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L'église paroissiale Saint-Eloy
de Ferrières

par René Lebert
transcrit par Jacques Billard

(pour contacter le transcripteur, cliquez ici)
Cet article est extrait du Bulletin de la Société d'Emulation N°109, 1999

Il a été retrouvé dans des archives familiales un manuscrit intitulé : " Histoire de Ferrières en Gastinois d’après des renseignements puisés aux archives communales, par René Lebert, secrétaire de la mairie de Ferrières ".

Monsieur René Lebert a exercé les fonctions de secrétaire à la mairie de Ferrières-en-Gâtinais du 16 avril 1919 au 31 mars 1950. Passionné d’histoire locale, il a, durant ses loisirs, étudié de nombreux documents provenant des archives de la commune et, naturellement, l’idée lui est venue d’écrire une histoire de Ferrières en s’attachant surtout à des événements et à des faits peu connus à ce jour par les historiens qui avaient déjà écrit sur ce sujet.

La rédaction de ce manuscrit a débuté en 1937, mais malheureusement l’auteur, René Lebert, est décédé peu de temps après avoir cessé son activité professionnelle, et avant d’avoir terminé la rédaction du manuscrit qui devait comprendre quatre grands chapitres :

  1. Vue générale de Ferrières
  2. L’Eglise paroissiale et les chapelles (la chapelle Saint-Fiacre, la chapelle Saint-Lazare)
  3. L’Hôtel Dieu
  4. Questions de l’administration de la ville et conflits divers

Seul le premier chapitre et une partie du second ont vu leur rédaction menée à bien. Nous vous proposons ici la  partie du second chapitre consacré à l’Eglise paroissiale Saint-Eloy.

Jacques Billard


Chapitre deuxième

L’Eglise Paroissiale Saint-Eloy

Après avoir dans le chapitre précédent, déroulé pour le lecteur ce film historique, si l’on peut ainsi parler, destiné à le familiariser avec ce qui va suivre, et qui concerne principalement la vie religieuse de Ferrières, ce deuxième chapitre traitera uniquement des Eglises de la ville (Eglise paroissiale et chapelles) en laissant de côté intentionnellement, l’abbaye, ainsi que Notre-Dame de Bethléem que les historiens autorisés ont décrit à loisir et de façon fort complète. Nous allons tout d’abord réédifier pour l’habitant de Ferrières, son ancienne Eglise paroissiale dite de Saint-Eloy et qui fut complètement démolie au cours de la révolution de 1789. La chapelle Saint-Fiacre, qui eût une place assez marquée dans la vie intérieure de la petite ville sera également décrite dans ce chapitre, que terminera une relation assez succincte de faits se rapportant à la chapelle attenante de la Maladrerie de Saint-Lazare, laquelle datant du quinzième siècle, aujourd’hui à usage de grange, s’élève à l’entrée de la ville qu’elle domine en venant de la gare.

En ce qui concerne Saint-Eloy, église paroissiale de Ferrières, et qui par suite joua un rôle très important dans l’histoire de la cité, je ne saurais indiquer la date précise de sa construction, puis de sa reconstruction. Voici quant à ses origines ce qu’en dit l’abbé Lelus, dans son guide de Ferrières : " Saint-Amand, archevêque de Bordeaux, se trouvant de passage dans le Gâtinais rencontra un ermite de Notre-Dame de Bethléem qui était aveugle, il le guérit et sur l’emplacement où ‘s’était opéré le miracle fut élevée une église dédiée au saint archevêque. Démolie à la suite d’une invasion, cette église fut reconstruite grâce au concours de nombreux forgerons de la ville qui exigèrent que le nom du patron de leur confrérie Saint-Eloy fut ajouté à celui de Saint-Amand. On arriva même à oublier totalement celui de celui-ci et l’église fut appelée uniquement Saint-Eloy ". Toutefois le nom de Saint-Amand subsiste encore au plan cadastral sur lequel on peut lire, attenant au cimetière actuel, Clos de Saint-Amand.

La croix de pierre que l’on rencontre au sortie de la ville, à l’angle de la route de Montereau et du chemin de Crachy porte le nom de Croix de Saint-Amand. Il est permis de supposer qu’elle avait été édifiée à l’endroit où s’était accompli le miracle. Au cours de l’année 1936, par suite de l’amélioration du virage de cet endroit et en raison de l’élargissement du chemin, cette croix dût être déplacée. Elle fut alors transférée au milieu de la petite place voisine sise en face l’Ecole Publique de Filles, à une cinquantaine de mètres de son emplacement primitif. Avant de reconstituer dans les pages qui vont suivre l’Eglise Saint-Eloy, il convient semble-t-il de déterminer l’emplacement exact. Pour répondre à ce soucis je crois que le plus simple est de transcrire ici l’acte de vente du dit terrain du 17 Février 1822, ainsi qu’un procès-verbal de bornage du 18 Juillet 1854. Pièces mises aimablement à ma disposition Par Monsieur Jules Merle, propriétaire actuel de l’emplacement de l’ancienne l’église, habitant le Moulin de Saint-Eloy, et dont la maison d’habitation et les dépendances portent en leurs murs un grand nombre de pierre provenant sans aucun doute de l’ancienne église. Voici tout d’abord la transcription du dit acte de vente :

" Par-devant Maître Mathieu Delphin Denis, notaire à Ferrières département du Loiret, soussigné, ont comparus :

  1. Hélène Deloince Veuve du sieur Pierre Pautré, charpentier demeurant à Ferrières, faubourg du Perray
  2. Hélène Pautré fille majeure demeurant avec la Vve Pautré, sa mère
  3. Héloise Pautré, aussi majeure, demeurant au dit Ferrières, chez sa mère
  4. Rosalie Pautré, majeure, épouse de Jean-Baptiste Foulon, garçon meunier au Moulin Collumeau, demeurant à Ferrières de son mari pour ce présent dûment autorisé
  5. Pierre Pautré, majeur, charpentier, demeurant à Ferrières et Marguerite David sa femme. Les dits Hélène, Héloise, Rosalie et Pierre Pautré, héritiers pour chacun un quart de Pierre Pautré, leur père, décédé, charpentier à Ferrières, qualité qui se trouve constaté authentiquement par l’inventaire fait au décès du dit sieur Pautré ; suivant procès verbal reçu par Maître Guyon, notaire à Ferrières, le deux mars mil huit cent douze, enregistré.
  6. Martin Bourdeau, vigneron, demeurant à Ferrières
  7. Et madeleine Bourdeaux, épouse du sieur François Boutron maçon, demeurant à Ferrières, de lui pour ce présent dûment autorisée.

La dite Dame Boutron héritière unique ainsi qu’il a été déclaré au notaire soussigné de Madeleine Ravier sa mère, décédée femme du dit sieur Bourdeaux. Lesquels ont par les présentes vendu en s’obligeant solidairement à toutes garanties de fait et de droit à Monsieur Dominique Philibert Marie Vincent Delornet, propriétaire, demeurant à Paris, rue d’Amboise N°3 à ce présent et ce acceptant. Un terrain de la contenance d’environ quarante deux ares vingt un centiares (un arpent) sur lequel était autrefois construite l’Eglise de Saint-Eloy et le terrain qui dépendait de cette église, située commune de Ferrières, en face du cimetière, tenant d’un long du nord au sieur Jean Barthélémy, d’autre côté du midi à Beauvillard, d’un bout du levant au chemin, d’autre bout à la vigne du sieur Amand Aubert. Ainsi que ce terrain consiste et se comporte avec tous les matériaux, qu’il peut contenir, sous la réserve néanmoins faite ci-après, mais sans aucune garantie, de la contenance dont le plus ou le moins sera au profit ou à la perte de l’acquéreur qu’a déclaré connaître l’emplacement et en être content. Le sieur Boutron et les vendeurs ont fait en leur faveur la réserve expresse de tous les matériaux qui sont fouillés et se trouvent aujourd’hui sur l’emplacement de la dite église ainsi que de tous ceux qui d’ici à la fin de mars prochain pourront être fouillés et extraits des fondations d’un mur allant du midi au nord où le sieur Boutron a déjà commencé à fouiller. Il est bien entendu que tous les matériaux fouillés et ceux qui pourraient encore l’être par les vendeurs dans le délai sus-fixé devront être par eux enlevés d’ici au premier avril prochain, que passé ce délai, la totalité des matériaux appartiendra à l’acquéreur, n’importe qui les ait fouillés, sans qu’il soit besoin de les mettre en demeure à l’effet de faire cet enlèvement. Il est bien entendu aussi que le seul endroit où le sieur Boutron aura le droit de fouiller de nouveaux matériaux est celui ci-devant indiqué, et que le sieur acquéreur aura dès aujourd’hui le droit de faire fouiller partout ailleurs. Les vendeurs sont propriétaires de ce terrain savoir : les enfants Pautré comme héritiers de leur père, pour un quart, la dame Pautré leur mère pour un autre quart, comme ayant été commune en biens avec son défunt mari. La dame Boutron comme seule héritière de sa mère pour un quart et le sieur Bourdeaux, son père, pour un autre quart comme ayant été commun de biens avec la dite dame. Quant au sieur et dame Pautré et Bourdeaux ils en étaient propriétaires indivisément comme ayant fait l’acquisition du bâtiment de l’église et du dit terrain suivant procès verbal d’adjudication du district de Montargis en date du onze floral an II enregistré le vingt trois à Montargis moyennant une somme de onze mille cent livres, dont les sieurs Bourdeaux et Pautré se sont libérés ainsi qu’en ont justifié les vendeurs par la représentation de trois quittances du Receveur des Domaines de Montargis en date des 22 floréal an II, onze frimaire an III, et onze prairial an III, cette dernière pour solde, numérotée 1 197 du journal. Le bâtiment a été démoli par les vendeurs depuis leur acquisition. Pour par l’acquéreur en jouir, faire et disposer en toute propriété à compter de ce jour. Cette vente a été faite, à la charge par Mr Delormet qui l’a promis et qui s’y est obligé : 1) de payer les impôts à partir de ce jour. 2) de payer les frais des présentes et en outre, elle a été faite moyennant la somme de quatre cent cinquante francs que l’acquéreur s’est obligé de payer aux vendeurs en la demeure et étude de Me Denis, notaire soussigné aussitôt la transcription du présent contrat sans inscription, ou aussitôt les rapports de radiation qui pourront exister, sans intérêts. Pour l’exécution des présentes les parties ont élu domicile en leurs demeures sus-dites. Fait et passé à Ferrières en l’étude, l’an mil huit cent vingt deux le dix sept février en présence de Mr François Charles Etienne Delon, Marchand tanneur et du sieur Jean Baptiste Huré, cordonnier, demeurant à Ferrières, témoins qui ont signé avec les parties et le notaire, à l’exception pourtant, de la veuve Pautré, des demoiselles et dame Pautré, des sieurs Foulon et Bourdeaux qui ont déclaré ne savoir signer, de ce interpellé après lecture de la minute des présentes demeurée audit Me Denis en marge de laquelle il est écrit : Enregistré à Montargis le 27 Février 1822, fo 125, C4. Reçu 27f,83. Signé Thouvenin ".

Voici maintenant la transcription du bornage :

" L’an mil huit cent cinquante quatre, le dis huit Juillet, Entre Mr Pierre Alexandre Lumineau, Propriétaire, demeurant à Paris, rue Ventadour numéro premier, en ce moment en son château des Hautes Vernes commune de Ferrières, demandeur en la cause. D’une part, et :

  1. Dame Françoise Véronique Gatelier, propriétaire, demeurant à Ferrières, veuve de Mr Pierre Nicolas Beauvillard.
  2. Mr Simon Marc notaire et dame Céline Véronique Beauvillard, son épouse, de lui dûment autorisée, demeurant à Egreville (S. et M.).

Les dites dames Veuve Beauvillard et Marc représentées par le dit Mr Simon Marc ci-dessus qualifié et domicilié aux termes d’un pouvoir sous signature privée en date à Ferrières du 14 Juillet présent mois, enregistré au dit lieu, le même jour, fo 82 C2 par Mr Crespel qui a reçu deux francs vingt centimes et a signé, lequel pouvoir est demeuré annexé à la minute des présentes après avoir été certifié sincère et véritable par le mandataire. Monsieur et Madame Marc et Mme Beauvillard, tous trois défenseurs en la cause. D’autre part

Par exploit de Me Parmentier huissier à Ferrières et de Leroy huissier à Egreville, en date des onze et dix de ce mois, enregistrés. Mr Lumineau a fait citer les défenseurs à comparaître devant nous le quatorze du courant pour attendu que le demandeur est propriétaire en la commune de Ferrières et au climat de Saint-Eloy, d’un terrain d’un terrain comprenant l’emplacement de l’ancienne église de Saint-Eloy et de son ancien cimetière, le tout d’une contenance de quarante deux ares vingt centiares, limités d’un côté et d’un bout par les défendeurs, d’autre côté par la route départementale de Montargis à Montereau, d’autre bout par plusieurs, Pour voir dire les défenseurs que par Mr le Juge de Paix, assisté si bon lui semble, d’un expert arpenteur, il sera procédé à la reconnaissance et distinction des limites de l’héritage ci-dessus désigné et réclamé par Mr Lumineau, d’avec eux que Mr et Mme Marc et Madame Beauvillard possèdent au même lien et qui lui sont contigus. A l’audience du dit jour du quatorze Juillet, le juge a ordonné qu’il se transporterait sur les lieux contentieux le dix huit du même mois à midi, à l’effet de procéder s’il y avait lieu à l’arpentage et au bornage de la pièce de terre appartenant à Mr Lumineau et faisant l’objet des citations sus datées. Par le même jugement Mr Suard a été nommé expert pour donner son avis dans ces opérations. Aujourd’hui dix huit Juillet mil huit cent cinquante quatre, heure de midI. Nous Désiré Lerasle, juge de Paix du canton de Ferrières, arrondissement de Montargis (Loiret) assisté de Mr Joseph Toussaint Perrin Greffier, nous sommes transportés, en vertu de notre jugement sus daté sur les lieux contentieux, situés au climat de Saint-Eloy, commune de Ferrières, où étant arrivé, nous avons trouvé :

1) M. Mrs Lumineau et Marc, ce dernier agissant dans les qualités ci-dessus exprimées.

2) Et Mr Charles Suard, géomètre arpenteur, demeurant à Ferrières, expert par nous nommé, lequel a prêté entre nos mains, le serment de bien et fidèlement remplir la mission qui lui est confiée.

Mr Lumineau nous a déclaré qu’il persiste dans les conclusions par lui prises à notre audience du 14 de ce mois, et Mr Marc au dit nom, nous à dit qu’il ne s’oppose pas au bornage demandé sous réserves de prendre telles conclusions qu’il avisera après l’opération d’arpentage. Obtempérant à ces réquisitions nous avons d’abord procédé à l’examen des titres de propriété qui nous ont été présenté par Mr Lumineau ; il résulte de l’un de ces titres que la contenance de la pièce de terre du demandeur serait de quarante deus ares vingt et un centiares, et suivant le dernier de trente trois ares soixante seize centiares seulement sur lesquels il y aurait encore à déduire un are trente sept centiares environ pour terain employé à la confection de la route départementale. Procédant ensuite à la visite et à l’arpentage des lieux en litige nous avons reconnu que la pièce de terre de Mr Lumineau ne contenait actuellement que vingt quatre ares un centiare ce qui donne une différence en moins sur la contenance du dernier titre, de neuf ares soixante quinze centiares. Mr Marc es dit noms, ayant consenti à abandonner à Mr Lumineau sur les pièces de terre appartenant à Madame Beauvillard et à Madame Marc, son épouse, une nouvelle contenance de cinq ares quatre vingt centiares et cette proposition ayant été acceptée par le demandeur, nous avons reconnu qu’il serait nécessaire de planter trois bornes et nous avons ordonné qu’un plan de cette pièce d’héritage serait immédiatement dressée par l’expert et joint au présent procès-verbal pour faciliter l’intelligence des opérations. Ensuite il a été procédé à la plantation des bornes devant servir à limiter la pièce de terre de Mr Lumineau suivant les conventions ce-dessus exprimées. Cette opération a eu lieu ainsi qu’il suit : à onze mètres vingt centimètres du milieu du montant du pillier de la porte du cimetière placé au sud de la dite porte, il a été placé une première borne destinée à séparer l’angle sud-est de la pièce de terre de Mr Lumineau avec la propriété des défendeurs – à trente cinq mètres à l’ouest de cette première borne, il en a été placé une deuxième servant à limiter l’angle sud-ouest de la même pièce de terre de Mr Lumineau d’avec la Propriété de mesdames Beauvillard et Marc. A cinquante cinq mètres vingt centimètres au nord de cette deuxième borne il en a été placé une troisième et dernière, destinée à séparer l’angle que fait en cet endroit de la pièce de terre de Mr Lumineau d’avec l’angle rentrant que fait à cet endroit la pièce de terre des défendeurs. Cette borne se trouve à quatorze mètres vingt centimètres au sud d’une ancienne borne plantée pour séparer l’angle nord-ouest de la même pièce de terre de Mr Lumineau, d’avec une vigne appartenant à Louis Nicolas Ragon . La borne plantée sous le numéro un, près du fossé de la route départementale de Montargis à Montereau se trouve à soixante quatre mètres au sud d’une autre ancienne borne plantée pour limiter l’angle nord-est de la pièce de terre de Mr Lumineau d’avec la vigne de Joseph Timonnier. Toutes ces bornes sont en pierre de carrière, sous chacune d’elle, il a été enfoncé un pieu en bois, elles ont été ensuite scellées avec des pierres et de la terre

Il résulte des opérations qui précèdent que la contenance de la pièce de terre appartenant à Mr Lumineau se trouve définitivement fixée à vingt neuf ares quatre vingt un centiares. Quant au plan des terrains bornés, le greffier ne pouvant certifier ce plan, l’expert a donné une copie séparée.

Ces opérations étant terminées ont été acceptées par les parties en cause qui en ont requis jugement en dernier ressort et sans appel, conformément aux dispositions de l’article 7 du Code d Procédure Civile. Et ont MMrs Lumineau et Marc signé après lecture faite - sur quoi nous Juge de Paix – Vu l’article six de la loi du 25 mai 1838 et l’article 7 du Code de Procédure Civile, attendu que les parties en cause sont d’accord et acceptent les opérations qui précèdent, jugeant en dernier ressort d’après l’autorisation qui nous en a été donné, ordonnons que le présent bornage recevra sa pleine et entière exécution et fixons à : vingt neuf ares quatre vingt un centiares, la contenance de la pièce de terre servant anciennement d’emplacement à l’église et au cimetière de Saint-Eloy y compris le chemin qui y conduisait. Disons que la partie de terre abandonnée par Mr Marc à Mr Lumineau par suite du présent bornage continuera d’appartenir, mais pour la jouissance seulement, jusqu’au premier septembre prochain à Mesdames Beauvillard et Marc qui auront également le droit jusqu’à la même époque aux récoltes actuellement sur pied. Disons aussi que passé ce délai, la présente réserve sera considérée comme nulle et non avenue et que les récoltes non enlevées appartiendront au nouveau propriétaire sans aucun recours de la part des propriétaires dépossédés qui les auraient laissées sur pied ou ne les auraient pas enlevé. Et à cet égard les dépens taxés et liquidés à trente deux francs trente cinq centimes, y compris le timbre et l’enregistrement du présent jugement. Vu l’article 646 du Code Napoléon, attendu qu’ils doivent être supportés en commun, ordonnons que les dits frais seront supportés par moitié entre Mr Lumineau, d’une part, et mesdames Beauvillard et Marc, d’autre part. Fait et rédigé sur les lieux contentieux, les jour, mois et an ci-dessus et avons signé avec le greffier et l’expert. Pour expédition : Le Greffier signé Perrin. "

Et maintenant que nous connaissons d’une façon indubitable l’emplacement de l’église paroissiale, tâchons de la reconstruire par la pensée tout au moins à l’aide de renseignements recueillis et ci après relatés. Nous avons vu au tout début de ce chapitre que la première église (de Saint-Amand) avait été démolie au cours d’une invasion, la seconde qui fut reconstruite et qui porta ensuite le nom de Saint-Eloy était assez vaste comme dimensions. Le chœur en fut notablement agrandi par la suite puisque le 5 août 1628 sur une requête à lui présentée Charles de Bellegarde, archevêque de Sens, Primat des Gaules et de Germanie permit au marguillier de l’église Saint-Eloy de faire enlever l’autel Sainte-Radegonde pour l’accroissement du chœur de l’église. Pour se faire une idée de l’aménagement intérieur de Saint-Eloy, il faut se reporter au procès verbal faisant état des rentes dues pour l’adjudication des bancs en icelle.

Par publication et adjudication faites par Flye, huissier royal demeurant à Ferrières les 10, 11 et 17 août 1755 de l’avis et consentement de Mr Noël Thibault curé de Ferrières, de Pierre Louis Anceau, Marguillier, le dit Mr Duboutoir fondé de pouvoir du général des habitants de Ferrières, et de Mr Delaneufville, archidiacre du curé et marguillier pour régir et gouverner les affaires de la dite fabrique et les mettre en bon ordre, les bancs qui sont dans l’église et paroisse du dit Saint-Eloy ont été vendu en la forme et manière qui suit : l’original de l’adjudication est en papier marqué et dûment contrôlé et signé des dits sieurs curé Jacquemain, Duboutoir, Anceau et Flye huissier et de tous les adjudicataires qui savent signer, ce dans un dossier coté et transcrit en entier sur le registre des rentes dues à la Fabrique, et l’on aura soin à chaque mutation et changement de propriétaire d’en faire mention sur les deux registres, savoir que sur celui que le dit Mr Jacquemain Duboitoir à fait en papier marqué, et sur celui en papier mort, afin d’éviter la confusion qui ne manquerait encore d’arriver dans les affaires de la dite fabrique. Celui qui est en papier marqué sera mis entre les mains des marguilliers en charge pour y écrire leur recette à chaque article des rentes et des bancs afin que leurs reçus puissent avoir foy en justice. Et celui en papier mort est dans le coffre des titres de la fabrique afin d’y avoir recours en cas de besoin. Et les rentes sont rachetables à toujours suivant l’adjudication d’iceux bancs, et la plupart des adjudicataires ont attaché leur banc à des maisons à eux appartenant sis en cette ville pour par les propriétaires aux locataires d’icelles en jouir à perpétuité. Les rentes au loyer de ces bancs échoient le quinze Août, jour de l’assomption de la Sainte-Vierge.

Nous allons voir comment étaient disposés les bancs de l’Eglise paroissiale.

  1. Proche la grille du chœur : à main droite en entrant dans le chœur proche la chapelle Saint-Sébastien, une première rangée de bancs de six places, cette rangée comprenait vingt bancs. Le banc numéro quatorze se trouvait face à la chaire.
  2. A main gauche en entrant dans le chœur, proche la chapelle de la Vierge, une autre rangée de bancs également de six places. Cette rangée comprenait trente bancs. Le banc de l’œuvre se trouvait à la hauteur du banc numéro quatre et s’étendait jusqu’au banc numéro quinze.
  3. Bancs de la chapelle de la Cène. Dans cette chapelle située à gauche du chœur on comptait quatorze bancs. Le banc numéro onze adossé au pilier appartenait à Mr Philippe Jacquemain Duboutoir, prévôt de Saint-André les Chateaulandon et ancien procureur au baillage de Ferrières pour être attaché à sa maison, rue et carrefour des fours banaux, pour l’usage des locataires d’icelles moyennant quatre sols par an. Le dit Jacquemain Duboutoir avait pour son usage personnel et celui de sa famille le banc numéro deux, dans la première rangée dont il est question ci-dessus moyennant la somme de vingt cinq livres, au principal. Devant la dite chapelle de la Cène se trouvait une grille. Cette précision est indiquée dans l’acte du dis huit septembre mil sept cent soixante et onze, relatant l’inhumation en cet endroit du corps de Edmée Colombe Benoist de Trémon, âgée de cinquante quatre ans, épouse de Jean-Baptiste Gérard de Chalambert, Procureur du Roy en l’élection de sens. Entre la dite chapelle et le banc numéro un du sieur Babille de Prénoy, une place appartenait à Jacques Fiette, marchand. Entre le pilier et la porte de la grille donnant accès dans la chapelle susdite, une place appartenait à Antoine Picarle, sabotier. Enfin Jean Pinçon , manœuvre, avait un banc de deux places adossé contre le pilier proche le banc numéro six de la dite chapelle. Après la chapelle de la Cène, dans la direction des fonds baptismaux, onze bancs de deux places étaient disposés le long du mur. Ensuite proche la porte se trouvaient les fonds baptismaux. De l’autre côté de la dite porte il y avait également trois bancs, puis le confessionnal des vicaires, adossé au mur. En continuant à longer le mur, en remontant vers le chœur, on passe devant la Chapelle de la Charité. Les bancs qui s’y trouvent au nombre de treize semblent être spécialement réservés aux commerçants, on y trouve en effet les places réservées à Mathurin Bordier, marchand tanneur, Claude Vallet, tonnelier, Antoine Vallet, sabotier, Nicolas Bressier, tailleur d’habits, Antoine Champois, charcutier, François Delaveau, boulanger, Georges Censier, cordonnier, Pierre Plaut, perruquier, Joseph Raymond, drapier, Jean Marchand, boucher, Louis Lemaire, vannier, tous commerçants à l’exception de l’occupant du banc numéro dix qui était de garde de la terre et seigneurie de Ferrières. Après avoir dépassé la dite chapelle, et avant la porte d’entrée de la tour, se trouvaient six autres bancs.

Nous venons de voir que Saint-Eloy possédait une tour à laquelle on accédait par un escalier. Il en sera d’ailleurs question dans le cours de ce chapitre. Après avoir dépassé al porte de la tour, se trouvaient cinq bancs de deux places, puis ensuite on arrivait devant la chambre " où l’on faisait du feu " probablement la sacristie. Ensuite il y avait six autres bancs, puis la Chapelle Saint-Sébastien. Proche le dernier des six bancs dont il vient d’être parle, se trouvait le tronc destiné à recevoir les offrandes des fidèles.

Au sujet du loyer des bancs de l’église paroissiale qui était payable comme il a été dit précédemment le quinze Août de chaque année, j’ajouterai que le locataire ou acquéreur des dits bancs avaient cependant la faculté de se libérer en un seul paiement. Dans ce cas on évaluait en livres la rente annuelle fixée en sols. Le versement en était effectué entre les mains du marguillier en exercice au profit de Fabrique de l’Eglise paroissiale. On sait que la livre valait vingt sols – le sol valait un sou – et le denier était le onzième du sol.

Il a été question dans le chapitre un que les vignes et terre de Saint-Eloy furent vendues pour recueillir l’argent nécessaire à la fortification de la ville et par suite à la construction des murs en l’an 1562. Les revenus de la dite Fabrique qui étaient importants en raison des rentes à payer par les particuliers par suite des ventes où location des biens de la dite église, à eux consentis, allèrent bientôt en diminuant, et à partir de 1 636 ces rentes cessèrent d’être payées régulièrement par suite des mutations survenues par décès ou d’autre façon.

Cette situation dura jusqu’en 1757, époque à laquelle Pierre Stanislas Jacquemain Duboutoir, se donna pour tâche ainsi qu’il est dit dans son rapport de reconstituer les titres prescrits par mutation et par la négligence des marguilliers qui ont accepté de nouveaux titres ne portant pas mention de la redevance de cette rente. Voici d’ailleurs en quels termes il s’exprimait sur le travail nécessité par cette mise au point, travail qui dura deux ans :

" La confusion était si grande dans les affaires de l’église qu’on ne savait à qui s’adresser pour demander le paiement des aréages des rentes. Tous les titres anciens et nouveaux étaient confondus les uns parmi les autres dans un coffre. La plus grande partie des plus nouveaux était de l’année 1 666. Depuis ce temps là, les héritages sujets aux rentes avaient passé dans plusieurs mains, ainsi que les terrains et aboutissants. De sorte qu’on ne reconnaissait plus les héritages sujets aux rentes ni les débiteurs d’icelles. De façon qu’il n’était resté d’autres ressources pour les pouvoir découvrir que le climat où les héritages sont situés. Cependant après avoir passé moi même, Philippe Jacquemain Duboitoir prévôt de Saint-André-les-Chateaulandon et ancien procureur en ce bailliage de Ferrières, plus de deux années à déchiffrer les titres de la dite fabrique, tant anciens que nouveaux, et à mettre tous ceux qui concernent la même rente dans une liasse et dossier, je me suis informé des personnes des plus anciens du pays et notamment de Jean Chatain, manœuvre, âgé d’au moins quatre vingt ans, qui étaient les héritiers débiteurs dénommés dans les titres nouveaux de l’année mil six cent soixante six, ou qui étaient ceux qui jouissaient des héritages y dénommés, quelques fois il me rendait raison et d’autres non. Je me suis transporté sur les canton et climat héritages et me suis informé de tous les héritages du canton chacun en particulier. Les propriétaires dans la " bonne foy " m’ont déclaré d’où venait leur héritage et à quel titre ils en jouissaient, mettant exactement en écrit ce que chacun me déclarait, je revenais en mon étude et reprenais mes titres de 1666, qui étaient de quatre vingt dix ans, et d’autres plus anciens et quelques autres plus nouveaux, faisant des mémoires en tirais les instructions que je pouvais et quand je n’avais pas nettement découvert l’héritage soit à cause de sa quantité ou qualité et du changement des tenant je retournais lorsque les manœuvres étaient à travailler dans les champs et m’informais auprès d’eux pourquoi une telle terre était en terre labourable et si autrefois elle n’était pas en vigne, et une autre qui était en vigne, s’ils ne savaient pas quelles étaient les personnes qui l’avaient fait planter, parce qu’il est dû des rentes sur les terres et d’autres sur les vignes. Enfin après un long travail j’ai découvert les héritages sujets aux rentes et les propriétaires et possesseurs actuels des héritages soit à titre d’héritiers de leur père et mère, qui étaient de leurs aïeuls, débiteurs en 1666 ou d’acquéreurs depuis - ou ceux qui s’étaient emparés des biens pendant la minorité des enfants vrais propriétaires. La plus grande partie ayant passé dans quatre ou cinq mains depuis l’année 1666 soit par succession ou mutation – que les acquéreurs avaient acquis sans charge de rente. Et les autres ignorants que leurs héritages fussent chargés de rente envers la dite Fabrique ou usurpateurs, ce qui faisait une confusion très grande. Après ces explications on a fait publier par le sieur Barbier vicaire actuel de la dite paroisse au prône de la messe paroissiale que tous les propriétaires et possesseurs de tels biens (lesquels ont été dénommés et le nom de chaque débiteur ) eussent à aller chez Maître Himbert notaire pour passer titre nouvel et déclaration d’hypothèque des dites rentes chacun à leur égard, il s "en est trouvé qui y furent. En conséquence j’ai été forcé pour soutenir les droits de la dite Fabrique de faire assigner les refusants par devant Mr le Bailly de Ferrières pour y être condamnés, sinon et faute de ce faire dans les temps marqués par la requête que la sentence vaudrait pour titre nouvel et déclaration d’hypothèque des dites rentes, ce qui a été fait en exécution des dits délais et en la forme et manière qui suit, et les Marguilliers qui seront en charge auront soin de faire renouveler les titres de l’année de 1785. Et à mesure que les chefs de famille des redevables décideront de faire passer par leurs héritiers des titres nouveauxou par les acquéreurs de biens sujets aux rentes, si d’aucuns sont vendus par la suite, sitôt que cela sera venu à la connaissance des dits Marguilliers qui se trouveront en charge, pour lors, afin de ne plus laisser tomber à l’avenir les affaires de notre Fabrique dans une confusion comme elle était avant mes opérations. Signé Jacquemain Duboutoir ".

Pour éviter pour l’avenir de semblables errements contre lesquels le susnommé s’élève de façon si véhémente, il fit établir deux registres de trois cents feuillets chacun, l’un en papier " marqué et l’autre en papier " mort " qu’il cota et parapha de la première à la deux centième page, le 26 septembre 1 756 pour servir au Marguillier, receveur de l’Eglise et Fabrique de Saint-Eloy de Ferrières pour écrire à l’avenir les reçus des rentes dues à la dite Fabrique.

Ayant relaté ci dessus la manière assez curieuse dont furent rétablis les titres de rente, qui permirent ensuite à la Fabrique d’encaisser régulièrement ses revenus, j’indiquerai quel en était le montant moyen. Ils se divisaient en revenus fixes et infixes comme ont disait alors. Dans la première catégorie celle des rentes nous apprenons qu’elles se montaient à : deux cent cinquante neuf livres. Toujours dans la même catégorie le produit des adjudications s’élevait à : deus mille sept livres l’an. Le reste des revenus était casuel et infixe. Ces derniers consistaient : en remboursement des bancs encore impayés, en produit des questes, pains bénis mortuaires et luminaires des autels aux inhumations.

Voici après les revenus, les charges annuelles auxquelles L’Eglise de Saint-Eloy devait faire face chaque année au jour de l’ascension.

1) A Mr le Curé pour acquit des messes 328 livres
Au premier chantre 162 livres
Aux deux bedeaux chacun 50 livres soit 100 livres
(ainsi qu’une paire de soulier à chacun)
A la blanchisseuse 25 livres
Pour divers 25 livres 13

2 ) Pour les charges extraordinaires
Pour les décimes 200 livres
Souliers des bedeaux 10 livres
2 paires de soulier à l’enfant de chœur 12 livres
Frais d’adjudication des près (année moyenne) 40 livres
Encens 5 livres
Luminaire 150 livres
Pain à chanter 8 livres

Total 1 066 livres 13

Contre deux mille cent soixante six livres de revenus fixes. Il convient néanmoins d’ajouter que dans les dépenses des relevés ci dessus ne sont point compris les frais des registres de baptêmes et sépultures, des visites archidiaconales, les grosses réparations de l’Eglise et l’entretien de ses meubles.

Après avoir dans les pages qui précèdent décrit l’intérieur et l’aménagement de l’Eglise Saint-Eloy, connue uniquement sous ce nom, nous avons vu pourquoi au début de ce chapitre, il m’a semblé utile de relater ici le procès-verbal de dépôt d’une relique de Saint-Eloy en la dite Eglise, procès-verbal établi par monsieur l’official de Sens le huit septembre mil six cent vingt six.

" Nous Pierre Castellot, prêtre bachelier en la sacrée faculté de Théologie, licencié es droit, chanoine prébendé et official de l’Eglise Métropolitaine de Sens, faisons savoir par ces présentes à tous et à chacun à qui il appartiendra, que le septième jour de décembre mis six cent vingt six pour dignement et fidèlement m’acquitter de la commission qui m’a été donnée par Monseigneur l’Illustrissime et révérentissime archevêque de Sens Primat des Gaules et d’Allemaigne, me suis transporté en la ville de Ferrières-en-Gastinois et le mardi huitième jour du dit mois, dédiée à l’Immaculée Conception de Nostre-Dame, m’estant acheminé à la Croix appelée de Saget, Située près l’Eglise paroissiale de Saint-Eloy, à huit heures du matin, accompagné de noble homme Mr Aimont Mauljean, Prêtre licencié en droit, chanoine de la dite Eglise Cathédrale de Sens et pronotaire de Monseigneur l’Illustrissime et révérentissime archevêque et aussi de Mr Gabriel Garsement, notaire apostolique que nous avons choisi et établi pour notre greffier de l’acte présent, nous étant donc acheminé et rendu au lieu sus-dit, revêtus d’habits et d’ornements sacerdotaux , Mr Jean Pillé, curé de la dite Eglise paroissiale de Saint-Eloy-de-Ferrières, accompagné de son vicaire et d’une grande partie de ses paroissiens nous est venu bien humblement supplier d’autoriser et de vérifier les lettres de la donation des reliques faites à son Eglise, lesquelles il nous a présentées à ce sujet. Après les avoir lues attentivement, et diligemment examinées nous avons trouvé que le dit sieur Pillé, animé d’un zèle de piété et dévotion, ayant en sa compagnie honorables personnes Mr Michel Desbordes et Etienne Le Peste, habitants de sa paroisse est allé à la ville de Moyon e Picardie pour supplier les vénérables doyens et chanoines de l’Eglise Cathédrale de Sainte-Marie de Moyon qui satisfaisant au zèle et à la dévotion qu’il l’avait animé, ils lui accordassent quelques reliques du bienheureux Saint-Eloy leur patron et le sien, ce qu’il a obtenu et impétré, savoir une petite partie de l’os du bras, appelé des médecins, " le petit ". Laquelle étant soigneusement et diligemment enveloppée dans un taffetas teint en écarlate, renfermé dans une boîte ou petit vaisseau d’airain, muni et clos d’un grand et petit sceau ou cachet, destiné pour l’Eglise paroissiale et devant par nous y être portée et colloquée. C’est pourquoi le dit sieur Curé nous l’a apporté et mise avec toute révérence entre nos mains nous suppliant qu’en vertu du pouvoir à nous donné il nous plût d’ouvrir la dite boîte et en tirer hors les saintes reliques. Et ayant fait les cérémonies et solennités nécessaires les porter en la dite Eglise paroissiale. Nous, désirant satisfaire à cette requête, et ce d’autant plus volontiers qu’elle nous a semblé non seulement pieuse, mais encore juste et raisonnable. Après avoir eu l’avis de Monseigneur le Pronotaire, ayant de plus égard à l’assurance publique que les lettres de la donation des dites reliques nous donnaient, nous les avons fait lire publiquement par notre greffier, desquelles ayant considéré la forme et la teneur remarqué que les signes et les sceaux tant du dit acte public que du vaisseau où les reliques étaient renfermées, étaient sains et entiers, le tout bien considéré et sérieusement examiné, avons de plus selon la coutume de procéder en une affaire de telle importance, tiré serment du dit sieur Pillé que les dits Desbordes et Le Peste, en présence de tout le peuple assemblé. Lesquels conjurés de dire la vérité et obligés par la sainteté de la religion du jugement fait et conçu en la manière que nous leur avons dicté, avons invoqué et appelé Dieu à témoin, auteur de toute vérité, ont solennellement protesté qu’ils nous avaient fidèlement le même acte public, les mêmes reliques, le même vaisseau, les mêmes sceaux et signatures, que les vénérables doyens, chanoines et chapitre de Noyon, leur avaient donné sans qu’il y eut rien de changé ni d’altéré. Toutes ces choses faites avec telle solennité et diligence nous avons ouvert le sus dir vaisseau dans lequel nous avons trouvé la sainte relique sus mentionnée décemment enveloppée dans du taffetas rouge et vert, duquel l’ayant tiré avec les cérémonies accoutumées nous l’avons fait savoir au peuple qui nous environnait de part et d’autre. Lequel l’ayant si religieusement honoré et dévotement baisé, nous espérons qu’ayant un si grand nombre de témoins d’une telle solennité personne ne pourra douter de la vérité de la sus dite sainte relique. Mais plutôt étant certain par un témoignage authentique comme elle a été prise du corps de Saint-Eloy, patron de la dite Eglise, tous lui rendent ci-après l’honneur et la révérence qu’il lui est dûe. Ils seront soigneux pour la plus grande gloire de Dieu et du Saint, de dire à leurs enfants et de les instruire de la vérité des dites reliques et des mérites d’icelles, afin que leurs descendants saient par ce moyen non seulement héritier de leur foi et religion, mais encore de leur dévotion envers ce bienheureux Saint, leur patron. Nous avons de plus béni le reliquaire, préparé qui est d’argent doré artistement élaboré, la base au pied duquel est enriche d’une belle gravure sur laquelle il y a deux anges pareillement d’argent doré. Lesquels tiennent comme un bras dans lequel est enchâssé un beau cristal fait et proportionné pour recevoir la sus dite relique dans lequel en la présence de toute l’assemblée nous l’avons mise et renfermée. Et ainsi le portant solennellement en procession nous sommes entré en l’Eglise paroissiale Saint-Eloy, et l’avons placée et colloquée sur le grand autel. Et afin d’accomplir parfaitement une action si solidairement commencée avons dit la grand messe. Laquelle finie nous avons donné le dit reliquaire en garde à Mr Michel Desbordes, marguillier de la dite Eglise, lui recommandant d’avoir un grand soin de la dite sainte relique renfermée en icelui comme d’un sacré dépôt et une chose d’un prix inestimable. Ce qu’il nous a promis de faire et témoigné le désir qu’il avait de fidèlement s’en acquitter. Nous lui avons de plus enjoint et défendu tant à lui comme aux autres marguilliers qui viendraient après de n’être jamais si téméraires et hardis de transporter les dites reliques en un autre lieu, ou de permettre qu’elles y soient transportées, de se donner bien garde de les changer ou d’en mettre d’autres en leur place. C’est pourquoi nous désirons d’eux une telle fidélité que nous l’espérons et attendons de leur piété que s’ils venaient à y manquer, ce qu’à Dieu ne plaise, qu’ils sachent qu’ils sont liés des censures ecclésiastiques que nous fulminons contre eux par l’autorité et puissance qui nous en a été donné, enfin le dit Desbordes a juré solennellement et promis derechef qu’il aurait soin de la conservation des sus dites reliques. Et pour une assurance plus grande et un témoignage irréprochable de toutes les choses faites et accomplies ainsi que nous avons dressé ce présent acte public tant pour le dit sieur Pillé que Desbordes afin qu’ils s’en puisse servir et prévaloir en temps et lieux où que la nécessité le requerrera. Fait et passé l’an et jour et lieu ci dessus déclaré signé Castelot, official de Sens et Garsement ".

Et maintenant que nous connaissons dans tous ses détails, la cérémonie du dépôt de la relique de Saint-Eloy en l’Eglise qui peut maintenant porter vraiment ce nom, occupons nous des desservants, titulaires de l’ancienne cure paroissiale. On sait déjà que l’état civil existant aux archives de la ville remonte à l’an 1581 et que les registres de baptême et sépultures étaient alors tenus par les curés de la paroisse ou par leurs vicaires. C’est donc par une lecture et par un examen attentifs de ces registres qu’il a été possible de recueillir des faits précis. En 1 630 le desservant de la paroisse était Etienne Pillé. Il en assuma les fonctions jusqu’à sa mort, soit pendant quarante huit ans. Il mourut à l’âge de 74 ans et fut inhumé le seize septembre 1 678 à l’heure du midi auprès de la grande croix du petit cimetière de Saint-Eloy. C’est durant la gestion de la cure par le dit Etienne Pillé qu’une controverse bien curieuse s’éleva entre le marguillier et le clergé de Saint-Eloy, qu’on en juge plutôt par le récit qui suit :

Le dimanche 21 février 1666, une assemblée des principaux habitants de Ferrières fut tenue en l’auditoire du bailliage de Ferrières par Gilbert Turpin avocat au parlement, lieutenant au dit bailliage, au cours de laquelle Etienne Bernault, maître chirurgien en sa qualité de principal marguillier de l’Eglise Saint-Eloy a exposé :

  1. Qu’il avait fait assigner certains habitants débiteurs de rente de la dite Eglise pour passer de nouveaux titres et payer les arrérages des dites rentes, par suite de la négligence des trois marguilliers précédents.
  2. Qu’il y a de grandes et importantes réparations à faire à la dite Eglise au beffroi de la tour qui est out pourri et gâté, et à la plate-forme d’icelle qui est toute ouverte et fendue en plusieurs endroits, qui est cause que toute la pluie et neige qui tombent sur icelles se coulent à travers et tombent sur le dit beffroi, étant la cloche en danger de tomber et choir à cause de la dite pourriture suivant même la visite qui en a été faite par experts nommés d’office du temps où son prédécesseur était en charge. Et le procès-verbal fait du rapport le 18 juillet 1664. Et depuis qu’il est en charge a encore fait visiter les dites réparations par personnes bien entendues et intelligentes qu’ont dit en fidélité que quand on ferait raccommoder le dite plate-forme ce qui coûtera beaucoup attendu qu’il est besoin de relever toute la panne et la passer au mastic cela ne servira pas longtemps et que c’est comme de l’argent perdu. Mais que pour faire une bonne et utile réparation, il convient de faire sur la dite tour un clocheton de quinze à dix huit pieds de haut, qui empêchera les eaux de tomber sur la dite plate-forme et par conséquent dans le dit beffroi. Pour raison de quoi il demande aussi l’avis des dits habitants et où il sera pris argent pour subvenir aux réparations d’autant qu’il n’était autre argent dû à la dite Eglise que
  1. 295 livres 6 sols 6 deniers par Thomas Quérault ci-devant Marguillier pour le reliquat de son compte, laquelle somme le dit Quérault avait payé à Mr Etienne Pillé, prêtre curé de Ferrières et pour le compte du dit Benard. Le sieur Curé a été condamné à les rendre et payer es moins du dit Bernault à la décharge du dit Quérault, à la poursuite et diligence du dit sieur Procureur Fiscal.
  2. Quatre cent quatre vingt treize livres tournois dues par le sieur Jacques Benard pour le reliquat de son compte.
  3. La somme de cent livres tournois léguées à la dite Eglise par feu Mr Michel Desbordes par son testament pour raison de la quelle somme Edme Amaury ci-devant Marguillier a fait poursuite de justice à Montargis à l’encontre du sieur Jean Desbordes, exécuteur testamentaire.

3) Plus demande aussi advis aux habitants s’il se portera appelant de la sentence rendue en ce baillage le 23ème jour de janvier dernier au profit et faveur du dit sieur Pillé curé, pour raison d’une somme de soixante livres un sol dues à la dite Eglise par le dit Amaury pour le reliquat de son compte, laquelle somme a été cédée et transportée au dit sieur Curé par Etienne Simon après avoir rendu son compte à la dite Eglise. Le tout pour la cause et suivant l’avis qui lui en a été donné par Mr Aimé Durand, advocat au présidial de Montargis pour sa consultation du premier jour du même mois.

4) Plus, aux fins de la dite consultation il demande aussi avis s’il fera assigner le dit Amaury pour voir dire que faute d’avoir fait payer au dit sieur Jean Desbordes, la somme de cent livres léguée à la dite Eglise et les intérêts d’icelle , suivant la sentence qu’il a obtenu contre lui, dans les six mois à lui ordonnés par la reddition de son dit compte. Il sera tenu et condamné à la payer en son propre nom puisque le dit Amaury a encore entre les mains toutes les pièces et procédure concernant le dit procès.

5) Plus le dit Marguillier au désir de la dite consultation demande aussi avis aux dits habitants s’il achètera dorénavant de la toile pour faire les surplis au sieur Curé et à des vicaires, car il a accoutumé de faire aux dépenses de la dite Eglise même le blanchissage des dits surplis. Attendu que par la dite consultation le dit sieur Durand dit que les Marguilliers n’en sont nullement tenus, n’étant pas chargé de la fabriquer, aussi doit le dit sieur Curé s’en pourvoir à ses dépens pour lui et pour ses vicaires et de mesme le blanchissage des dits surplis. Autre charge est des chasubles et ornements que la dite Fabrique est obligée d’avoir en la sacristie qui se portent dans l’Eglise seulement. Et la dite Fabrique n’est non plus obligée de fournir les dits surplis au dit sieur Curé et à son vicaire, que les soutanes qui sont pour leur usage particulier

Les dits habitants en ce qui concerne la première demande ont été d’avis de donner pouvoir au dit Bernault Marguillier de recevoir le remboursement des sommes dues.

Sur la seconde demande concernant les réparations à faire à la dite Eglise et à la tour ont aussi donné pouvoir au Marguillier de faire faire les dites réparations jusqu’à concurrence des fonds disponibles appartenant à la dite Eglise, les plus nécessaires devant être effectués tout d’abord.

Sur le troisième chef concernant la sentence rendue au profit du dit sieur Curé, ont été d’avis auparavant d’interjeter appel suivant l’avis du sieur Durand que le dit Marguillier prenne encore l’avis d’un second avocat pour savoir s’il sera du sentiment du dit sieur Durand et au cas qu’il soit de son sentiment et auparavant que de plaider qu’il fasse savoir au dit sieur Curé Pillé s’il veut se soumettre au jugement arbitral de Mr Cosme Gaillard son avocate et de celui du sieur Durand, lesquels au cas qu’il ne se pourraient accorder pourront prendre un tiers pour décider, juger et terminer la dite affaire, n’étant leur dessin de plaider contre leur pasteur, mais de conserver autant qu’ils pourront les biens de la dite Eglise.

Sur le quatrième chef ont été d’avis qu’il fasse assigner ledit Edme Amaury devant nous pour raison de la dite somme de cent livres tournois dues pour l’exécution du testament du dit défunt sieur Desbordes au désir de la dite consultation.

Et sur le cinquième et dernier chef sont d’avis et donnent pouvoir par ces présentent au dit Marguillier de refuser argent ou toile au dit sieur Curé pour lui avoir des surplis et pour ses vicaires au cas qu’ils lui en demandent - même empêchent formellement qu’ils leur en soit donné aucun à l’avenir ni même de payer le blanchissage d’iceux comme il était fait au précédents, pour les causes et les raisons portées par la consultation du dit sieur Durand.

Et de tout ce que dessus nous Lieutenant sus dit avons donné acte pour servir et valoir ce que de raison et commis pour greffier, attendu l’absence de Monsieur Gilles Auger, notre greffier ordinaire de la personne de Philippe Picouet, sergent en ce baillage. Fait et donné en l’auditoire du dit Ferrières par nous Lieutenant sus dit (G. Turpin). Et est la minute signée de nous les dits Benard, procureur fiscal, Bernault, Marguillier, Guédon et Philibert ensemble, et moi, greffier soussigné jour et an que dessus ".

Si le lecteur est avide de savoir comment se termina cette querelle que l’on pourrait intituler : la guerre des surplis, qu’il sache donc que sur l’assignation donnée par le dit Etienne Pillé Curé au sieur Bernault, une instance fut alors engagée devant le Juge Ecclésiastique en la Cour de Sens, et qu’un arrêt rendu au dit lieu le jeudi deux septembre mil six cent soixante six, donna gain de cause au sieur Pillé, curé, relativement à la fourniture et au blanchissage des surplis.

Et voici l’épilogue de cette histoire ; il s’agit d’une mention écrite au verso des pièces ci-dessus transcrites et qui est textuellement rapportée ci-dessous :

" Sentence contre Etienne Bernault, marguillier de Saint-Eloy 1666.
Etienne Bernault : misérable fripon dont la race ne se perdra jamais dans les bons habitants de Ferrières, 1668 ".

Après le décès d’Etienne Pillé, l’un de ses vicaires J. Romet lui succéda à la cure jusqu’au début de 1680. A cette époque les fonctions furent assumées jusqu’en 1683 par le sieur Jossey, Docteur en théologie. Il mourut à l’âge de cinquante ans et fut inhumé dans le cimetière de Saint-Eloy le 7 mai 1683. Pendant quelques mois le service fut fait par des vicaires, mais au mois d’octobre 1683 la cure fut pourvue d’un nouveau titulaire en la personne de Jean-Baptiste Grouet, venant du diocèse d’Arras. A son arrivée ne pouvant loger au presbytère en raison de la vétusté de l’immeuble, il fut obligé de se loger à ses frais pendant deux mois dans une hostellerie, ayant ensuite obtenu des habitants de Ferrières une maison à loyer dans la ville même, il fut obligé d’en sortir au bout de deux ans, faute par les habitants de payer le loyer. En ayant trouvé une troisième il fut obligé d’en sortir pour les mêmes raisons. Il adressa un rapport de ces faits à Hardouin, Evêque de Poitier nommé alors archevêque de Sens. Ce dernier chargea le Doyen de Ferrières qui était à l’époque Louis-François Levert, Curé de Montbouy de s’occuper de cette question. Voici comment le sieur Grouet s’exprimait au sujet de l’ancienne maison presbytérale dans son rapport à l’archevêque :

" Une ancienne maison appelée le Presbytère assise hors de la ville et dans une notable distance située proche l’Eglise Saint-Eloy, sans aucun voisinage inhabitée de temps immémorial. Eloignée de tout secours par la destruction entière de toutes les maisons qui composaient autrefois ce faubourg ou hameau dont il ne reste plus aucun vestige ".

Les dernières réparations à cet immeuble semble remonter à 1667, on trouve trace la dite année dans le livre de dépense des Marguilliers d’un paiement de la somme de : sept sols à Drouet, maçon, pour avoir carrelé en plusieurs endroits à l’Eglise et dans la chambre du Presbytère.

A la suite d’une visite faite par le sieur Levert Doyen sus nommé le jeudi 27 avril 1690 à cinq heures de l’après-midi (pour être précis) au cours de laquelle le sieur Grouet montra la situation périlleuse du Presbytère, et après de nombreux pourparlers qui provoquèrent une visite des lieux par deux experts, Hugues Le Can, couvreur, et Jean Delorme, charpentier, et effectué e le 28 avril 1692. Ceux-ci ayant reconnu l’inutilité des réparations, la location à bail de la nouvelle maison presbytérale qui était située en la dite ville de Ferrières ayant face et entrée sur la rue de la Triperie et des Charretières fut décidée. Elle appartenait alors à Nicolas Deville huissier audiencier au Châtelet de Paris y demeurant rue Saint Denis. La location était de quarante livres de rente foncière annuelle et perpétuelle, rachetable moyennant une somme de : huit cents livres. Ce rachat fut effectué le 7 juin 1738 par Mathurin Bordier, Echevin de Ferrières pour le compte de la ville en l’acquit de Catherine Delacoudre veuve de Nicolas Deville en son domicile de Paris rue Saint Denis. C’est au cours d’une assemblée des habitants tenue le 28 octobre 1691 à l’auditoire du Baillage par devant Jean Lepage avocat au Parlement et bailly d Ferrières à la requête de André Saucier, Pierre Foucault et Charles Lamare Echevins qu’avait été prise la décision de louer une maison à usage de presbytère. Le sieur Grouet n’habita pas longtemps la dite maison, car il semble n’avoir exercé ses fonctions à Ferrières que jusqu’en octobre 1694. Puis la cure demeura vacante pendant près d’un an, le service étant cependant assuré tantôt par des vicaires tantôt par des religieux de l’abbaye.

Au mois d’août 1695, un nouveau titulaire fut nommé en la personne de l’abbé Culot ; il rempli ses fonctions jusqu’en octobre 1718 et mourut le 26 décembre 1718. Voici le texte de son acte de décès :

" Nous prieur et religieux de l’Abbaye de Saint-Pierre et Saint-Paul de Ferrières soussignés reconnaissons qu’à la requête de Mr Jacques Vié, prestre curé de Ferrières soussigné avoir inhumé le corps de Maistre Jean-Baptiste Cullot prieur de Micheau et cy-devant curé de Ferrières, entre le balustre et la lampe de l’Eglise paroissiale de Saint-Eloy où doit être apposée la tombe qui à la demande du défunt doit avoir pour inscription : " hic jacet humillinus peccator ". Laquelle inhumation a été faite le jeudi 28 décembre de la présente année signe : Fr Nicolas Saulnier, prieur de Ferrières. J. Vié prêtre Curé de Ferrières et neveu du défunt ".

Ce dernier, qui était à la cure en qualité de vicaire depuis le début de 1707, succeda à son oncle comme curé de Ferrières. Ce fut lui qui s’occupa de restaurer l’Eglise Saint-Eloy, et de restaurer également les murs des cimetières. Je crois qu’il est intéressant de rapporter ici le texte ci-après :

" Nous soussigné Georges Gastellier, Maître Chirurgien, demeurant à Ferrières, au nom et comme Marguillier comptable de l’Eglise et Fabrique de Saint-Eloy de Ferrières, d’une part, et Gabriel Delaveau et Gabriel Delaveau, maçons demeurant au dit Ferrières, d’autre part, nommés en présence et du consentement de Mr Jacques Vié, prêtre et Curé du dit Ferrières, convenu de ce qui suit : à savoir qu’en présence du dit consentement de meilleurs partie des habitants de cette dite ville et paroisse tenue au banc de l’œuvre de la dite Eglise qu’il a été convenu que les tombes de la dite Eglise et cimetières de la dite paroisse seront seront levées et placées pour faire le chemin de la procession depuis la porte du chœur jusqu’à la principale porte d’entrée d’entrée de la dite Eglise. Ensemble les morceaux de pierre qui sont dans icelle Eglise, ensemble une tombe qui est sous la tour, et devant la porte d’entrée de la dite Eglise à l’exception néanmoins de la tombe de Mr Jean Cullot qui est dans le chœur (ancien curé de Saint-Eloy mort en 1718) de celle du sieur de Prenoy et celle du sieur Laurent Babille. Ensemble celle du sieur Bénard qui est dans la Chapelle de la Cène et celle de Louis Simon, dans la Chapelle de la Charité, celles de Mr Bertheau et de Mr Bannière devant le banc d’œuvre. Comme aussi celle de la dame Roddon, ancêtre de Mr Philippe Jacquemain Duboutoir qui est dans le grand cimetière, proche la Grande Croix, laquelle ne sera point levée. Et à l’instant a comparu le dit Jacquemain Duboutoir qu’a dit que pour la décoration de la dite Eglise qu’il consent que l’on prenne la dite tombe pour la placer en icelle à condition que le dit sieur Gastellier Marguillier en fera reconduire une autre plus petite en son lieu et place qui sera choisi par le dit sieur Duboutier, sur laquelle tombe il lui sera permis de faire regraver telles inscriptions qu’il advisera bon du décès de ses ancêtres qui ont été inhumés sous la dite tombe et ce à ses dépens. Ce qui est accepté et consenti par les sieurs Marguillier et Curé, comme aussi seront tenus, les dits Delaveau tant pour eux que pour Françoise Poirier et Françoise Dufour, leurs épouses de recarreler à l’endroit de toutes les tombes qu’ils auront levées après les avoir recomblées de terre, et mettre le dit carreau de niveau et de recarreler encore tous les endroits nécessaires où il manquera du carreau.. Comme aussi démolir la Chapelle de la Cène, de relever le carreau où il est enfoncé et de le remettre à niveau à l’autre carreau ; comme aussi de remettre des pierres ou tombes s’il s’en trouve, sinon du carreau pour faire un chemin de trois ou quatre pieds de large à prendre depuis la porte d’entrée au dessous de la tour jusqu’aux tombes qui seront placées dans la nef, comme aussi de resceller en plâtre tous les bancs autour des murs tant dans la dite Eglise que dans les chapelles et même de refaire les murs du grand cimetière d’environ neuf pieds de hauteur et de redresser une croix de pierre dans son aplomb et faite le chapiteau du mur du petit cimetière ; de reboucher tous les trous qui sont au dit mur. Ensemble de refaire le chapiteau du mur du cimetière, à niveau la sacristie, d’environ neuf pieds de long, pourquoi sera fourni aux ouvriers par le dit sieur Gastellier tous les matériaux nécessaire sur place à la porte de la dite Eglise et ce moyennant le prix et somme de: cent trente six livres ".

En 1753, le Curé J. Vié écrivit lui même, semble-t-il, à la fin du registre de l’état civil, ces mots : " au bout du registre, lis ce petit chapitre. " Le voici d’ailleurs transcrit ci-dessous.

" J’ai vu deux parties disputer
" de la vérité sans l’entendre
" Le public sans rien y comprendre
" pour l’un et l’autre s’entêter
" Et de leur dispute authentique
" qui s’entend moins, plus on l’explique
"J’ai vu qu’après un long débat
" après réplique sur réplique
" La haine des parties est le résultat.

Au dessous est écrit : La Fontaine, auteur.

La transcription à cet endroit de ce qui précède, était vraisemblablement destiné à commémorer un événement qui avait dû se passer à Ferrières. Le Curé Vié mourait l’année d’après. Il fur inhumé le 16 novembre 1754, il avait donc été à Saint-Eloy tant comme vicaire que comme prêtre pendant quarante sept ans. Voici la copie de son article d’inhumation.

" Le seize novembre mil sept cent cinquante quatre est décédé et inhumé dans le chœur de l’Eglise de cette paroisse par le Révérend père prieur de l’abbaye de Ferrières du consentement de Monsieur le prieur de Montargis, Doyen de Ferrières, Messire Jacques Vié, Curé de la dite paroisse âgé de soixante onze ans six mois ou environ, ayant desservi cette paroisse pendant trente six ans avec édification, En présence de Messieurs Louis Garnier, Curé de Fontenay, Edme Frelat, Curé de Griselles, Etienne Salmon, Curé de Dordives, Edme Midou, Curé de Nargis, de Charles Gibon, Curé de Bransles, François Boussingault, vicaire de la paroisse de Ferrières, de Mr Jean-Baptiste Timbert, procureur fiscal et de plusieurs autres habitants de la paroisse "

Il fut remplacé au mois de décembre de la même année (1754), par le sieur Thibault, et ce jusqu’en juin 1765 ; il fut lui même remplacé quelques mois plus tard par Mr Pierre Lemaire, Bachelier en Lois qui exerça de la fin 1765 jusqu’au 30 décembre 1788, date à laquelle il mourut. Ce prêtre, durant ses vingt trois ans de sacerdoce à Ferrières, joua un rôle fort important, et même de premier plan, tant au point de vue religieux, en sa qualité de curé de la paroisse, qu’au point de vue administratif, puisqu’il fut également pendant quelques années nommé échevin de Ferrières.

Dans ce chapitre qui a trait exclusivement aux questions religieuses il ne sera question que de ses fonctions de Curé qu’il assuma jusqu’à sa mort survenue à l’âge de 59 ans ½. C’est de son temps en 1770 qu’un conflit s’éleva entre le Conseil de la Fabrique de l’Eglise Saint-Eloy et les Bénédictins de l’abbaye relativement aux réparations a effectuer au chœur de la dite Eglise. Voici à ce sujet la transcription de la consultation prise le 30 octobre 1770 auprès de Me Jacquemain Duboutoir advocat à Montargis :

" Sur ce qui a été exposé au conseil par le sieur Judes Bordier, principal marguillier, receveur de l’Eglise paroissiale Saint-Eloy de Ferrières que les sieurs Abbés et Religieux de l’Abbaye Royale de Ferrières, gros décimateurs de cette paroisse refusent de faire les réparations du chœur sous prétexte que les revenus de la Fabrique sont plus que suffisants pour acquitter les charges ordinaires et actuelles, et qu’elle a jusqu’à présent fait faire toutes les réparations tant du chœur que cancelles, que la nef sans rien répéter contre eux. Que les dits sieurs abbés et religieux ajoutent que dans le cas ou la fabrique aurait droit de les contraindre à faire ces réparations du chœur et cancelles, ils auraient droit de se faire représenter et de discuter tous les comptes tant anciens que nouveaux rendus par les Marguilliers de la dite Fabrique. Le soussigné : …. Que les dits sieurs abbé et religieux sont mal fondés dans l’une et l’autre prétention, c’est à dire qu’ils sont tenus de faire les réparations du chœur et cancelles, et qu’ils n’ont pas le droit de se faire représenter ni discuter les comptes de la dite Fabrique ; ils abusent sans doute des termes dans lesquels est conçu l’article 21 de l’Edit du mois d’avril 1695, mais c’est précisément cet article sainement entendu qui les condamne.

Ci dessous le texte.

" Les ecclésiastiques qui jouissent des dîmes dépendant des bénéfices dont ils sont pourvus et " subsidiairement ceux qui jouissent des dîmes inféodées seront tenus et de réparer et " entretenir en bon état, le chœur des églises paroissiales dans l’étendue desquelles ils lèvent " les dites dîmes et d’y fournir les calices, ornements et livres nécessaires, si les revenus ne " suffisent pas pour cet effet ".

Il est certain, que si cet article n’assujettissait pas les décimateurs aux réparations du chœur, qu’en cas d’insuffisance des revenus de la Fabrique, comme elle les assujetti en ce seul cas, à la fourniture des ornements, calices et livres, ils auraient incontestablement droit d’exiger la représentation de l’état des revenus et charges et des comptes de cette Fabrique, non point pour les discuter, ni en faire rayer ce qui est alloué et passé, mais seulement pour se faire décharger des obligations que l’Edit leur impose, si les deniers de la Fabrique avaient été employés à des dépenses extraordinaires, dont une Fabrique n’est point tenue, sans lesquelles dépenses, elle aurait eu de quoi faire les réparations du chœur et se fournir elle même des ornements, calices et livres qu’elles demanderait aux gros décimateurs. Mais cela n’a lieu et ne s’observe qu’à l’égard de la fourniture des ornements , calices et livres. L’article contient deux dispositions, la première est pure et simple, et elle astreint perpétuellement, indistinctement et dans tous les cas, les décimateurs à réparer et entretenir en bon état le chœur des églises paroissiales. La particule " et " qui réuni dans une seule phrase cette première disposition et la seconde est ici adjonctive. Cette seconde disposition est conditionnelle et n’oblige les décimateurs à la fourniture des calices, ornement et livres, que dans le cas où les revenus de la dite Fabrique ne suffiront point pour cet effet, ces derniers mots qui terminent la phrase ne se réfèrent qu’à ce qui les précèdent immédiatement, ils sont au singulier pour montrer qu’ils ne se réfèrent qu’à la dernière obligation imposée aux décimateurs par cet article. Si la condition devait avoir lieu pour toutes les obligations énoncées en cet acte on l’y aurait clairement exprimé, il serait autrement construit, on aurait dit par exemple : En cas d’insuffisance des revenus des Fabriques, les décimateurs seront tenus de réparer ect.. ou bien : tout ce que dessus n’aura lieu que dans le cas ou les revenus des Fabriques seront insuffisants. Mais ce n’est pas le vœu de l’Edit ".

Après avoir cité ces commentaires puisés à diverses sources et appuyant ses dires des avis de Mr Jousse ayant fait le commentaire du dit Edit, et de Mr Desgodets auteur des Lois du bâtiment et de Mr Goupy, son annotateur, il termine ainsi :

" Si les décimateurs de Ferrières persistent et s’obstinent dans leur refus, le Marguillier doit leur faire sommation à sa requête de faire faire les réparations qui sont à faire, présenter ensuite cette sommation à une assemblée d’habitats au banc d’œuvre, et s’y faire autoriser à les faire assigner pour les y contraindre. La Fabrique ne court aucun risque, tout favorise son droit, il est incontestable. Signé Jacquemain Duboutoir " Honoraires : 6 livres.

Cette consultation communiquée à l’archidiacre, fut suivie de l’ordonnance suivante :

" Vu la consultation ci-dessus, nous Vicaire Général du Diocèse de Sens, archidiacre du Gastinois, au cours de notre visite, enjoignons aux marguilliers de faire toutes poursuites et diligences contre le sieur Abbé de Ferrières, gros décimateur de la paroisse Saint-Eloy de la dite ville pour faire les réparations nécessaires au chœur, cancelles de la dite Eglise, tant aux murs, charpentes, couvertures croisées, vitres et vitraux, pavé, grilles autels, tabernacles et généralement tout ce qui peut être à la charge du dit sieur décimateur conformément aux édits, ordonnances et arrêts. Défendons aux Marguilliers actuels et à venir d’employer aucun denier de la Fabrique aux sus dits objets sinon pour cause de dégradation, à peine d’en répondre en leur propre et privé nom, à moins que sommation n’ait été faite par eux au dit décimateur pour urgentes réparations qui pourront alors provisoirement être faites par les Marguilliers sauf le dit recours de la dite Fabrique contre le décimateur Fait à Ferrières au jour de notre visite archidiaconale, le 8 mai 1771. Signé Mercy, Vicaire Général. "

Malgré mes recherches ,il ne m’a point été possible de connaître la suite donnée à ce différent. J’ignore donc si les religieux Bénédictins ont participés à la dépense résultant de la réfection envisagée. Néanmoins ainsi qu’on le lira plus loin, les réparations ont été faites. Il convient de signaler pour mémoire qu’un différent de même ordre s’était élevé précédemment entre les mêmes parties, mais cette fois relativement à la Chapelle Saint-Fiacre, dont il sera question dans la suite de ce chapitre.

Pour en revenir à l’Eglise Saint-Eloy ou plutôt à son desservant Messire Pierre Lemaire voyons ce qu’il fit pour son église durant les vingt trois années pendant lesquelles il exerça ses fonctions. Il y fit faire de grands travaux d’entretien et de restauration, les voici brièvement énumérés : nettoyage de tous les tableaux des autels, peinture en couleur des retables du chœur ainsi que des lambris du sanctuaire. Installation d’une table de communion en fer et de grilles au côté du chœur, entourage par des balustrades peintes des autels et des fonds baptismaux. Il fit faire un banc d’œuvre, une chaire et un confessionnal. Toute l’Eglise fut reblanchie, et la voûte de la nef refaite à neuf. Les abats-vent de la tour furent renouvelés et le beffroi réparé. Le cimetière fut fermé du côté nord. Les ornements sacerdotaux furent réparés et l’acquisition de nouveaux fut effectuée. Il fit changer l’heure de la première messe et fixer l’heure des offices pour les jours de fête. Enfin il fit faire et placer dans la sacristie l’armoire servant à contenir le trésor. Ce trésor, d’après un inventaire établi quelques années plus tard se composait de :

4 calices (trois unis et un ciselé),
5 ciboires dont deux ciselés (un grand, un petit) 1 plus petit, 1 de cuivre,
1 soleil en vermeil,
1 croix d’argent dorée et le bâton d’argent,
1 autre plus petite d’argent (à pied),
2 chandeliers proportionnés à la dite croix,
2 chandeliers ( pour les enfants de chœur),
L’encensoir, navette et cuillère d’argent, un plat d’argent ciselé et deux burettes pareilles et une autre paire de burettes, un grand bassin de cuivre doré, une bannière de velours, un vase d’or, une petite croix de cuivre (pour les inhumations des enfants)
6 grands chandeliers ciselés, en cuivre doré,
6 autres de cuivre uni,
6 autres plus petits et une lampe de cuivre gravé,
enfin deux reliquaires, l’un de Saint-Eloy et l’autre de Saint-Fiacre.

Son activité ne se borna point à embellir et entretenir son église, nous verrons un peu plus loin qu’il s’occupa également de restaurer et agrandir Saint-Fiacre. Il se fit augmenter le prix alloué précédemment pour le blanchissage et le raccommodage du linge de la Fabrique en faveur de la personne chargée de ce service (Le veuve d’Eloy Leguinet ci-devant préchantre de Saint-Eloy). Enfin et ceci mérite tout particulièrement d’être noté, il obtint l’autorisation de faire relier les registres des baptêmes , mariages et décès de la paroisse. Pierre Lemaire fut inhumé le 31 décembre 1788. Voici l’acte d’inhumation dressé en cette circonstance par le sieur Frollé, vicaire de la paroisse et gradué de l’Université de Paris.

" Le dernier de décembre 1788, a été inhumé sous la tour de Saint-Eloy par moi (Fr. Leclerc) prêtre religieux Bénédictin prieur de l’Abbaye de Saint-Pierre et Saint-Paul de Ferrières, le corps de Messire Pierre Lemaire, Bachelier en Lois, Curé de cette ville et paroisse, décédé hier âgé de cinquante neuf ans ½. Il a vécu en paix, a gouverné avec fruit quoique affligé de l’infirmité la plus douloureuse, la plus triste et la plus longue, il fut l’admiration de ses confrères voisins, souffrit avec une patience angélique, et excita les regrets sincères, les pleurs et les larmes de son nombreux troupeau. Laquelle inhumation a été faite en présence de M.M. les Religieux Bénédictins de l’Abbaye, de messieurs Charles Henri Gautier, curé de Griselles, Nicolas Despommiers, Curé de Fontenay, Charles Frollé vicaire de la dite paroisse et d’une infinité d’habitants ".

Cette inhumation par les Religieux Bénédictins fut très vivement commentée à l’époque. Voici d’ailleurs qui permettra d’en juger, c’est la copie textuelle des observations écrites par le sieur Frollé, vicaire à la suite du dit acte d’inhumation et intitulé :

" Observations sur l’inhumation de Messieurs les Curés de Ferrières. Témoin de l’inhumation de Mr. Lemaire j’ai vu avec peine (c’est un séculier qui parle) un moine tiendrait le langage que je vais tenir, s’il n’était point jaloux à l’excès même des droits et des prérogatives qui ne lui appartiennent pas. J’ai vu avec peine Mr. Le prieur de Ferrières, accompagner de ses religieux, ayant toutes les marques caractéristiques d’un curé, c’est à dire l’Etole, la Chape, la Croix ect…s’emparer du corps du dit Me. Lemaire, et procéder aux cérémonies de l’inhumation, deux curés présents. Voilà le fait des Religieux de Ferrières Voyons sur quoi ils se fondent pour agir ainsi. Ils prétendent et rien ne doit étonner dans leurs prétentions puisqu’ils ont encore aujourd’hui le fol orgueil de se dire curés primitifs et de ne regarder le Curé de Ferrières que comme vicaire perpétuel Ils prétendent avoir le droit exclusif d’inhumer les Curés de Ferrières ; pour ce ils allèguent une possession antique, la coutume, l’usage. Une coutume et un usage pareil ont-ils force de loi ? Il est bien vrai que deux ou trois actes mortuaires comme ceux de MM. Cullot et Vié, portent que leurs inhumations ont été faites par le prieur de Ferrières, mais conclura-t-on de là, que les Bénédictins ont le droit exclusif d’inhumer les Curés de Ferrières ? On conclura seulement qu’ils se sont soutenus dans l’usage ou ils étaient de les inhumer avant le Concile de Trente, temps où un bénédictin était Curé de Ferrières. Mais personne n’ignore que depuis le Concile de Trente, les Bénédictins sont exclus de tous les bénéfices à charge d’âme. Avant le Concile de Trente, les Curés de Ferrières étaient des religieux Bénédictins, et à leur mort, ils étaient inhumés par leurs confrères bénédictins. Cela paraît dans l’ordre : le moine inhume le moine, le séculier inhume le séculier, on voit par là que les Bénédictins n’inhumaient les Curés de Ferrières que parce que ceux-ci étaient Bénédictins. Mais les Curés de Ferrières depuis le Concile de Trente étant séculier, il suit par analogie qu’ils doivent être inhumés par des séculiers, c’est dons une usurpation de la part des religieux de Ferrières, d’un droit qui ne leur a jamais appartenu depuis la tenue du Concile de Trente, et qui ne leur appartiendra jamais, quand bien même ils inhumeraient encore tous les Curés de Ferrières, futurs. Toutes ces inhumations leur ont été contestées. Cela du moins est certain pour celle de Mr. Vié, à laquelle étaient tous les Curés voisins. Preuve donc qu’on ne connaissait point aux religieux un droit inattaquable. L’acte d’inhumation de Mr. Vié porte que cette inhumation a été faite par le père prieur à la vérété, mais du consentement de Mr. Le Doyen de Ferrières, prieur de Montargis. Ce mot consentement prouve bien qu’on ne leur connaissait point un droit incontestable ; aussi ils n’ont point signé l’acte, par ce, sans doute, qu’ils n’ont point voulu paraître se désister d’une prétention incivique et dénuée de tout fondement. Ils citent encore pour appuyer leur prétendu droit, leurs faits mémorables. Mais par qui ont ils été écrits ? Par des religieux de Ferrières portés en conséquence à se favoriser ; quoiqu’il en soit, ces faits mémorables à l’occasion de l’inhumation des Curés de Ferrières portent que les Curés voisins contestaient toujours et spécialement Mr. le Prieur de Montargis, doyen rural lors de l’inhumation d Mr. Vié. Ils leur sont donc plus préjudiciables qu’avantageux, les Curés n’auraient jamais contesté un droit qui ne leur aurait point appartenu. Que des religieux parcourant et examinant les faits mémorables existant avant la tenue du Concile de Trente, je suis bien persuadé que les Curés voisins n’ont jamais fait la moindre contestation, et pourquoi ? Parce que, comme je le disais plus haut, les Curés de Ferrières dans ce temps étaient Bénédictins. Et si après le Concile de Trente il y a eu des contestations de la part des Curés voisins au sujet des inhumations de ceux de Ferrières ce n’est que parce qu’ils étaient séculier comme eux, titre qui leur donnait un droit tout naturel à leur inhumation. Maintenant je demande à ceux qui liront cette observation si les religieux Bénédictins peuvent ou ont droit de porter leur croix dans la juridiction du Curé ? C’est ce qu’ils ont fait à l’inhumation de Mr. Lemaire. Lors de la levée du corps, ils ont voulu le porter à la Vierge de Bethléem (et ce sans doute, en vertu de la coutume, de l’usage), je m’y suis opposé, et il m’a été présenté qu’aux Eglises de sa juridiction. On a offert l’étole pastorale à un de MM. les Curés voisins,( ils n’étaient que deux à cause du mauvais temps et de la rigueur du froid) mais sa tristesse et ses pleurs pour son vrai ami, ne lui ont pas permis de prendre sur lui de l’inhumer : il a été quoiqu’il en fût blâmé de MM. Ses confrères. Les religieux font un service pour le Curé de Ferrières, et ce, à cause de l’usage où ils étaient d’en faire pour leurs confrères qui mouraient Curés de Ferrières et ce n’est, disent ils, que parce qu’ils regardaient et regardent encore aujourd’hui les Curés de Ferrières comme leurs confrères qu’ils en font l’inhumation. Telle est mon observation, et mes souhaits sont pour que les choses rentrent dans l’ordre. On peut encore observer que les Bénédictins depuis le Concile de Trente n’ont jamais inhumé les Curés de Griselles, Bransles et Nargis, quoique cependant ils fussent Bénédictins comme ceux de Ferrières, avant le Concile de Trente, puisqu’il n’ont pu conserver leur droit dans ces paroisses là, ils doivent être déchus d’inhumer les Curés de Ferrières, et de l’avis unanime de Messieurs les Curés de la conférence de Ferrières.

Pour aveu de tous les soussignés, signé : Gautier, Curé de Griselles et Despommiers, Curé de Fontenay ".

Pour la compréhension de ce qui précède, voici brièvement résumé ce que fut le Concile de Trente. Il s’agit d’un concile œcuménique tenu à Trente de 1545 à 1553 pour opposer au protestantisme un ensemble de définitions dogmatiques et de réformes disciplinaires capables de maintenir l’unité catholique. A la suite fut rédigé le catéchisme du Concile de Trente destiné à résumer l’enseignement de ce qu’il avait défini. La cure ne semble avoir été pourvue d’un nouveau titulaire que plusieurs mois après le décès du dit Pierre Lemaire. Le successeur de ce dernier, le curé Pelvilain, semble n’avoir en effet exercé ses fonctions qu’au cours du mois de mai 1789. Il nous révèle certaines choses curieuses dans un procès-verbal dressé par lui :

" Je soussigné certifie que l’Edit d’Henri II a été publié au prône des messes paroissiales de trois mois en trois mois. Je certifie enfin avoir aussi publié l’Edit de Louis XIV, concernant ceux qui usent de pratiques superstitieuses sous prétexte de magie, et ceux, qui attenteraient à la vie de quelqu’un par le moyen du poison ".

Il dressa le dernier acte de baptême le trois décembre 1792. Ce fut à cette date que l’état civil fut retiré aux prêtres des paroisses pour être confié à l’officier public municipal. Le Curé Pelvilain qui fut le dernier desservant de l’Eglise paroissiale de Saint-Eloy, dût quitter Ferrières, car aucun acte de décès à son nom ne figure dans les archives de Ferrières.

Pour terminer avec l’ancienne église paroissiale de Saint-Eloy qui fut ainsi qu’on l’a lu plus avant, détruite au cours de la Révolution Française, citons ce qu’il subsiste encore des objets qu’elle renfermait. S’il faut en croire l’abbé Leluc déjà cité, voici l’énumération qu’il en a fait dans son guide de Ferrières :

Le curieux pupitre en pierre du XIIIème ou XIVème siècle actuellement visible au centre du cimetière de la ville y servait à la lecture de l’évangile pendant la semaine sainte, et peut être aussi des Edits du pouvoir civil. La chaire de l’Eglise abbatiale ainsi que les boiseries entourant la nef de Notre-Dame de Bethléem, de même dit on que les anciennes stalles garnissant la salle de la mairie actuelle, et également les vieilles armoires y existant.


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