Le
siège de Montargis en 1427 |
|
Gaillardin s'emparant de la bannière de Warwick, par A. R. Ravault |
La monumentale
"Histoire de France" de Louis-Pierre Anquetil (1723-1806), curé
de Château-Renard, fait autorité dans sa description, presque au jour le
jour, des événements. On trouvera ici l'extrait qui concerne le siège
de Montargis. Anquetil, pourtant, n'est pas à l'abri des confusions entre
faits avérés et faits légendaires, comme le font déjà ses sources du
XVIIe siècle. On trouvera un travail véritablement historique sur le
sujet sous la plume de Daniel Cornet dans le livre édité par la S.E.M. Le
siège de Montargis. |
Vers ce temps les Anglais essuyèrent un échec mortifiant
devant Montargis, et de cette époque leur fortune commença à décliner. Le
courage et l'intelligence des habitants prolongeaient depuis trois mois le siège
que le comte de Warwick avait mis devant cette ville, lorsque les vivres commencèrent
à leur manquer. Ils parvinrent à faire connaître au roi leur détresse, et
sollicitèrent des secours et un convoi. Au refus du connétable, qui trouva
l'expédition au-dessous de lui,
le jeune comte de Dunois,
âgé alors de vingt-quatre ans, en
fut chargé. On lui donna seize cents hommes et La Hire. Chacun de leur côté
ils essaient de forcer deux des quartiers ennemis qui, séparés par des bras de
rivières, étaient réunis par des ponts de communication. Le succès répond
à leur audace, et les fuyards se pressaient vers le quartier de leur général,
lorsque tout à coup une crue d'eau extraordinaire intercepte leur fuite, couvre
ou emporte les ponts, submerge les quartiers, et place Warwick dans
l’impossibilité de secourir les siens, qui, pour la plupart, furent noyés.
Ce déluge inattendu était un nouvel expédient des assiégés qui l'avaient
procuré par la rupture des chaussées de divers étangs supérieurs. Le comte
de Warwick s'estima heureux de pouvoir se retirer en bon ordre; et le siége fut
levé lorsque les espérances des Français se bornaient à
l'introduction d'un convoi. En reconnaissance
de la valeur et de la fidélité des habitants, le roi leur accorda deux foires,
les déchargea ô perpétuité de la taille, voulut que leur ville portât le
nom de Montargis-le-Franc, et
lui donna pour armes les lettres initiales de ce nom au milieu de l'écusson
de France.