une demoiselle OLARY qui " était digne et par son origine et par ses qualités personnelles ". Or, celui-ci neut pas le temps de les reconnaître : " tout était préparé pour leur union [Charles Gabriel MITHON et Adélaïde Théodore OLARY] lorsque la mort vint surprendre Charles MITHON, avant quil ait pu légitimer ses filles... ". Charles Gabriel MITHON mourut dans les bras de Claude MITHON de GENOUILLY en lui recommandant ses enfants. Claude MITHON de GENOUILLY nayant plus dhéritiers directs, que des nièces, décida dadopter les deux filles de son frère. Ceci fut enregistré officiellement le 6 nivose an V à la mairie du IVè arrondissement de Paris.
Déjà, depuis septembre 1792, Adélaïde Théodore OLARY sa belle-sur, vivait à Changy. Le 23 germinal an III, elle déclare résider sans interruption à Changy depuis le 20 vendémiaire an II. Il y a alors sa description : âgée de 30 ans, " taille de 5 pieds 5 pouces, cheveux et sourcils blonds, yeux bleus, nez retroussé, bouche petite, menton rond et court, visage ovale et blanc ". Ah la belle femme !
Le 12 avril 1807, la fille adoptive aînée, Adélaïde Caroline, donnera naissance à un enfant nommé Charles. Le père se nomme Jean Charles RIGAULT. Lorsquil se trouve en Charente ou ailleurs que dans le Loiret, il se fait appeler RIGAULT de GENOUILLY, empruntant la particule à sa femme alors quil nest absolument pas noble ! Le petit Charles sera connu sous le nom Charles RIGAULT de GENOUILLY, ministre de Napoléon III et non comme descendant de la famille MITHON, personne ne sétant jusqu'à présent douté de la supercherie !
Nous voilà presque arrivés à la fin de cet article. Cest donc le cur gros que je suis obligé de vous annoncer le décès de Claude MITHON de GENOUILLY, ancien chef descadre, ancien seigneur de Gy, le 23 mars 1803. Cependant, il y a un épilogue.
Claude MITHON de GENOUILLY avait fait un testament le 7 germinal an VIII et un codicille à son testament le 21 germinal an VIII dans lesquels il déshéritait tous ses héritiers au profit de ses filles adoptives. Or la loi permettant cela ne fut adoptée que le 25 germinal an XI, soit 24 jours après son décès. Ses nièces lésées, JAUCOURT et SEUIL, firent un procès pour récupérer leur part. Mais elles furent déboutées au profit des filles adoptives par la décision du tribunal civil de 1ère instance de Montargis du 29 pluviose an XIII. Celles-ci héritèrent également de la sucrerie à Saint-Domingue. En 1826, elles se battaient pour obtenir l" indemnité de Saint-Domingue " : la France accepta de reconnaître lindépendance de Haïti en 1825 contre une indemnité de 150 millions or redistribuée aux colons dépossédés. Celle-ci sera payée. Charles RIGAULT de GENOUILLY revint au pays mais ceci est une autre histoire que vous communiquera M. BAUMGARTNER sur les blasons de léglise de Gy.
Françoise Marguerite LEPREVOST-DUQUESNEL quant à elle mourut le 3 septembre 1810 dans son domaine de Changy. Ce sont ses neveux et nièces, LEGARDEUR de REPENTIGNY, qui héritèrent de ses biens.
ANNEXE 1
Carrière de Jean-Jacques MITHON de SENNEVILLE
1690 : écrivain principal à Rochefort
1690 : écrivain principal à Blaye
1692 : écrivain principal à Libourne
1697 : commissaire à la Martinique
1698 : commissaire ordinaire à la Martinique
1702 : réformé
1703 : commissaire en charge à la Martinique
1708 : ordonnateur à Saint-Domingue
1713 : subdélégué de lintendant à Saint-Domingue
1716 : commissaire général à Saint-Domingue
1718 : intendant à Saint-Domingue
1720 : intendant à Toulon
ANNEXE 2
Stèle funéraire de Jean-Jacques MITHON de SENNEVILLE à Savigny-le-temple
Haut et puissant seigneur Jean-Jacques MITHON, chevalier seigneur de la Grange-la-Prévôté, Genouilly, Plessis et autres lieux, conseiller dEtat, intendant des Isles-sous-le-Vent de lAmérique. Il a jeté les premiers fondements dune ville à Léogane, il y a fait construire des églises, des magasins, des casernes, des batteries, un palais pour y tenir le conseil supérieur, et plusieurs autres bâtiments, il a été regardé comme le fondateur de la colonie française de Saint-Domingue : il y a maintenu le calme et la tranquillité. Rappelé en France il a été fait intendant de justice, police et finance de la marine et des fortifications de Provence au département de Toulon. Pendant 50 ans quil a servi les rois Louis XIII et Louis XIV, il sest toujours comporté avec une équité, un désintéressement, une capacité et un zèle pour le service de Dieu, du Roi et de lEtat qui lui ont attiré une estime générale, le roi la honoré dun brevet de conseiller dEtat. Il est mort le 30 juin 1737 et a été inhumé le 1er juillet suivant dans cette chapelle qui lui avait été concédée et à ses hoirs et ayant causes par Messieurs les Grands maîtres et commandeurs de lordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, du consentement de messieurs les curés et marguilliers de cette paroisse où il a fondé à perpétuité une messe de Requiem tous les vendredis pour le repos de son âme. Il a aussi fondé à perpétuité dans la chapelle de son château de la Grange, une messe tous les dimanches et fêtes de lannée, le tout ainsi que le contient lacte passé devant Me DERVELLE notaire à Paris le 28 février 1739. Priez Dieu pour le repos de son Ame. Charles Louis MITHON son frère, prêtre prédicateur ordinaire du Roi et commendataire de labbaye royale de qui a fait poser ce monument pour marquer le souvenir de son cher frère.
ANNEXE 3
Carrière de Louis-Jean MITHON LECOSSAIS
1 décembre 1694 : cornette de carabiniers
13 mars 1698 : mousquetaire noir
1er janvier 1701 : expectative denseigne à la Martinique
1er mars 1703 : enseigne
12 mars 1703 : nouveau garde-marine
20 avril 1706 : lieutenant
24 novembre 1709 : lieutenant à Saint-Domingue
14 décembre 1710 : capitaine
19 novembre 1720 : Major à Léogane
14 août 1724 : lieutenant du Roi
5 août 1737 : lieutenant du Roi au Petit-Goave
1er novembre 1738 : gouverneur de la partie sud de Saint-Domingue
ANNEXE 4
Carrière de Robert GIRAUD du POYET
15 octobre 1693 : enseigne à la Martinique
1er novembre 1696 : capitaine
23 avril 1720 : major à Marie-Galante
8 mai 1720 : commandant à la Grande Terre (Guadeloupe)
25 mars 1721 : lieutenant du Roi
16 avril 1721 : lieutenant du Roi à la Trinité
1er décembre 1722 : lieutenant du Roi au Fort Royal
1er novembre 1723 : gouverneur de Grenade
1er novembre 1727 : gouverneur de la Guadeloupe
ANNEXE 5
Carrière de Jean-Baptiste-Louis LEPREVOST-DUQUESNEL
1er février 1703 : garde-marine à Brest
1704 : perd la jambe gauche et a la jambe droite raccourcie de 3 doigts sur le vaisseau le Foudroyant sous les yeux du Comte de Toulouse au combat de Malaga
1er novembre 1705 : enseigne de vaisseau à Toulon
25 novembre 1712 : capitaine de brûlot
17 mars 1727 : lieutenant de vaisseau
1er octobre 1731 : capitaine de vaisseau à Rochefort ou Brest
1er septembre 1740 : gouverneur de lIsle Royale
ANNEXE 6
Carrière de Claude MITHON de GENOUILLY
14 décembre 1743 : garde-marine à Rochefort
1er avril 1748 : enseigne de vaisseau
15 mai 1756 : lieutenant de vaisseau
1er février 1770 : capitaine de frégate à Toulon
18 février 1772 : capitaine de vaisseau à Rochefort
1er mai 1772 : capitaine du Deuxième bataillon de Saint-Malo
29 avril 1779 : brigadier des armées
20 août 1784 : chef descadre
Embarquements
1744 : lApollon
1745 : lAmphitriste
1746-1747 : la Mégère
octobre 1747 : le Severn
1752 : la Seine
1756 : le Capricieux
1756-1757 : le Duc de Bourgogne
1757 : le Prudent
décembre 1763-juillet 1764 : commandant de la Garonne
novembre 1767-mai 1768 : commandant de la Nourrice
1778 : commandant du Saint-Michel
1779 : commandant du Dauphin Royal
1781 : commandant du Protecteur
1781 : commandant du Magnifique
1782 : commandant de la Couronne
1783 : commandant du Pluton
ANNEXE 7
Bref état des services de Claude de MITHON, chef descadre
" Jai donné plus dune fois létat de mes services. Il doit être au moins par duplicata dans les bureaux de la Marine, je pourrais donc me dispenser de les rappeler.
Mais quelques connus quils soient, au moment dune réforme cruelle qui ôte tout espoir à un grand nombre danciens officiers, qui nont eu dautres buts dans le cours dune pénible carrière que de recueillir un jour le fruit de leurs travaux par un avancement dû à leurs services ; pour éviter le malheur dont tous les chefs descadre sont également menacés, je crois devoir retracer ici un rapide et fidèle exposé des miens.
Mon silence dans cette occasion pourrait être regardé comme leffet de lindifférence ou même du dégoût, et servir de cause ou de prétexte à une injuste exclusion aux grades récemment déterminés et limités par lAssemblée Nationale.
Je déclare donc, dabord, que, malgré les fatigues du métier le plus dur, non interrompu pendant lespace de quarante huit ans, je suis très en état de servir encore ; que, de plus jen ai le désir et la volonté, et que, si mes services passés sont agréables à Sa Majesté, jen offre et en demande la continuation.
Je sers depuis 1743, jai fait trois guerres, je passe rapidement, pour ne pas allonger ce mémoire, sur les détails de mes services dans les guerres de 1744, et dans celle de 1756 ; ils sont consignés dans les bureaux de la Marine. Je me bornerai à dire que subalterne alors je me suis trouvé aux actions les plus vives, entrautres, à la malheureuse expédition sur lIsle Angloise, dite lAnguille, où nous perdîmes plus du tiers de notre monde, et la moitié des officiers ; à la défense du Sévern, mémorable dans les fastes de la Marine, jy fus pris vers la fin de la guerre, en octobre 1747 ; je le fus encore dans la guerre suivante, sur le Prudent en 1758 ; dans toutes deux, toujours armé ou prisonnier, jai obtenu le suffrage de mes capitaines, comme dans la dernière guerre, en qualité de capitaine commandant, jai obtenu ceux de tous mes généraux.
Depuis 1777 jusquen juillet 1783, je nai pas été trois mois désarmé, passant sans interruption dun commandement à un autre ; jai successivement commandé le Saint-Michel, le Dauphin Royal, le Protecteur, le Magnifique, la Couronne, le Pluton ; jai non seulement commandé ces vaisseaux dans différentes armées, mais des divisions dans ces armées ; et à leur rentrée, jai aussi commandé des divisions détachées pour diverses croisières, des escadres etc. ; et enfin chargé de limportant convoi destiné à ravitailler larmée, à secourir nos Isles du Vent, alors dans la plus extrême détresse, je lai conduit sans aucune perte au port, à la vue de larmée ennemie sortie à dessein de lintercepter.
Jai servi sous les ordres de MM dORVILLIERS, dESTAING, de la MOTTE-PIQUET, de GUICHEN ; sous ceux de Messieurs de GRASSE et de VAUDREUIL (voir ci-après leurs lettres et certificats).
Jai toujours cherché le théâtre de la guerre ; je me suis trouvé partout, au combat dOuessant, à celui de la Grenade, à ceux de M. GUICHEN aux Antilles, à lengagement du 9, et enfin à la déplorable journée du 12 avril 1782.
Dans le nombre des officiers de la marine qui ont très bien servi, pas un seul ne peut prétendre avoir servi plus continûment, ni avec plus de zèle ; et si lon en juge par les lettres des ministres, par celles des généraux et surtout par les missions qui mont été confiées, on sapercevra quaucun officier de mon grade nen a reçu plus de témoignages de confiance.
Cependant, dans le nombre des grâces de tout genre distribuées depuis la paix, je me suis vu exclu de toutes, je nai pu même, malgré mes sollicitations, me faire employer : les escadres dévolution ont été données à mes cadets : six ou sept dentreux ont été décorés du cordon rouge, auquel mon ancienneté et mes services me donnaient droit de prétendre ; et si jai été fait chef descadre en 1784, cest à mon rang et confondu dans la foule de ceux qui avaient ou navaient pas servi.
Désespéré de cette défaveur et dune partialité aussi marquée, je présentai un mémoire en 1787, au principal ministre et à M. de la LUZERNE successeur du maréchal de CASTRIES à qui je fis part de cette démarche ; jappuyai ce mémoire des lettres et certificats de tous les officiers généraux employés dans la dernière guerre ; et comme ils ne sont point exprimés suivant lusage le plus ordinaire en termes vagues et insignifiants, quils portent au contraire, sur des actions, des faits positifs, jai pensé que de tels suffrages réunis et aussi concluant de ces généraux, témoins oculaires, seraient ici à leur véritable place.
Si malgré cet exposé simple et les témoignages flatteurs qui en sont lappui, les contre-amiraux à prendre dans les chefs descadre supprimés, étaient jugés aussi bien servi et méritaient sur moi la préférence, je naurai à me plaindre alors que du fort ou plutôt de la loi trop dure qui enchaînerait le zèle et la volonté dun officier qui dans le cours de 48 années de service na cessé den donner des preuves, et qui est encore très en état de bien servir.
28 avril 1791 [signé MITHON]
Copie de la réponse de M. dORVILLIERS à M. de MITHON, Versailles le 4 décembre 1784.
Jai reçu, Monsieur, la lettre que vous mavez fait lhonneur de mécrire de la Corogne le 6 du mois dernier avec la relation du combat de M. de LIGONDES ; jai lu avec plaisir dans lune et dans lautre les bonnes manoeuvres qui vous ont occupé pendant votre croisière. Les mauvais temps que nous avons essuyés à Brest, pendant sa durée, nous ont inquiétés sur les risques que vous aviez à courir, et prévenus des fatigues que vous avez éprouvées......Jai ouï dire ici que vous alliez changer de vaisseau ; je désire que les qualités et la force de celui qui vous est destiné établissent votre satisfaction. Je trouverai toute la mienne à pouvoir vous donner des preuves etc.. Signé dORVILLIERS
Dans une lettre datée de Saint Germain le 8 février 1781, le comte de GRASSE marquait au comte de MITHON combien il désirait quil accepta dans son escadre un vaisseau plus digne de lui, par lestime, lattachement et tous les autres sentiments quil lui avait inspiré étant sous ses ordres etc. .
Et dans un de ses mémoires au Conseil de guerre il y dit : M. de MITHON que jestime et que jaime, que jai toujours aimé, que jaimerai encore, sil navait cherché par lui ou les siens à se justifier à mes dépens. (Ces mots sont bien fort de la part de M. de GRASSE).
Lettre de M. le comte dESTAING
Je sortais, Monsieur, lorsque jai reçu la lettre dont vous mavez honoré, et je rentre chez moi pour remplir un devoir ; il mest honorable, mais en vérité, vous êtes au dessus dune attestation, je ne veux pas retarder dun instant lhommage de la mienne, jai lhonneur de vous lenvoyer et je souhaite que mon suffrage vous paraisse une marque destime, de lattachement et du respect avec lequel jai lhonneur dêtre, Monsieur le Comte, votre très humble et très obéissant serviteur. Signé ESTAING.
Certificat du même
Jai lhonneur de certifier que Monsieur le Comte de MITHON ma toujours paru pendant le temps que jai servi avec lui, au dessus du besoin dune attestation. Le vaisseau le Dauphin Royal quil commandait au combat de la Grenade, contribua avec gloire au succès des armes du Roi, et avait soutenu lhonneur du pavillon, lorsquayant déradé, il courut un bord dans la baie, essuya le feu des batteries de canons et de mortiers des ennemis, vira vent devant, en se rapprochant et en y répondant autant que sa manoeuvre le lui permettait et revint prendre son poste au mouillage avec autant de talent que de bravoure ; jai eu pendant la campagne plusieurs occasions dapplaudir de même aux preuves que M. le Comte de MITHON en a données. A Paris ce 22 décembre 1787. Signé ESTAING.
Certificat de M. de GUICHEN
Nous, lieutenant général des armées navales, chevalier des ordres du Roi, certifions que M. de MITHON, alors capitaine de vaisseaux, a servi avec distinction dans plusieurs occasions sous nos ordres et spécialement aux Antilles, où il commandait le Dauphin Royal, que sa mauvaise situation lavait contraint dentrer au fort Royal pour y caréner, et que son ardeur pour suivre larmée dont javais le commandement lui fit faire ce travail avec une activité si vive quil me rejoignit lorsque jétais en présence de lennemi, prêt à combattre, huit jours après lavoir laissé commencer son opération au carénage du fort Royal, et que dans la suite de la campagne, jai été, on ne peut plus satisfait de sa valeureuse conduite. En foi de quoi jai signé. A Morlaix ce 14 décembre 1787. Signé GUICHEN.
Certificat de M. de la MOTTE PIQUET
Nous lieutenant général des armées navales, GrandCroix de lordre royal et militaire de Saint Louis, certifions à tous ceux quil appartiendra que Monsieur le comte de MITHON de GENOUILLY, chef descadre, a commandé le vaisseau du Roi le Dauphin Royal dans lescadre à nos ordres aux Isles-du-Vent, quil y a toujours manoeuvré avec la plus grande distinction et notamment lors de ma retraite à la Guadeloupe où il fit voir une fermeté au dessus de tout éloge, en restant avec moi pendant tout le temps que je fus en présence des forces ennemies de beaucoup supérieures aux miennes, malgré le mauvais état de son vaisseau dont il nétait pas possible de boucher les voies deau à la mer, et lordre précis que je lui avais donné de relâcher à Saint-Domingue. Cette belle contenance ne contribua pas peu au salut de lescadre, et mérita les éloges de lamiral PARKER. En foi de quoi nous lui avons donné le présent certificat pour lui servir et valoir ainsi que de raison. Fait à Brest ce 14 décembre 1787. Signé La MOTTE PIQUET.
Certificat de M. le Marquis de VAUDREUIL
Ayant été pendant toute la dernière guerre témoin de la manière distinguée dont Monsieur le Comte de MITHON a servi, jai été indigné que M. le Comte de GRASSE lattaqua aussi injustement dans le Conseil de guerre tenu à Lorient au sujet de la journée du 12 avril 1782, et jai cru devoir déclarer hautement ce que je pensais sur cet officier et lui rendre la justice quil méritait. Signé Le Marquis de VAUDREUIL
Je certifie que les lettres et témoignages transcrits à la fin de ce mémoire sont exactement conformes aux originaux que jai en main, le 28 avril 1791. MITHON "
ANNEXE 8
Les moyens projetés pour faire sortir les vaisseaux de la Charente, ne sont pas sans inconvénients, il est douteux que lennemi laisse tranquillement fortifier lîle dAix, et quil souffre sans opposition quon y établisse des batteries.
Sil sy oppose, le succès de ce travail est très incertain, mais supposons que cet ouvrage soit achevé sans trouble, et que les canons soient mis heureusement en batterie.
Peut-on compter assez sur cette protection, doit-on la juger suffisante pour mettre nos vaisseaux qui seront par eux-mêmes sans défense à labri des tentatives de dix à douze vaisseaux bien armés.
Le raisonnement seul démontre la supériorité du feu des vaisseaux sur celui des batteries, celles dites à garbette ne sont pas tenables, et fait-on cette attention que celles à embrasures soit en terre ou en moellon ont cet inconvénient que trois ou quatre de leurs canons voient à peine la longueur dun vaisseau qui peut en avoir jusqu'à quarante à riposter. Cette disparité fait présumer que le feu de ces batteries sera bientôt éteint, que les canons en seront en peu de temps démontés mais lexpérience et les faits confirment les conjectures.
Lexemple du fort Saint-Louis, la réduction plus récente de cette même île dAix, font mieux sentir que toutes les raisons, combien des vaisseaux sont redoutables aux batteries, aux forts mêmes quils peuvent approcher.
Ces raisons daccords avec les faits, laissent entrevoir à quoi lon sexpose si les Anglais après avoir laissé fortifier ce port viennent y attaquer nos vaisseaux au moment que quelques uns deux seront occupés à embarquer leur artillerie.
Ne pourrait-on faire sortir les vaisseaux avec plus de sûreté et dutilité, et entreprendre de détruire totalement lescadre anglaise qui les bloque. Sa persévérante station dans les rades de chef de baie semble assurer lexécution de ce projet.
LEspagne aujourdhui aussi intéressée que la France à affaiblir lennemi commun, contribuera sans résister à lui porter ce grand coup. Un échec aussi considérable dans le renouvellement de guerre serait sans doute lépoque de la décadence et des pertes de lAngleterre et le commencement de nos succès, qui sont dordinaire enchaînés les uns aux autres.
On arme actuellement neuf vaisseaux au Ferrol.
Serait-il impossible den armer sept à Brest. On a les équipages des trois vaisseaux de retour des Indes, ceux du Robuste et de lEveillé. On peut désarmer des corsaires.
Cette campagne sera courte, une simple carène aux vaisseaux ramenés par M. de LEGUILLE, les mettra en état dêtre employés à cette expédition, cet armement sera destiné en apparence à renforcer lescadre de M. de BLENAC et à porter de nouveaux secours à la Martinique.
Pour cet effet les vaisseaux prendront au moins cinq mois de vivres et pour mieux donner le change, en outre des troupes de leur armement, on y fera embarquer un bataillon soit disant destiné à être transporté dans cette colonie menacée, on peut leur faire prendre bombes, boulets et autres munitions de guerre.
Si lennemi croise dans lIroise, il sera enjoint à celui à qui le commandement de cette escadre sera confiée, de passer par le raz pour dérober sa marche, en ouvrant ses paquets hors de la vue de terre, il y verra lordre de se rendre à la Corogne. Les deux vaisseaux qui restent dans la Vilaine seront armés en même temps et se rendront en droiture dans ce port.
On y trouvera les neufs vaisseaux espagnols, parés à faire voile, cette entreprise ayant été consentie par la Cour dEspagne et concertée avec ses ministres, qui auront de leur côté employés les moyens les plus propres pour donner lidée dune expédition éloignée.
Cette escadre composée de dix huit vaisseaux, ou au moins de seize (si les deux de la Vilaine nont pu joindre) atterrera sur lîle dYeu ; elle ménagera sa voilure selon lheure et le vent de façon quelle puisse tomber à la pointe du jour sur lescadre anglaise. Les prasines [ ?] qui précédemment auront eu lordre de mouiller entre Enette et lîle dAix pourront aider de leurs canons et, favorisés du premier jusant, seconder utilement les vaisseaux malgré le vent contraire.
Ce vent qui les aura fait donner dans les pertuis, ne permettra pas à lescadre anglaise den sortir, on doit espérer avec beaucoup dapparence quil nen échappera pas un vaisseau.
Lescadre de Rochefort déjà en rivière fera aussitôt son possible pour en sortir, pendant quelle achèvera de sarmer, larmée combinée qui vient de la dégager soccupera à se regréer et à réparer les dommages quelle aura pu souffrir dans le combat qui vu sa grande supériorité ne doivent pas être bien considérables. Si on avait des bâtiments et des bateaux plats ramassés à Dunkerque et des troupes prêtes à sy embarquer, cette armée composée de 27 ou au moins 25 vaisseaux escorterait sans obstacle (quelle ne peut surmonter) ces troupes en Angleterre, en Ecosse ou en Islande selon le projet quon peut en former davance.
Si les circonstances ne sont pas propres à exécuter un grand projet de descente, rien ne soppose à ce que cette armée combinée naille tomber ou sur lescadre anglaise qui croisera sur Ouessant ou même sur celle de lamiral SACAINDERS, ce qui peut donner lidée aux Espagnols de se préparer à faire le siège de Gibraltar.
Mais quand il ne résulterait dautres avantages de cette entreprise que la destruction dune escadre ennemie aussi considérable, et la sortie de nos vaisseaux ne dédommageraient ils pas des frais de cet armement. Ces deux objets méritent par leur importance quon sacrifie tout pour les remplir, et quon épuise tout lart des négociations pour décider le ministre dEspagne à y concourir.
Changy près Montargis, le 20 février 1762 ". [signé] MITHON.
ANNEXE 9
Archives Nationales :
*Fonds de la Marine
C1160-161
C1169
C1178
C1180
C1190
C7181
C7211
*Minutier central
XLIV/705
CV/1154
CV/1169
Archives Départementales du Loiret :
*Archives notariales (sous série 3E)
3E7934
3E13620-13634
3E13727-13728
3E13732-13750
3E18262
3E18379
3E18951
3E18954
*Documents entrés par voies extraordinaires (série J)
Fonds JARRY, 2J2140
*Documents de la période révolutionnaire (série L)
L1164
L1165
L suppl. 218
*Registres paroissiaux et détat civil de Gy-les-Nonains
O Suppl. 136 GG 7 à 13
O Suppl. 136 E 1 à 2
*Registres de la municipalité de Canton de Château-Renard (période révolutionnaire)
1 Mi 383
Archives Départementales de Charente-Maritime :
*Etat civil de Rochefort
5 Mi 170/10
Archives Départementales de Seine-et-Marne :
*Archives notariales
Fonds CORDELIER, notaire à Faremoutiers : 98 E 55
Archives communales de Gy-les-Nonains :
*Registres de délibérations :
[cotes factices] 1D2-1D4
Bibliothèque Nationale :
*4-LH9-8 : Mémoire du comte de GRASSE sur le combat naval du 12 avril 1782, avec les plans des positions principales des armées respectives
*L1-6-LM : Jugement rendu par le Conseil de guerre extraordinaire de Marine tenu à Lorient par ordre du roi, 21 mai 1784
*4-FM-27767 : Consultation par Mme RIGAUT, née Adélaïde Caroline MITHON de GENOUILLY, et Melle Adélaïde Eléonore Gabrielle MITHON de GENOUILLY, sa sur, concernant lindemnité de Saint-Domingue, 1826
Bibliothèque municipale de Montargis :
*Fonds BOIVIN :
ms. 87.238