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Année 1922 - 1er trimestre

UNE PRÉFACE

Extrait du Procès-Verbal de la séance du 28 janvier 1926

Le Jeudi 28 janvier 1926 les membres de la société se sont réunis en séance ordinaire en la salle de la Bibliothèque Municipale sous la présidence de M. J. Ouachée, président :
Étaient présents : MM. abbé V. Lane, vice-président, G. Barrier, trésorier, D. Bonpain, secrétaire-adjoint, Behr, R. Gauthier, R. Gourdin, Ed. Soudan, L. Voisin, D. Blanche, C. Midol, H. Midol, Cte B. de Sartiges, Bilbault, membres, et H. Le Roy, secrétaire.
Sur la motion de M. Bilbault, lors de la dernière séance, la création d'un Bulletin de la Société a été mise à l'ordre du jour pour prendre une décision définitive sur cette question.
Le Secrétaire fait un rapport oral. Il rappelle que la création d'un Bulletin a déjà été plusieurs fois abandonnée en raison de la hausse formidable des prix actuels. Bien des Sociétés analogues à la nôtre ont dû restreindre ou même abandonner leurs publications souvent très anciennes.
Néanmoins des circonstances très favorables se présentent aujourd'hui pour nous.
Le Secrétaire donne des explications très détaillées desquelles il résulte que, sans dépasser les limites de notre maigre budget, il sera possible de publier un Bulletin Trimestriel in-8° raisin de 16 pages. Il sera même possible de publier concurremment avec ce Bulletin portant le millésime de la cinquième année 1926 un bulletin supplémentaire aux millésimes de nos quatre premières années depuis le rétablissement de la Société 1922, 1923, 1924, 1925.
Nos premiers travaux ne seront donc pas perdus et nous sommes certains de donner ainsi satisfaction aux très nombreux amis connus et inconnus, qui suivent nos recherches.
Le Bulletin serait tiré à 500 exemplaires ; il serait distribué sans augmentation de la cotisation, aux membres actifs et honoraires, aux maires des 95 communes, qu'elles acceptent ou non la carte de membres honoraires ; de plus nous aurions le plaisir de solliciter l'échange des publications avec les anciennes Sociétés savantes, très nombreuses comme on sait ; enfin une réserve serait constituée pour les adhérents nouveaux.
Le Secrétaire est remercié de l'heureux résultat de ses démarches. Puis, M. le trésorier est consulté; celui-ci ne faisant aucune objection, le rapport est approuvé dans tous ses détails.
La matière du 1er numéro 1926 ne pouvant être réunie que fin mars, c'est donc le 1er numéro 1922 qui va être aussitôt remis à l'imprimeur.
Tous les assistants se montrent impatients de voir entre leurs mains le cher nouveau-né.

ENCOURAGEMENTS

Au début de notre entreprise nous avons reçu de l'un des plus distingués archéologues orléanais ces très aimables encouragements :

Orléans, 28 novembre 1921,
Monsieur,
Votre invitation m'est revenue de Triguères le jour et presqu'à l'heure de la réunion à laquelle vous me convoquiez.
Votre tentative est très intéressante. Mais pensez-vous trouver des éléments locaux nécessaires ? Nous avons tant de mal à Orléans et ailleurs, à recruter les éléments nécessaires à nos sociétés savantes, que nous envions les villes moins importantes qui arrivent à dépasser le niveau du Syndicat d'Initiative, déjà très honorable et très utile.
Si vous arrivez à faire mieux, Je vous féliciterai très vivement d’une pareille réussite que je souhaite pour une charmante petite ville à laquelle tant de souvenirs m'attachent.
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués.
Signé : E. JARRY.

CONSTITUTION DE LA SOCIÉTÉ

Procès-verbal de l'Assemblée générale constitutive du 1er décembre 1921

La commission chargée par l'assemblée préparatoire du 25 novembre 1921, de préparer un projet de statuts de la Société en formation et composée de MM. Ouachée, Pouillot et Le Roy forme le bureau provisoire de l'Assemblée.
M. Le Roy secrétaire provisoire fait connaitre les noms des membres adhérents qui sont présents ou bien qui, absents, ont donné leur adhésion formelle et tous pouvoirs par lettres dont il a été donné lecture ; ce sont MM. Ouachée, abbé Gervaise, abbé Crespin, Perruchot, Eug. Peyron, H. Le Roy, abbé Lane, Ch. Nouguier, D. Bonpain, R. P. Gourdin, E. Gillet, abbé L. Guimberteaud, Sylv. Saligot, Pouillot, Basset, Jarry, P. Moussoir, chanoine H. Corcuff, Voisin, Barrier, Cte B. de Sartiges.
M. H. Le Roy donne lecture à deux reprises du projet de Statuts de la Société d'Emulation de Montargis (Histoire locale, Beaux-Arts, Sciences et Belles-lettres). Ces statuts sont approuvées à l'unanimité.
M. Ouachée rend compte des deux visites faites par lui à M. le maire de Montargis, qui a bien voulu promettre son appui à la nouvelle société, après avoir pris connaissance du projet de statuts, il accordera une des salles de la Bibliothèque de la ville pour les réunions de la Société.
Il est passé ensuite à la nomination du Bureau. Sont proposés
Comme Président : M. Jules Ouachée, Ancien Vice-Président de la Chambre de Commerce du Loiret, Président-fondateur de la Banque populaire de Montargis 32, avenue de la Gare, Montargis.
Comme Vice-Président: M. l'abbé Victor Lane, Décoré de la Médaille militaire, licencié ès-Sciences, Directeur de l'Ecole Saint-Louis, à Montargis.
Comme Vice-Président: M. Jules Pouillot, Chevalier de la Légion d'honneur, Inspecteur d'Académie Honoraire, 5, rue de la Quintaine à Montargis.
Comme Secrétaire et archiviste : M. H. le Roy Avocat à la Cour d'Appel, 13, rue du Pont-de-l'Ouche, à Montargis.
Comme Secrétaire-adjoint : M. Daniel Bonpain, Officier d'Académie, Secrétaire de la Sous-Préfecture, 11, rue Louis Lacrois, à Montargis.
Comme Trésorier : M. Georges Barrier, Chevalier de la Légion d'Honneur, Ingénieur des travaux Publics de l'Etat, en retraite, 18, rue de la Syrène, à Montargis.

Tous les membres de ce bureau sont nommés par acclamation à l'unanimité. Il est décidé que le secrétaire fera, dès le lendemain, tout le nécessaire pour les formalités à remplir conformément à la Loi du 1er juillet 1901, en vue de l'existence légale de la Société.
Puis MM. Ouachée, Pouillot et Le Roy sont chargés de se rendre le 2 décembre, chez M. le Sous-Préfet, chez M. 1e Maire de Montargis et chez M. 1e chanoine-doyen de Montargis pour leur offrir la Présidence d'honneur de la Société.
La présente assemblée a eu lieu dans le parloir de l'Ecole St-Louis, au Chàteau, à Montargis, le 1er décembre, à 16 heures, la séance a été levée à 18 heures.
Montargis, le 1er décembre 1921.
H. LE Roy. Secrétaire.

PUBLICITE A L'OFFICIEL

11 décembre 1921, page 13.556. Nom Société d'Emulation de Montargis. Objet: Histoire locale, Beaux-Arts, Sciences et Belles-Lettres. Siège : à Montargis. Déclarée à la Sous-Préfecture de Montargis, 1e 5 décembre 1921.

 

STATUTS

Art. 1. - Une Société est formée à Montargis, conformément à la Loi du 1er juillet 1901, art. 5 et 6, en vue de continuer l'oeuvre de la Société d'Emulation de l'arrondissement de Montargis, fondée en 1854; elle adopte ce même titre et poursuit 1e mème but ; qui est : la recherche; l'étude, la description et la conservation des objets relatifs à l`Histoire Locale, les Beaux-Arts, les Sciences et les Belles lettres.
Art. 2. - Son siège est à Montargis, et son action s'étend à tout l'arrondissement.
Art. 3. - La Société se compose de Membres titulaires, de Membres correspondants, de Membres honoraires, de Membres bienfaiteurs et d'Honneur.
Art. 4.- Sont Membres titulaires : toutes les personnes qui s'intéressent aux questions d'Histoire locale, aux Beaux-Arts, aux Sciences ou aux Belles Lettres, et qui auront adhéré aux présents Statuts.
Art. 5.- La Société peut nommer des Membres correspondants résidants hors de l'arrondissement, qui participent aux charges et avantages de la Société.
Art. 6. - A partir de la constitution définitive de la Société, tout nouvel adhérent devra être présenté par deux Membres titulaires ; le Comité se réservant de prononcer l'admission.
Art. 7. - Sont Membres bienfaiteurs tous ceux qui ayant adhéré aux présents Statuts, verseront une somme d'au moins cent francs.
Art. 8 - Le titre de Membre d'Honneur pourra être offert par 1e Comité aux personnes qui auront rendu ou seront susceptibles de rendre d'importants services à la Société. Les Membres d'honneur ne seront astreints au versement d'aucune cotisation.
Art. 9. - Les ressources de la Société se composent
1° Des cotisations annuelles des Membres titulaires Honoraires et correspondants ; cette cotisation est fixée à Dix francs payable dès l'admission et subséquemment dans la deuxième quinzaine de janvier suivant. Sera considéré comme démissionnaire tout Membre qui n'aura pas versé sa cotisation pendant deux années consécutives.
2° Des versements des Membres bienfaiteurs ;
3° Du produit de la vente des Publications de la Société ;
4° Des dons manuels et subventions diverses;
Art. 10. - Les ressources de la Société sont affectées :
1° Aux frais généraux ;
2° Aux achats mobiliers ou immobiliers ;
3° Aux travaux et recherches ainsi qu'aux frais d'impression des mémoires
4° A la constitution d'un fonds de réserve.
Art. 11. - La Société sera administrée par un Comité de Membres Titulaires élus en Assemblée Générale qui comprend : un Président, deux Vice-Présidents, un Secrétaire-Archiviste, un Secrétaire-adjoint, un Trésorier et dix membres. Ce Comité a les pouvoirs d'Administration les plus étendus. Les Membres du Comité sont nommés pour trois années renouvelables par tiers dès la quatrième année. Les membres sortants sont rééligibles.
Art. 12. - Les versements et retraits de fonds sont faits par le Trésorier sur simple visa du Président ou d'un VicePrésident.
Art. 13. - L'Assemblée Générale se réunit une fois par an, dans la deuxième quinzaine de février. Ses résolutions sont valables quel que soit le nombre des Membres présents.
Art. 14. - L'ordre du jour est arrêté par le Comité en comprenant les propositions écrites qui leur seront parvenues avant la fin de janvier Le vote par correspondance est admis.
Art. 15.- L'Assemblée Générale entend le rapport sur les travaux de la Société et statue sur la situation financière. La Société s'interdit toute discussion politique ou religieuse dans ses réunions.
Arl. 16. - Le Comité poursuivra sous le titre général de : Collection de la Société d'Emulation de Montargis la publication méthodique de mémoires sur tous les sujets d'Histoire Locale, en vue de doter la ville de Montargis d'une histoire générale de la cité aux diverses époques.
Cette publication aura un aspect uniforme comme format et dispositions typographiques : la rapidité et l'étendue de cette collection n'auront de limites que les ressources de la Société ou des subventions spéciales accordées dans ce but.
Le Comité étudiera toutes les questions qui pourraient être renvoyées à son examen pour avis par l'administration municipale. Il signalera à cette même administration l'intérêt qu'il y aurait à acquérir tous documents, ouvrages ou œuvres en vue de compléter la bibliothèque, 1e Musée ou les collections de la ville.
Art. 17. -La dissolution de la Société ne pourra être prononcée que par les trois quarts du nombre des Membres présents représentant eux-mêmes les deux tiers des Sociétaires inscrits. Au cas où ces majorités ne seraient pas obtenues, une deuxième Assemblée sera convoquée dans les quinze jours suivants et les résolutions seront prises quel que soit le nombre des Membres présents. L'Assemblée nommera un ou plusieurs liquidateurs avec les pouvoirs les plus étendus.
L'actif sera attribué à la Bibliothèque et au Musée de la Ville de Montargis.
Art. 18.-Un règlement intérieur organisera le travail de la Société et son fonctionnement.
Les STATUTS ci-dessus ont été adoptés par l'Assemblée Générale du 1er décembre 1921 tenue dans 1e parloir de l'Ecole Saint-Louis, au Château de Montargis.
Le Président : Le Secrétaire ;
J. OUACHEE H. Le Roy


1ere Séance. -5 janvier 1922

La Société a tenu sa première séance ordinaire à l'hôtel de ville, jeudi 5 janvier, à 17 heures, sous la présidence de M. J. Ouachée.
Après quelques paroles de bienvenue du président, il est procédé à l'installation du bureau, nommé à l'assemblée générale constitutive du 1er décembre 1921. Ce bureau est ainsi composé : Président : M. J. Ouachée, ancien vice-président de la Chambre de Commerce du Loiret ; deux vice-présidents : M. l'abbé Lane, licencié ès-sciences, directeur de l'Ecole Saint-Louis et M. J. Pouillot, inspecteur d'académie honoraire; trésorier: M. G. Barrier, ingénieur des travaux publics en retraite; secrétaire-archiviste : M. H. Le Roy, avocat ; secrétaire-adjoint : M. D. Bonpain, secrétaire de la Sous-Préfecture.
Il est rappelé que 1e nouveau groupement n'a d'autre ambition que de continuer, sous le même titre, la Société fondée en 1854 par 1e baron de Girardot, sous-préfet de l'arrondissement ; le docteur Ballot, maire de la ville et le docteur Charles Huette. C'est cette société qui a fondé la Bibliothèque et le Musée de Montargis.
Les travaux de la Société auront principalement pour but la recherche, l'etude, la description et la conservation des objets relatifs à l'histoire locale ; puis s'étendront par la suite aux Beaux-Arts, aux sciences et aux belles-lettres. Le champ d'action de la Société comprend l'arrondissement entier.
M. Ouachée expose ensuite que les visites prévues pour leur offrir la présidence d'honneur, ont été faites à M. le Sous-Préfet de Montargis, à M. le Maire de la ville et à M. le Curé-Doyen de Montargis. Ces Messieurs ont accueilli ces démarches avec la plus grande bienveillance et ont promis leur entier concours et leur encouragement en faveur de ce centre intellectuel aussi intéressant qu'utile. M. 1e Maire a bien voulu promettre de laisser à la Société la disposition du local (chauffé) de la Bibliothèque après les heures d'ouverture des salles au public. Il résulte des
conversations échangées, qu'il ne saurait confier à de meilleures mains le soin de veiller sur ces collections recueillies par leurs savants prédécesseurs ; il en considère ces amis de la Bibliothèque et du Musée comme les véritables conservateurs. M. le Maire demande qu'on se hâte d'établir un catalogue méthodique jusqu'ici en préparation.
On décide de solliciter un certain nombre d'adhésions nouvelles. On se préoccupera du classement possible de divers monuments historiques. Ou signalera l'utilité d'apposer des plaques, comme dans diverses villes, pour rappeler des faits historiques.
Les réunions ordinaires auront lieu régulièrement le premier et troisième jeudi de chaque mois, à 17 heures, à l'hôtel de ville. La prochaine séance aura lieu le jeudi l9 janvier.
Puis une conversation des plus agréables s'engage entre les membres présents sur les travaux et recherches de chacun.
La séance est levée à 19 heures.

2è Séance. - 19 janvier 1922

Jeudi 19 janvier, à 17 heures, les membres de la Société d'émulation se sont réunis en séance ordinaire, à l'hôtel de ville, sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents: MM. l'abbé Lane, Pouillot, G. Barrier, Voisin, D. Bonpain, Chanoine H. Corcuff, P. Moussoir, R. Gourdin, H. Le Roy, Secrétaire. S'étaient excusés : MM. Chambon, maire de Ladon; Ch. Nouguier, de Saint-Firmin-des-Bois, E. Peiron et Legras.
Dès le début de la séance, ces messieurs ont examiné avec un vif intérèt un Plan de Montargis du XVIIIé siècle. On remarque principalement la ligne de fortifications de la première enceinte, se reliant au château. Les grands jardins des Récollets, qui ont fait place aux rues Périer, Gambetta, du Bon-Guillaume ; des jardins des Barnabites, devenus la place du Marché-aux-Veaux, et quantités de rues aux dénominations disparues : rues Crèvecoeur, Mircon, aux Juifs, Vieilles-Etuves, de la Lanterne, du Pont-Carré, etc.
Un membre avait déposé aussi sur le bureau des tuiles à rebord gallo-romaines (tégulae et imbrices), trouvées récemment sur l'emplacement de la ville antique, qui couvrait de 35 à 40 hectares du climat des Closiers, aujourd'hui simple hameau de Montargis.
Suivant l'ordre du jour, M. H. Le Roy rappelle qu'à l'occasion du centenaire du poète montargois Alexandre Levain, la Société voudra sans doute commémorer le souvenir de l'homme de lettres dont les oeuvres ont été très remarquées à la fin du siècle dernier. Le savant docteur Charles Huette (collaborateur de l'illustre savant Claude Bernard), en 1858, en avait publié une première partie au moyen d'une souscription publique. A. Levain a été l'auteur de nombreuses chroniques dans l'ancien Loing, sur beaucoup de souvenirs montargois. Il est aussi l'auteur de plusieurs comédies : Lantara, l'Ange du Pardon. A. Levain est mort en 1876. On lui éleva sur sa tombe un monument par souscription publique ouverte à la mairie. l'architecte du département, M. Noël fut chargé du projet.
Vivement intéressés par ces souvenirs, les membres de la Société décident d'organiser une soirée qui sera consacrée au souvenir d'Alexandre Levain.
M. Ouachée, président, et le secrétaire, se rendront auprès de M. le Maire de Montargis pour assurer la conservation de la sépulture d'Alexandre Levain.
Puis M. G. Barrier fait connaître en un bref exposé le résultat des découvertes faites eu 1863, par M. Guignebert, ancien maire de la ville au hameau des Closiers. Il résulte de ce mémoire que M. Le Roy père avait rédigé sur les notes de son honorable ami, qu'une aille gallo-romaine importante s'élevait autrefois sur l'emplacement des Closiers. Quantité d'objets, de substructions, de monnaies romaines et gauloises même, out été trouvés. Cette ville a été détruite par les Barbares au VIè siècle.
M. Barrier donne lecture d'observations au sujet de ce mémoire. II développe particulièrement deux points. Sur le premier, il se trouve en désaccord sur la possibilité que les eaux de la Fontaine de l'Yvoi aient pu jamais être amenées sur l'emplacement de la ville antique. Mais sur un second point, il abonde dans le sens de l'opinion de M. Le Roy père ; jamais les romains n'ont connu le drainage par tuyaux, inventé seulement vers 1810.
Le travail si intéressant de M. Barrier sera déposé aux archives.
A ce sujet, M. R. Gourdin fait connaître qu'il sera en mesure, à la prochaine séance, de présenter des observations sur la dénomination de Fontaine de l'Yvoi, dont il a trouvé trace dès le XIIè siècle, d'après d'anciens titres.
M. l'abbé Lane, ayant mis à jour, au château, un massif de maçonnerie prés de l'emplacement de l'ancien donjon, détruit en 1606, sur l'ordre de Louis XIV, demande qu'une commission veuille bien examiner ces restes. MM. Barrier et Le Roy sont désignés à cet effet.
La séance est levée à 19 heures. Les réunions ultérieures auront lieu, sans convocations, le premier et le troisième jeudi de chaque mois. Prochaine séance, le jeudi 2 février, à 17 heures, à l'hôtel de ville.

3è Séance - 2 février 1922

 

La société s'est réunie en séance ordinaire le jeudi 2 février en la salle de la Bibliothéque de la ville, à l'hôtel de ville, sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents : MM. l'abbé Lane, Pouillot, G. Barrier, Henri Saligot, Voisin, chanoine H. Corcuff, Legras, Bonpain et H. Le Roy Secrétaire. Se sont excusés : MM. Gourdin, Moussoir, Peiron, Sylvain Saligot.
M. le président donne lecture d'une lettre de M. le Maire de Montargis priant la société d'accepter la mission de mettre au point le catalogue inachevé de la Bibliothèque. On décide de répondre que la société remplira cette intéressante mission avec tout le zèle et la conscience possibles.
M. le Maire, en son nom personnel, a fait remettre une caissette contenant plusieurs kilos de monnaie anciennes diverses. Il se propose d'offrir au musée toutes celles pouvant avoir de l'intérét et demande que les numismates de la société veuillent bien en opérer le tri. Cette mission est bien volontiers acceptée.
Enfin M. le Maire transmet une lettre, à lui adressée par l'auteur d'un ouvrage en cours d'édition, demandant divers renseignements sur les armoiries de la ville de Montargis, leur origine, signification, etc. II y sera répondu à bref délai, cette question devant précisément être traitée à la séance de ce jour.
Puis, M. le Président fait savoir qu'il a reçu d'un anonyme un certain nombre de pièces d’or et dépose ce don sur le bureau, accompagné du quatrain suivant :
Collectionneurs de monnaie anciennes,
Recevez ces pièces, faute de mieux,
Plus rares que les monnaies romaines
En cette année mil neuf-cent-vingt-deux
.
Ce don de joyeux avènement fait avec autant d'amabilité que de discrétion, est remis au trésorier ; ses recettes en seront augmentées d'une valeur de 100 francs.
Il est rendu compte de la visite faite à la municipalité au sujet de la sépulture du poète Alexandre Levain. M. le Maire a été le premier à comprendre que c'était par suite d'une erreur involontaire de la municipalité de 1876, si les registres ne mentionnaient pas de concession perpétuelle certainement souhaitée par tous les amis du regretté poète montargois. Une demande nouvelle doit donc être introduite devant le Conseil municipal ; M. 1e Maire l'appuiera.
M. D. Bonpain est ensuite invité à donner lecture d'un intéressant mémoire où il expose ses recherches sur les origines des armes données à la ville de Montargis par Charles VII à l'occasion de la levée du siège célèbre de Montargis et de la défaite des Anglais en 1427. II donne l'historique complet des diverses manières dont ont été interprétées les chartes anciennes aux époques successives. M. Bonpain conclut qu'il convient de s'en tenir à l'ordonnance de Louis VIII, du 25 novembre 1815. Cet avis est ratifié. Après félicitations à l'auteur, on décide que ce mémoire sera déposé aux archives.
Au sujet de la visite au donjon du château de Montargis. MM. Lane, Barrier et Le Roy pensent que le bloc de maçonnerie mis à jour récemment n'a aucun caractère de construction gauloise ni romaine. Est-ce la base de la fameuse tour élevée par Clovis au dire de Dom Morin ? On ne saurait l'affirmer.
Il est décidé que la prochaine séance ordinaire aura lieu jeudi 10 février, à la bibliothèque, à 17 heures.
On se réunira les autres jeudis, mêmes lieu et heures, en commission d'étude et de travail, et le bureau sera à la disposition de tout intéressé pour renseignements.

4è Séance. - 16 février 1922

Jeudi 16 février à 17 heures, la Société s'est réunie en séance ordinaire, en la salle de la bibliothèque de la ville, à l’hotel de Ville sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents : MM. l'abbé Lane, Pouillot, Barrier, Mallet, Voisin, Gourdin, chanoine H. Corcuff, Bénier, Bonpain, H. Le Roy Secrétaire. Etaient excusés:MM. Sylv. Saligot, Ch. Nouguier, Moussoir.
Sur la table de la bibliothèque sont disposées un certain nombre d'estampes représentant le « château de Montargis » à diverses époques. On remarque surtout une très belle copie prètée par Melle Mercier d'une vue du Chàteau antérieure à 1696. Des conversations s'engagent à ce sujet. M. l'abbé Lane dit qu'il a pu, tout récemment, se procurer les quatre belles planches tirées de l'oeuvre de Ducerceau. On s'efforcera d'enrichir les collections si pauvres en documents de ce genre.
La question des « Armoiries de Montargis » est traitée à nouveau par M. Bonpain. On conclut que l'ordonnance du 25 novembre 1815, tout en instituant pour Montargis des armes officielles, ne laissent pas d'être assez vague. En effet, elle confirme les armes données en 1430 par Charles VII. Or, cette charte ne parle que de l'M couronnée. Un autre texte de Charles VII existe-t-il? Dans tous les cas ni l'L ni l'F ne doivent figurer sur l'écu. M. Bonpain est chargé de préparer la réponse à la lettre transmise par M, 1e Maire.
Une discussion vive et intéressante s'engage sur la célèbre légende du « Chien de Montargis », qui a été si durement mise à mal par M. Guessard, il y a une soixantaine d'années. M. Le Roy fait connaître une nouvelle version que Montaigne a mise en note manuscrite. Sur l'exemplaire des « Essais », dit de Bordeaux. M. Ch. Nouguier, au cours de ses recherches, a découvert que la Maison Hachette avait publié une édition photographique de ce précieux exemplaire, contenant cette version. Les membres de la Société auraient souhaité de pouvoir acquérir cet ouvrage. Hélas ! les réserves ne sont pas encore assez importantes.
On décide de se réunir en séance de travail chaque jeudi non consacré aux séances ordinaires, à 16 heures, à la Bibliothèque. La séance est levée.

LE CHIEN DE MONTARGIS

Montaigne. - essais : Livre II. Chap. III.
A peu près au tiers du chapitre, on lit ce qui suit dans l' « exemplaire de Bordeaux » de l'édition de 1588, en marge et « écrit de la main même de Montaigne » :
« Au demeurant, ce chien ne montra de plus extraordinaire subtilité et persévérance que celuy dont le trait se lit en nos anciennes chronyque, du roy Charles cinquiesme. En la ville de Montargis-le-Franc, où gist le beau chasteau affectionné de nes roynes, vivait alors très riche homme de noblesse et bien apparenté, nommé. « Aubry de Montcresson », lequel ayant eu querelles et noises avec ung certain chevalier que nomme l'auteur de la chronique, Macaire, celuy-cy attendist nuitamment et occist son rival « ès-forest de Montargis», laquelle encore de notre temps, est très espesse et renommée de prouesses, voleries, vilenies et brigandages. Or, advint que le chien que Aubry avoit lors quant et lui, depuis plus ne se pensoit manger et esbaudir tant que ayant restrouvé le chevalier. Macaire en milieu de place publicque, lui saillit sus moult ireusement et outrageusement, de quoi feurent esbahis tous les assistans qui connoissoient que Macaire avoit été l'ennemi de son maistre. Lors feurent en doubtance quelques-uns et augurèrent malle chose avoir eu lien entre eux, d'autant que la mélancolie du chien datoit dès l'instant qu'avait disparu Aubry. Gents appostés aïant espié le chien, le virent enchasque jour cheminer « à la pierre de Petcourt », en belle erre à l'aller et pïteusement au revenir, dessous feust trouvé le corps de Aubry haché et occis vilainement et les membres destrenchez. Nostre roy Charles cinquième ayant ouï conter la chose et comme quoy le chien, d'humeur molle et bénigne à tous, ne montrait aspreté et courroux que pour Macaire, soupçonna véhémentement ce darrain avoir, par traistrise et félonnie, agi contre la vie de Aubry. Par quoy, jugea qu'il échévit gage de bataille qui eust lien « dans le castel de Montargis » estant présents, le roy, la royne, plusieurs grands prince et seigneurs es foule ou populaire du païs. Et feut baillé, à l'homme ung baston et au chien un tonneau percé pour son retraict. Et quant le chien aïant prins l'homme à la gorge, lui coutraignict advouer vergongneusement son crime, et feut Macaire desgradé de son titre de chevalier et gentilhomme et ensuite pendu. Et un peintre celesbre d'Italie, venu en France, fist plus tard de son pinceau belle et merveilleuse relation de ce combat. Cette peinture feust mise en la grand'salle du chasteau de Montargis où il l'ay veue.
« Vrayement le traict de ce chien n'arreste en arrière de ceux des antiques et si nous montre que encore bien que les hommes de nos jours ayant descheu de l'excellente condition et vigoureuse trempe d'asme des anciens temps, nos bestes ont conservé leur assiette à celle des Grecs et des Romains.

[Voir au sujet du Chien de Montargis l'article de G. Leloup : "de la légende au faux littéraire"]

5é Séance. - 2 mars 1922

Jeudi 2 mars, à 17 heures, les membres de la Société d'Emulation se sont réunis en séance ordinaire, salle de la Bibliothèque, à l'Hôtel-de-Ville, sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents : MM. l'abbé Lane, Barrier, Voisin, Chanoine H. Corcuff, Sylvain Saligot, Bénier, E. Gourdin, Legras, Bonpain et H. Le Roy, Secrétaire. S'étaient excusés : MM. Moussoir, Henri Saligot, Henri Mestier, Mallet et J. Pouillot.
M. Le Roy avec une pointe du bonne humeur cite trois faits qui démontrent combien était nécessaire le rétablissemet de la Société d'Émulation : 1° Tout récemment on a retiré des sous-sols de la mairie et fait remettre à un établissement d'instruction, des ossements de baleine, avec cette légende : « Il y a déjà longtemps, des voyageurs ont exposé devant le théàtre une baleine ; après recette fructueuse, la carcasse a été abandonnée». Voici l'explication : en 1853, 1a Société d'Emulation installa son musée et ses collections dans l'aile gauche du théâtre (bâti eu 1836), il y avait une collection d'histoire naturelle, comprenant : minéralogie, oiseaux, serpents, crocodiles, etc.. et des mandibules de baleine. 2° Un membre du Comité d'initiative, chargé de recueillir des notes pour un guide touristique, consigne bravement cette indication : On remarquera le boulevard du Chinchon, dont le nom vient du « chien chon », nom du fameux chien de Montargis. Après avoir considéré, sévèrement , notre misérable compatriote, on fait doucement remarquer qu'à la mairie, au cabinet du maire, ou voit le plan du Chinchon, des pères Récollets, qui avaient planté en « Quinconce » des arbres à l'extrémité de leur jardin. 3° Une relique d'une grande valeur, une lettre de 1486, adressée aux habitants de Montargis et revêtue d'une magnifique signature de Charles VIII, est exposée à 4 mètres de hauteur en plein soleil ; nous publierons ce précieux document, découvert en 1854 par M. de Girardot et nous appelons sur lui toute la bienveillance de l'administration.
M. J. Ouachée, président, résume la discussion ouverte au sujet « des armes de la Ville de Montargis », qui, se plaçant au point de vue historique, doivent être d'azur à la lettre M couronné d'or, l'écu semé de fleurs de lis de même, avec des lacs hors de l'écusson, où il y a d'une part un L, et de l'autre un F, pour faire : le Franc. La couronne doit être celle en usage sous Charles VII, comme on le voit dans des documents de cette époque : les armes de Jeanne-d'Arc, celles de la ville de Pérenne, à la Bibliothéque Nationale, dans l’armoirial de France, sur une sculpture provenant du chateau de Montargis ; enfin, sur une pièce de monnaie trouvée au couvent St-Dominique lors des travaux contemporains. Il serait illogique que la forme de la couronne changeât avec les différents règnes.
MM. Barrier et Le Roy font un exposé d'un grand intérêt au sujet de l'emplacement des diverses portes de la ville : porte de la Sézanne (ou de la Syrène); porte du Château (ou d'Orléans) ; porte de la Geôle, porte du Pont-de-l'ouche, porte de Loing, porte du Pestilz dans les fortifications de la première enceinte. Puis celle de la porte aux Moynes et de la Poterne dans la deuxième enceinte.
II serait souhaitable au point de vue de l'histoire locale et aussi dans l'intérêt des touristes, d'en indiquer exactement l'emplacement par des plaques d'un aspect artistique. Cette discussion sera continuée.
M. Barrier, à propos de ses recherches dans l'emplacement de la ville antique des Closiers, soumet à l'examen de ses collègues, une jolie pièce émaillée, maguifiquement conservée. Elle a été trouvée par M. Firmin Bruzel, en faisant un défoncement dans sa propriété, rue de Château-Renard à 2 mètres de profondeur. M. Barrier rappelle que les Arvernes ont découvert 1e procédé de l'émaillage. Cet objet est-il dû à leur industrie? M. Voisin hésite à souscrire à cette opinion, en raison du caractère nettement Egyptien du motif reproduit, une tète de Cléopâtre peut-ètre.
Enfin, M. Bonpain fait une communication au sujet du fameux « Pompier de Montargis », tiré d'un journal d'Orléans, sous la signature de M. Nottin. Cette relation est très fidèle et en concordance parfaite avec celle d'un contemporain, le regretté M. Ferdinand Despagne, ancien professeur de l'Université.
La séance est levée à 19 heures. Prochaine séance le 16 mars.

6é Séance. - 16 mars 1922

La Société s'est réunie en séance ordinaire le jeudi 16 mars à 17 heures, en la salle de la Bibliothèque de la Ville, à l'hôtel de ville, sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents : MM. G. Barrier, Bénier, B. Gourdin, Voisin, Sylvain Saligot, F. Gibert, Bonpain et H. Le Roy, secrétaire. Plusieurs membres empêchés se sont fait excuser.
Au début de la réunion, MM. Bonpain et Le Roy présentent M. Frédéric Gibert, membre de plusieurs sociétés savantes, venu à Montargis recueillir des documents relatifs à l'amiral Latouche-Tréville. Avant et pendant la période de la Révolulion française, ce personnage a joué un rôle de 1er plan ; il a été député du Bailliage de Montargis aux Etats généraux. Il serait fort intéressant que Latouche-Tréville fut mieux connu de nos compatriotes. Aussi, M. Gibert a bien voulu consentir à traiter cet intéressant sujet historique, dans une conférence, qui aura lieu, sous les auspices de la Société d'émulation, le jeudi 30 mars, à 8 heures du soir, en la salle des mariages, à l'hôtel de ville.
Avant d'aborder l'ordre du jour, M. Bonpain, au sujet des Armes de la Ville, rappelle qu'il a été adopté que les lettres L et F ne doivent pas figurer ni sur l'écusson, ni dans les lacs.
La Société accueille avec reconnaissance la décision du Conseil municipal ratifiant la demande qui lui a été présentée d'accorder une concession perpétuelle et gratuite pour la sépulture du poète montargois Alexandre Levain.
On examine ensuite avec le plus vif intérêt deux plans anciens de Montargis, mis à la disposition de la Société par M. le Maire de la Ville. On remarque les deux enceintes, l'emplacement des tours, des monuments civils et religieux, dont plusieurs sont disparus ; 1e vieux Château, les moulins de Crêve-coeur et du Chàteau, les cours d'eau, le couvent Saint-Dominique et sa vaste église, le lieu où sous le ciel on rendait la justice, etc.
Le second plan concerne le couvent des Récollets avec l'indication du Chinchon, planté d'arbres et comprenant tes terrains de la rue Périer actuelle.
Un troisième plan de la collection Tassin, daté de 1628, communiqué par l'un des sociétaires, est très intéressant, car il donne le cours du Loing avant les travaux des canaux de Briare et du Loing.
Enfin, M. G. Barrier donne lecture du rapport dont il a bien voulu se charger avec son collègue M. Le Roy, au sujet de I'emplacement des diverses Portes de Ville.
On a pu très exactement retrouver l'emplacement de toutes ces portes, donner les noms sous lesquelles on les a désignées aux diverses époques, indiquer les dates de leur démolition. Il serait fort intéressant, pense-t-on de signaler ces vieux souvenirs par des plaques indicatrices ayant quelque caractère artistique.
Ceci rentrerait dans le plan d'embellissement de la Ville, que la municipalité met en ce moment à exécution. Aussi est-il décidé de donner communication de ce rapport au Syndicat d'initiative, qui jugera s'il y a lieu de le soumettre à l'administration municipale pour exécution.
Vu l'heure tardive, deux autres numéros de l’ordre du jour seront renvoyés à la prochaine séance, qui aura lieu le 6 avril, 1er jeudi du mois.
La Société d'Emulation de Montargis a fixé au jeudi 30 mars sa première conférence, qui aura lieu dans la salle des mariages de l'hôtel de viIle, à 8 h. 1/2 très précises.
M. Frédéric Gibert, ancien diplômé de l'Ecole des Sciences politiques, membre de la Société d'émulation, traitera le sujet suivant : L'Amiral de la Touche-Tréville, député de Montargis aux Etats Généraux.
Les personnes qu'intéressent les travaux de la Société d'émulation et notamment l’histoire locale, y sont cordialement invitées.

1re Conférence. - 30 mars 1922

L'Amiral Latouche-Tréville député à Montargis aux Etats-Généraux

Voici la très intéressante conférence faite, le jeudi 30 mars, sur l'amiral Latouche-Tréville, par M. Frédéric Gibert, à l'Hôtel de Ville :
Peu de carrières, dit le confèrencier, ont été à la fois, aussi mouvementées et aussi utiles au bien public que celle de Louis-René-Madeleine, comte de Latouche-Tréville. Il est issu d'une vieille famille parisienne, les le Vassor qui s'établirent au dix-septième siècle à la Martinique où ils occupèrent des postes éminents dans la marine et dans l'administration. Dès l'âge de 13 ans, il entrait dans l'armée de mer et débutait sous les ordres de son oncle. Dix ans plus tard, sa santé fort ébranlée par sept rudes campagnes de guerre (nous sommes en 1768) l'obligea à servir pendant quatre années comme capitaine de dragons mais dès que cela fut possible, il fut réintégré en qualité de capitaine de brûlot. Il prit la part la plus glorieuse à la guerre d'Amérique, où, après de nombreux exploits, il finit par tomber entre les mains des Anglais, peu de temps avant la paix de Versailles du 5 mai 1783.
Lié avec le duc d'Orléans, il devint en 1787, son chancelier et l'intendant général de ses biens. Ces fonctions l'amenèrent à Montargis où il fut nommé grand bailli d'épée. En cette qualité, il fut chargé de convoquer la noblesse en vue de l'élection de son député aux Etats Généraux. II obtint ce mandat par 78 voix sur 109 votants. II avait dù auparavant acquérir un fief, celui de Platteville, mais ne le conserva que durant quelques mois. L'état de sa fortune, fut, en effet, toujours précaire, sa famille s'étant ruinée an service du pays. Latouche s'était franchement rallié aux idées nouvelles ; en effet, sa vive intelligence lui avait fait discerner les vices de l'Ancien régime, et de même que les jeunes gentilshommes qui avaient fait avec lui la guerre d'Amérique, il avait rapporté de là-bas une grande admiration pour les institutions libérales. Ses électeurs partageaient ses idées et lui envoyèrent une adresse légale 11 juillet 1789, lui donnant carte blanche à l'assemblée, où il s'occupa surtout de questions économiques et maritimes. A l'expiration de son mandat, il revint à Montargis, dont le duc d'Orléans lui avait vendu 1e chàteau. Il y installa une raffinerie de sucre, d'où le nom actuel : rue de la Raffinerie, et une manufacture de coton qui est l'origine de l'appellation : Mont-Cotonnier appliquée à la butte qui domine la Ville. Ces établissements employaient plus de quatre cents ouvriers. En outre, Latouche, pour combatttre le chômage, fit exécuter des travaux d'utilité publique tout en bienfaiteur de la commune : il devait, certainement, avoir des commanditaires.
Dès que la guerre éclata ,en 1792, il reprit du service à la mer et fit une brillante campagne en Méditerranée, sous les ordres de Truguet, ce qui lui valut le brevet de contre-amiral. Malheureurement, il appartenait à la classe « ci-devant privilégiée » , aussi fut-il destitué, puis jeté, pendant un an, dans l'affreuse geole de la Force, à Paris, où il contracta le germe d'une maladie mortelle, ce qui eut pour notre marine une lamentable conséquence ! Il adressa plusieurs suppliques au Comité de Salut Public afin d'obtenir un élargissement. La municipalité de Montargis les appuyait en y joignant des rapports favorables où elle rappelait, outre les preuves de civisme qu'il avait données, outre les fonctions publiques qu'il avait remplies dans la ville : assesseur de juge de paix, puis commandant des gardes nationales (où il avait servi d'abord en qualité de simple grenadier), l'utilité qu'il y aurait à le remplacer à la téte de ses usines. En effet, les ouvriers n'y étaient plus que 150. Rien n'y fit, le malheureux ne fut relaxé que par la réaction thermidorienne, le 20 septembre 1794. Rappelé à l'activité dans une réforme et revint à Montargis pendant quelques mois, en 1796 ; il dut se contenter du poste de chef de la Légion du District, où, il fut englobé. Sa situation était alors très précaire : à cause des hostilités, ses usines périclitèrent et il fut contraint de les vendre, réduit pour vivre à une maigre pension. Enfin, en 1799, il fut définitivement réintégré dans les cadres et reçut le commandement de la flottille qui devait coopérer à Boulogne, avec l'armée destinée à l'Angleterre. ll acquit alors un titre impérissable à notre reconnaissance : en effet, par deux fois, il battit Nelson jusqu'alors invaincu. L'opinion publique anglaise comprit alors qu'un débarquement était possible, elle prit peur, et sous sa pression, le gouvernement britannique hâta la conclusion de la paix d'Amiens.
L'expédition contre les noirs de Saint-Domingue se poursuivait dans les plus lamentables conditions. La Touche y fut envoyé. Pendant les deux derniéres années qu'il resta dans cette ile infernale, malgré une santé fort ébranlée, il y donna les plus beaux exemples d'habileté, de courage et d'abnégation. Rentré en France à la fin de 1803, il était promu au grade de vice-amiral et chargé, par Napoléon, de préparer à Toulon, une expédition contre Nelson. Quelques mois après, hélas ! il expirait à bord de son vaisseau qu'il n'avait pas voulu quitter. S'il eût vécu, Trafalgar n'eût certainement pas eu lieu !
Pendant la grande guerre, son nom parut, une fois de plus, dans les combats, car le vieux croiseur qui le portait se comporta vaillamment en Orient et dans les Dardanelles.
Trop peu connue est la carrière de l'amiral comle de 1a Touche -Tréville, qui fut un grand marin et un bon citoyen de France...

7é Séance. - 6 avril 1922

Les membres de la Société d'Emulation se sont réunis en séance ordinaire, salle de la Bibliothèque municipale, à l'Hôtel de Ville, le jeudi 6 avril, à 17 heures, sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents : MM. Pouillot, abbé Lane, Bonpain, Barrier, chanoine Corcuff, R.-P. Gourdin, Voisin, Bénier, H. Le Roy secrétaire. Plusieurs membres empêchés se sont fait excuser.
Tout d'abord, M. le Président se félicite du vif succès de la savante conférence où M. F. Gibert a mis en lumière de si intéressants documents sur notre illustre compatriote, l'amiral La Touche-Tréville. Il est bien à souhaiter que la génération présente prenne soin, à Montargis, de cette gloire nationale.
Encouragée par cet heureux début, la Société décide d'organiser deux ou trois conférences au cours de l'année.
M. Ouachée donne ensuite lecture d'une lettre qu'il a reçue de M. le Maire de Montargis, qui a bien voulu se charger d'obtenir, pour notre musée, une oeuvre d'art des plus précieuses. C'est un tableau représentant Jeanne-d'Arc, avec la mention suivante, sur la peinture mème : « Offrande faite par la Ville de Montargis à Notre Dame pour lui demander la vie de Jeanne alors prisonnière et portant la date de 1431 ». C'est ainsi que ce tableau est décrit par M. Parmentier, agrégé d'histoire, professeur de l'Université, dans un album historique concernant la lin du Moyen-Age.
On sait que les Montargois avaient pour notre héroïne nationale un dévouement sans bornes. Les vainqueurs de 1427 étaient à Orléans en 1429, avec leur puissante artillerie et leurs artilleurs réputés. On disait d'eux : « sergents de Montargis : bons Bastons ». On désignait sons le nom de Baston, les canons d'alors.
II résulte de la lettre de M. le Maire, que le dépositaire de ce tableau ne fera aucun obstacle à son attribution au Musée de Montargis, quoiqu'il conteste les précisions données par M. Parmentier. Au nom de la Société, M. Ouachée remercie vivement M. le Maire et lui demandera de bien vouloir continuer ses démarches.
M. G. Barrier fait ensuite une communication au sujet de la Légende du Chien de Monlargis. II oppose à la version que Montaigne a mise en note manuscrite sur un exemplaire de son édition de 1588, qui existe à la Bibliothèque de Bordeaux, la version de Marc Vulson de la Colombière.
Cet auteur raconte toutes les circonstances de la légende dans son ouvrage devenu très rare: « Le vrai théàtre d'honneur et de chevalerie ou le miroir historique de la Noblesse (Paris, 1648, 2 vol. infolio) ». A l'encontre de Montaigne, aucun des détails n'a trait à Montargis. Le combat a lieu dans l'Ile Notre-Dame, à Paris. L'assassinat dans la forèt de Bondy. Et ce n'est plus Aubry de Montcresson, la victime, mais Aubry de Montdidier. Mais l'auteur présente encore l'histoire comme véridique.
Il restera à aborder la troisième version, celle de Guessard,exposée dans la préface de son édition du vieux poème « Macaire » (1866 in-18). Cet auteur détruit complètement notre vieille légende.
M. le chanoine Corcuff insiste pour que cette irritante question soit vidée définitivement. Plusieurs membres promettent de s'atteler à cette laborieuse besogne.
On reviendra à la prochaine séance à une question que l'heure avancée empêche d'aborder : celle relative au dépouillement incomplet des archives municipales. Il sérail, parait-il, possible d'ajouter la publication de quatre volumes à l'unique volume publié en 1893.
La prochaine séance aura lieu 1e jeudi 20 avril.

8é Séance. - 20 avril 1922

Les membres de la Société d'émulation se sont réunis en séance ordinaire, le jeudi 20 avril, à 17 heures, en la salle de la Bibliothèque municipale, à l'hôtel-deville, sous la présidence de M. J. Ouachée.
Etaient présents : MM. G. Barrier, Monereau, D. Bonpain, R.-. Gourdin, P. Bénier, Mailfert et H. Le Roy, secrétaire. Etaient excusés : MM. le chanoine Corcuff et Sylvain Saligot.
En raison des fêtes de Pâques, plusieurs fidèles membres étaient absents.
On revient sur la question, abordée à la dernière séance, du dépouillement incomplet des Archives municipales de Montargis. Un seul volume a été publié en 1893. Or, M. Ed. Michel, président de la Société historique et archéologique du Gâtinais, avait fait un dépouillement beaucoup plus complet et comportant quatre volumes manuscrits. Lors de la mort de M. Michel, ce travail est devenu la propriété de la Société, que préside aujourd'hui M. G. Pallain. II est décidé que M. Ouachée sollicitera la communication de ces quatre volumes, dont les travailleurs et les chercheurs de l'Emulation espèrent tirer le plus grand profit pour l'histoire locale.
On aborde ensuite la question d'une autre source d'abondants documents. On veut parler des Collections de Journaux locaux, déposés à la mairie. Déjà la Bibliothèque possède un grand nombre de numéros d'anciens journaux (pas tous, hélas !): Petites Affiches du Gâtinais, 1774 à 1813 ; Affiches, Annonces de Montargis, 1813 à 1841 ; L'Indicateur de Montargis, 1848 à 1861 ; les deux séries du Loing, 1841 à 1853 et 1851 à 1871, où l'habile écrivain qu'était Alexandre Levain, a publié de nombreuses et trés intéressantes notices historiques ainsi qu’Emile Grimont et autres. Il serait bien souhaitable d'assurer de mème la conservation des collections contemporaines des journaux locaux en les protégeant par un simple cartonnage, ce qui en rendrait plus facile les recherches. Il serait regrettable de risquer de perdre ces documents, qui contiennent tant de renseignements utiles, concernant l'administration, la statistique, les événements les plus divers, la propriété foncière, les transformations de l'industrie, l'histoire au jour le jour de la Ville, etc., etc. Pensons à ceux qui nous suivront.
Puis M. H. Le Roy donne communication d'une notice écrite en 1895 par le savant archiviste du département, M.Jules Doinel, au sujet de la découverte des Sépultures dans l'emplacement de l'ancien Couvent de Saint-Dominique-lez-Montargis. Cette église était, presqu'aussi vaste que l'Eglise paroissiale actuelle et était coustruite en bordure de l'avenue St-Dominique (alias Ad. Cochery). Démolie en 1805-6, les pierres tombales furent alors sciées et en partie employées à paver l'ancienne usine de Buges. Vers 1870, l'abbé Patron relate qu'on a trouvé plusieurs tombes et cercueils de plomb en démolissant des constructions de ce monastère. Cette église, ancienne d'ailleurs, n'était pas l'église primitive où Saint-Dominiqne vint prècher vers 1207. La séance est levée à 19 heures. La prochaine réunion aura lieu le 4 mai.

9é Séance. - 4 mai 1922

Jeudi 4 mai, à 17 heures, les membres de la Société se sont réunis en séance ordinaire, en la salle de la Bibliothèque municipale, à l'hôtel de ville, sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents : MM. l'abbé Lane, Pouillot, G. Barrier, chanoine Corcuff, Bénier, docteur Clergeau, Voisin, R. Monnereau, C. Mailfert, D. Bonpain et H. Le Roy, secrétaire. S'étaient fait excuser MM. P. Moussoir et R.-P. Gourdin. M. le Président, au nom de la Société adresse ses sympathiques félicitations à M. Gourdin, à l'occasion de l'heureuse naissance de son fils Lucien, son dixième enfant.
M. J. Ouachée fait connaitre que M. le Président du Syndicat d'initiative de la Région de Montargis, à qui le rapport de MM. Barrier et Le Roy sur le projet d'apposer des plaques rappelant l'emplacement de monuments anciens ou des faits d'histoire locale, lui a transmis l'avis du Syndicat, pris en assemblée générale. Ces Messieurs approuvent ce rapport et souhaitent très vivement sa mise à exécution par la Municipalité. M. le Président fera donc les démarches nécessaires.
On entend ensuite avec beaucoup d'intérêt la communication de M. G. Barrier, qui, en 1899, au cours d'un travail de son service des Ponts et Chaussées, fit la découverte d'un lot important de monnaies gauloises. Ces monnaies d'argent, d'une conservation parfaite, ont été trouvées, entre le pont sur le Puiseaux et le faubourg d'Orléans à 30 mètres du pont, avenue Gaillardin. Il y avait une centaine de pièces, non mélangées à d'autres, dans un petit vase de poterie noirâtre. Un amateur numismate a affirmé qu'elles avaient tous les caractères des monnaies des Carnutes.
Le point de la trouvaille se trouve à la bifurcation des deux chemins celtiques et vient confirmer les travaux de MM. Guignebert et Le Roy père (1864). L'un de ces chemins se dirige à l'ouest de la colline du chàteau vers les anciennes carrières de M. Malatre, à la Pontonnerie ; l'autre longe la colline, à l'est, passe au chemin des Morts, où déjà d'autres trouvailles celtiques avaient été faites, et tend vers Cepoy. M. H. Le Roy fait remarquer que c'est là, au reste, un argument puissant en faveur de la thèse (Adrien de Valois et autres), qui situe à Montargis, Vellauno-dunum : Vel, tête, embouchure, auno, Ouanne, dunum, colline, oppidum, c'està-dire colline à l'embouchure de l'Ouanne.
Des titres privés et administratifs mentionnent cette rivière à Montargis, où elle prend fin.
M. Le Roy complète cette communication, en soumettant à la compagnie une photographie que lui a transmise récemment son ami, M. Jules Lemaignen, juge de paix à Cosne. Cette pbotographie représente un superbe vase gaulois, en argent rehaussé d'or, trouvé, il y a peu de temps, à Entrains, au fonds d'un puits. On remarque des dessins en relief dont les différents types se rapprochent beaucoup de ceux des monnaies gauloises trouvées à Montargis.
M. H. Le Roy fait savoir qu'il résulte d'une correspondance entre M. l'abbé Desnoyer, fondateur du Musée historique d'Orléans et son père, qu'une statue équestre de Jeanne-d'Arc a existé autrefois à l'église Sainte-Marie-Madeleine de Montargis. Un témoin des plus honorables, M. Laurent Duchesne-Rabier, se rappelait avoir vu porter cette statue de bois d'un travail assez grossier, à la procession des Enfants Perdus faite (en commémoralion des soldats tombés au cours des guerres de la Révolution et de l'Empire), à l'emplacement de l'ancienne Croix-auxAnglais sous la Restauration.
Cette statue n'a pu être retrouvée depuis. On sait d'ailleurs que les Montargois avaient beaucoup d'attachement pour la mémoire de Jeanne d'Arc, qu'ils avaient aidée à Orléans, en 1429.
M. D. Bonpain a dessiné avec beaucoup d’art un motif héraldique pour servir d'insigne ou de sceau à la Société d'Emulation. Chacun lui adresse de chaleureux compliments; il en fait présent à la Société et on décide de mettre ce projet à exécution.
M. G. Barrier dépose enfin une communication de M. Lespinasse, de Vinneuf (Yonne), au sujet de l'Imprimeur Montargois Bottier et des livres imprimés par lui. Cette question sera traitée a la prochaine séance, qui aura lieu jeudi 18 mai.

10é Séance. - 18 mai 1922

Jeudi, 18 mai, à 17 heures, les membres de la Société se sont réunis en séance ordinaire, en la salle de la bibliothèque municipale, à l'hôtel de ville, sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents : MM. L’abbé Lane, J. Pouillot, G. Barrier, chanoine H. Corcuff, Bénier, docteur Clergeau, R. Monnereau, Mailfert, P. Moussoir, O. Bonpain, Voisin, H. Le Roy, secrétaire. S'étaient excusés : MM. Ch. Nouguier et R. Gourdin.
MM. G. Barrier et Le Roy fait connaitre qu'ils ont eu le plaisir de visiter la très belle bibliothèque (15.000 volumes) du château de ta Motte de Vimory. C'est la bibliothèque d'un homme de goût, d'un littérateur. Malheureusement, ce n'est en rien la mine aux documents rares d'histoire locale, qu'on espérait rencontrer dans ce Vieux domaine. Le catalogue, la classification, par contre, sont parfaites, et l'Oeuvre d'un spécialiste ; on devra s'en inspirer pour le remaniement de la bibliothèque de Montargis.
Ces messieurs ont appris, par ailleurs, que 1e clocher de V imory, seul témoin resté debout de la fameuse et importante bataille du 27 octobre 1587, venait d'étre classé comme monument historique.
M. le Président rend compte ensuite des démarches faites, au nom de la Société, auprès de M. Pallain, en vue d'obtenir communication des 4 volumes manuscrits du dépouillement des archives municipales de Montargis. Il s'est heurté à un très aimable refus. C'est donc un travail pénible et de très longue haleine, qui est réservé aux travailleurs de la Société d'Emulation. M. Ouachée a été plus heureux auprès de M. le Maire de Montargis, qui est très favorable aux mesures de conservation des journaux locaux et à leur dépôt à la Bibliothèque. II a conservé pour l'étudier, le rapport relatif aux plaques à apposer pour rappeler des faits d'histoire locale.
On se rappelle que M. Lespinasse, notre ancien compatriote, avait avisé l'un de nous, que Bottier, en1668, avait imprimé un livre : Dipné, infante d'Irlande, tragédie dédiée à Melle Eléonor de Rohan (sic). Ce livre, très rare, est indiqué par Paul Lacroix comme le premier livre imprimé à Montargis. L'auteur anonyme est F. d'Avre, curé de Minière-enGàtinais. M. H. Le Roy fait remarquer que J.-B. Bottier a succédé à Jean Frapin, mort le 6 février 1667, qui avait été lui-même imprimeur à Montargis, pendant 35 ans.
II est très probable que, lui aussi, a dû imprimer différents ouvrages. Ainsi: La cérémonie avec le rituel pour les religieuses Bénédictines de N.-D. des Anges, à Montargis, l'an du Jubilé 1650 ; sans doute encore on lui doit la réimpression, dès 1621 ou 1634, des Privilèges, Franchises et Libertés des Bourgeois .. de Montargis-le-Franc, publiés d'abord à Paris en 1608, chez Pierre Chevalier.
Le collège des Barnabites, qui compta tant de bons écrivains, et fondé en 1620, a dû aussi être un bon client du ou des prédécesseurs de Bottier. Michel Prévost, un peu plus tard, se disait imprimeur de la ville et du Collège. Il imprime en 1683 L'abrégé des règles de la vie chrétienne, du médecin montargois Dubé.
En 1867 il imprime un autre livre de Dubé, l'Etablissement du Bureau des Pauvres et de l'Hôpital général de la ville de Montargis. Les noms des imprimeurs qui ont suivi sont Bobin, Vin, Robin, Lequatre, Sensier, Fortin, Cbrétien, Zanotte qui, au dire de M. Nottin, récolta, du 27 mai au 11 juillet 1850, 39 mois de prison et 4. 100 francs d'amende. C'était Emile Deschanel, le père du futur président, qui écrivait des articles dans le journal de Zanotte, L'Ami du Peuple. En 1851, Em. Deschanel, arrêté et incarcéré à Montargis, fut proscrit. Il gagna la Belgique, où devait naître son fils Paul, victime naguère d'un accident inexplicable près de Montargis.
Le secrétaire fait savoir qu'il a reçu de M. Saulnier père (de Châlette), divers ouvrages écrits par son fils, Eugène Saulnier, éléve diplômé de l'Ecole des Hantes Etudes, archiviste-paléographe. Le plus important est consacré au Rôle politique du Cardinal de Bourbon (Chartes X) 1523-1590. On sait que E. Eugéne Saulnier, ayant un avenir plein de promesses, est mort au début de sa carrière, laissant les plus sympathiques regrets auxquels la Société s'associe.
M. R. Monnereau regrette que les ressources de la Société ne lui permettent pas encore la publication d'un bullelin ; il demande que cette question soit examinée. Il a retrouvé au chateau des Bourgoins, une pierre sculptée rappelant le séjour de la vieille famille des Courtenay, il se propose de la soumettre à l'examen de la Société.
Dans le mème ordre d'idées, M. le docteur Clergeau demande que la société veuille bien venir en aide à son savant ami, M. le curé de Villemoutiers, pour faire réintégrer dans son église le socle d'une croix extérieure. Cette pierre intéressante par ses sculptures et ses armoiries, est sans doute la cuve d'anciens fonds baptismaux.
MM. Bonpain et Le Roy demandent, eux, qu'une commission soit chargée d'étudier et de présenter un rapport sur la possibilité d'organiser, à Montargis, une exposition comprenant l'art du dessin : peinture, aquarelle, art décoratif, dessin d'architecture, photographie, etc., et d'y ajouter une exposition rétrospective. Cette idée est agréée. MM. Voisin, Barrier, Bonpain et Le Roy sont désignés comme membres de la commission. Ces Messieurs arcceptent l'aide de tous tes dévoués collègues, ce qui est convenu. On se retire à 19 heures. Prochaine séance jeudi 1er juin.

11è Séance. - 1er juin 1922

Jeudi 1er juin, les membres de la Société se sont réunis en séance ordinaire, Salle de la bibliothèque, à l'hôtel de ville, sous la présidence de M. J. Ouachée. Etaient présents : M.M. l'abbé Lane, J. Pouillot, R. Monnereau, Ch. Nouguier, chanoine H. Corcuff, Voisin, Bénier, Sylvain Saligot, G. Barrier, D. Bonpain, H. Le Roy, secrétaire.
M. R. Monnereau dépose sur la table des délibérations une pierre, d'un poids respectable, portant sculptées en relief les armes de la famille de Courtenay. Le docteur Trioson, propriétaire du domaine des Bourgoins, commune d'Amilly, avant la Révolution, fit démolir l'ancien chàteau et édifier le nouveau sur les anciennes fondations. II conserva ces armoiries comme témoignage de l'ancien séjour Ces Courtenays. M. Monnereau se fait un plaisir d'offrir à la Société d'émulation ce document historique, qui a un lien étroit avec l'histoire de Montargis.
M. le Président remercie vivement le donateur : ultérieurement, une discussion sera ouverte sur cette intéressante question.
M. le Président fait part qu'il a reçu une proposition d'un anonyme de faire une conférence sur Mme Guyon sous les auspices de la Société après les vacances. Accepté.
Le secrétaire fait savoir qu'il a reçu de Melle Magniez, du château de la Chapelle, de Vimory, un paquet de journaux locaux comprenant la période de la grande-guerre. Des remerciements sont également adressés à la donatrice par 1e Président : la société accueillera toujours avec reconnaissance semblables documents de toutes les époques.
On revient, à la demande de M. Bonpain, sur le projet d'organiser à Montargis une exposition artistique. M. Pouillot dit qu'à Melun une semblable exposition est organisée, chaque année, depuis dix ans, avec un succès toujours croissant. Il remet 1e règlement de cette exposition à la commission chargée de cet objet et qui doit établir un rapport permettant une étude définitive de ce projet.
Sur la proposition de M. Barrier, on décide d'organiser (entre les membres de la Société pour commencer), une série de conférences-visites au musée de la Ville. Chacun apporterait les renseignements qu'il peut posséder sur l'origine, sa valeur, l'intérêt local de chacune des oeuvres qui se trouvent réunies dans les belles salles ou musée. Par la suite, un catalogue intéressant et documenté serait rédigé dans l'intérêt du public. MM. Voisin et Le Roy veulent bien se charger de guider leurs collègues.
M. 1e Président fait remarquer qu'ainsi la Société inaugurera la 2e section des travaux objets de son activité, la section des Beaux-Arts.
Comme conséquence, il est décidé que la prochaine séance du jeudi 15 juin sera entièrement consacrée à une première visite du musée.


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