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Marguerite Françoise Bouvier de la Mothe de Cepoy
1767-1808

par Gaston Leloup

L'église de Cepoy
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Cet article est extrait du Bulletin de la S.E.M. N°92, novembre 1993
voir aussi la lettre de Philippe Egalité à sa maîtresse


           Marguerite Françoise Bouvier était la fille de Guillaume François, deuxième marquis de Cepoy et d'Elisabeth Amaranthe Jogues de Martinville. Elle avait épousé, en 1784, Georges Louis Marie Leclerc, comte de Buffon, de trois ans son aîné. C'était le fils du célèbre naturaliste. Rivarol disait 'de lui que c'était :"le plus mauvais chapitre de l'histoire naturelle de son père" .

Peu de temps après son mariage, elle devint la maîtresse du duc d'Orléans, seigneur apanagiste de Montargis et eut sur ce dernier une grande influence. De leur liaison naquit un fils, Victor Buffon, mort capitaine de Dragons en Espagne.(I)

Après l'exécution de Philippe Egalité (ex-d'Orléans), elle divorça le 14 janvier 1794. Son ex-mari périt lui-aussi sur l'échafaud le 10 juillet 1794.

Ses contemporains admiraient sa grâce naturelle, son nez mutin, ses admirables cheveux blonds et sa taille divine qui faisaient passer son soi- disant manque d'esprit. Lauzun disait d'elle : "Si vous saviez comme elle est bête et comme cela est commode, on peut parler devant elle de choses fort importantes avec une sûreté!". Cette appréciation ne semble pas ressortir du portrait que fait d'elle madame de Boigne, au début de l'Empire, dans ses Mémoires où l'on peut lire (2):

"Je fis connaissance à Saint Germain avec madame de Renouard, plus connue sous le nom de Buffon. Elle était la preuve qu'il n'y a point de position à laquelle un noble caractère ne puisse donner de la dignité. Maîtresse de monsieur le duc d'Orléans pendant toutes les horreurs de la Révolution, elle les avaient traversées en alliant un dévouement entier pour le prince avec une haine hautement affichée pour les crimes dont elle était témoin et pour leurs auteurs. Il est inouï qu'elle n'ait pas été victime de sa franchise; il paraît qu'elle avait inspiré du respect à ces monstres eux-mêmes.

Elle resta fidèle à la mémoire de monsieur le duc d'Orléans et s'occupa, au péril de ses jours, des affaires de ses fils qu'elle avait contribué à faire échapper de la prison de Marseille. Elle leur confia un enfant qu'elle avait eu: il fut élevé par eux à l'étranger sous le nom de chevalier d'Orléans; il mourut fort jeune.

Une anecdote peu connue, c'est que monsieur de Talleyrand eut fort le désir d'épouser madame de Buffon. Sa tante, la vicomtesse de Laval, s'employa vivement à cette négociation, sans pouvoir vaincre sa répugnance à devenir la femme d'un évêque. Elle était tombée dans une grande pénurie. Un suisse, monsieur Renouard de Bussière, homme très agréable, lui adressa ses hommages qu'elle accepta. Leur union ne fut pas longue; il mourut lui laissant un fils. Lorsque je l'ai connue, elle était veuve et vivait dans une retraite absolue, uniquement occupée de cet enfant; elle a eu le bonheur de pouvoir le recommander à monsieur le duc d'Orléans avant de mourir.

Ce prince professait, à juste titre, une grande reconnaissance pour madame de Renouard et a toujours protégé son fils. Des anciens rapports de mes parents avec sa famille leur firent forcer la solitude de madame de Renouard. Lorsqu'elle était à son aise, elle était très spirituelle, parfaitement aimable et très intéressante sur ce qu'elle avait vu mais dont elle parlait rarement et mal volontiers. Elle conservait des restes de beauté et surtout d'agrément."

1)  voir la lettre de Philippe Egalité à sa maîtresse -Bul.S.E.M. N°31 
2) Mémoires de la Comtesse de Boigne -Paris 1971- Mercure de France. Tome 1- p.165.


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