Glossaire de l'ancien parler gâtinais |
D'après les relevés de Jean Jourdain et
André Bouchier
Listes parues dans les Bulletins de la Société d'Emulation de
Montargis (N°42 à 46, 48, 49, 63 -1978-1984)
complétés par les lecteurs de Gâtinais Histoire
Introduction A B C D E F G H I J
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Lettre M
MACHOUILLER
= déformation de MÂCHONNER, de MÂCHER. Celui qui mâchouille = contraire du glouton. Au XIIIe siècle : MACHILLER, du latin MASTICARE-= mâcher.
MAGNER (se)
Glossaire du Morvan : se mettre en train, agir avec vivacité, avec vigueur, avec
effort, se démener.
Brantôme cite MAGNER pour MANIER, Malherbe pour AGIR.
Du latin MANUS = main.
De nos jours, ce terme est passé dans le langage trivial.
MAGNES (faire des)
= faire des manières, être fier, orgueilleux de sa personne.
Pourrait venir de magne = grand (ou encore : contraction de magnières = manières).
MAILLASSÉ MAILLOCHÉ
= tacheté. "Un chien, un lapin, un haricot maillassé".
Déformation dialectale de MAILLÉ ; ce terme s'applique au perdreau : il est maillé
lorsque, devenu fort, son plumage est semé de taches.
Dans la phrase : "la prairie est émaillée de fleurs", émaillé a le même
sens que maillé.
Vient de MACULA qui désigne à la fois maille et tache.
MAILLURE, autre forme déjà utilisée au XIIe siècle, est l'équivalent de MOUCHETURE,
à propos du plumage des oiseaux.
MAILLUCHE
Vient de maillet. C’est l’outil en bois permettant d’enfoncer les coins de fer
pour fendre les billes de bois. La tête quelque peu cylindrique était en bois
très dur pour éviter de se fendre (piéton de frêne ou loupe d’orme) H =
0,30m x D = 0,20m. Contrairement à la cognée, le manche de la mailluche était de
petit diamètre, assez flexible (châtaigner, noisetier), ceci pour donner de la
vitesse et de la frappe. Le fait d’être en bois, la mailluche était plus
économique et moins dangereux qu’une masse métallique. Frapper fer contre fer
use les coins prématurément et envoie des éclats de métal parfois jusque dans
les yeux.
À
condition d’être mise à l’abri, une mailluche durait plusieurs décennies.
Lorsque les coins métalliques, n’arrivaient pas à pénétrer dans un bois très
dur, (Ils rejipaient), des coins en bois étaient alors réalisés sur le
champ et offraient une opportunité supplémentaire et souvent gagnante.
(Contribution G. Fairy)
MALAISANT
= malaisé, difficile : "Vlà-t-y pas une chouse malaisante à faire !"
MANCHÉSIAUX
Ce sont les deux poignées
qui permettent de tenir une charrue à chevaux. « Tiens bon les manchésiaux ! »
dit-on à une personne pour la prévenir que le labour sera rude.
(Contribution G. Fairy)
MANGEASSON (un)
Cest une personne peu économe, qui mange son bien.
MANNEQUIN : (Un) C’est le
nom donné à une grande corbeille en osier avec deux anses destiné au
transport par deux personnes des betteraves ou des légumes. Pour éviter une
usure prématurée, ces corbeilles étaient renforcées à la base par
l’utilisateur, à l’aide de deux liteaux qui permettaient une meilleure
glisse sur le sol. MARAUDE (la) = le vol dans les jardin et les vergers [relevé de T. Longeas] MARGOT (une) Par ce terme populaire on désignait la pie, la NIASSE. |
MARGOULIN
Marchand roublard, peu scrupuleux. Employé souvent par rapport au commerce
des bestiaux.
(Contribution G. Fairy)
MARGOUILLIS (du)
= de la vase, de leau malpropre, un bourbier, un étang à moitié asséché dans
lequel on s'enlise.
Toutes ces définitions expriment une idée de boue, MARGOUILLER en est le verbe, l'action
de patauger, de se salir.
"Ca margouille drôlement, ce matin !"
MARGOULETTE (la)
= la figure, la tête. "Se casser la margoulette" = faire une chute.
"Se faire casser la margoulette" = se faire casser la figure, recevoir des
coups.
Ce mot est composé du préfixe péjoratif MAR et de GOULETTE, diminutif de GOULE, gueule
ou bouche.
GOULE n'a pas toujours eu le sens trivial que présente gueule ; encore au siècle
dernier, en quelques parties de la Normandie, "ma petite goule" était un terme
caressant que les mères et les nourrices employaient en parlant à leurs enfants.
MARLIN (le)
=
merlin à fendre le bois.MARLOT
Il s’agit du merle mais également d’un jeune homme qui courtise une jeune fille.
MARLOU
Homme qui vit en
concubinage. « Elle vit avec un marlou. » Cité par Bernard Fairy, Chatenoy.
(Contribution G. Fairy)
MARRE (la) Outil qui servait à piocher les champs de safran. MARSAUDES - MARSAUGES (des) Terme par lequel on désignait une sorte de roseaux, de rouches. MARSAULES (les) Tous les saules. A lorigne de ce nom, le marsaule était considéré comme en
étant une variété, cétait le saule marceau = le saule mâle. Le bas-latin et le
vieux français avaient deux formes : MARSALIX et MARENSALIX : du latin MAS, MARIS =
mâle, et SALIX = saule. |
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MASCAUDER - MASCANDER
= abîmer, détruire en triturant, en fouillant. Vient du vieux français MASCHURER =
meurtrir, maltraiter, ou MASCHER = froisser.
Au XVe siècle, une MASCHEURE était une contusion, une meurtrissure.
MATONS (les)
Nous sommes dans le domaine culinaire. Lorsqu'on brasse de la farine avec de l'eau, il se forme des grumeaux. Nos mères appelaient cela : des MATONS.
MAUVAISETÉ (la)
= méchanceté, malice
MÈCREDI
Pour MERCREDI, Mercurius dies = le jour de Mercure. Mècredi était préconisé par Vaugelas.
MÉE (la)
Cétait la huche à pain, le meuble où l'on pétrissait le pain et où lon
enfermait ce pain quand il était cuit. Le nom et la chose existaient dans la plupart des
inventaires rustiques du Moyen-âge : on y trouve les formes : MAICT, MAIS, MAIT, MAY,
MECT, MEIT, MEYT.
Le Dictionnaire de la Langue française écrit MAIE. Pourquoi le muet de la finale,
lequel ne se trouve nulle part dans l'ancien français ?
Vient de MAGIDEM, MAGIS = plat, huche où l'on pétrit (emprunté au grec).
MELONNER ou MEULONNER
= mettre en meulons, petites meules, ainsi placées pour qu'elles sèchent vite et à
l'abri de la pluie.
Il y avait plusieurs variantes : MEULONS, MELONS, MULOCHES, MULOCHONS. Ceci s'appliquait
uniquement au foin.
MENAGE (le)
Ce mot s'appliquait uniquement au mobilier.
"Se mettre en ménage" = se mettre dans ses meubles.
MENOTTES - MENETTES - MENITTES (les)
Ce sont les mains des petits enfants.
MENTES (des)
Diminutif de mensonge.
Le Glossaire du Centre note : n'est usité que dans l'Est ; or ce mot était classique
dans le Gâtinais.
"Dire des mentes" - "Tout ça, c'est des mentes."
MERDE DE CHIEN
Expression triviale. « D’une merde de chien, il en fait un pain d’sucre !», en parlant d’une personne très diplomate, qui enrobe bien les petits riens en les valorisants,
MERDE DE LAITIER
Expression triviale
désignant un individu très pâle. « Il est blanc comme une merde de laitier ! »
(Contributions G. Fairy)
MÉSIENNE (la)
Déformation de la méridienne. C'est le repos, le sommeil de laprès-midi pour les ouvriers des champs, moissonneurs et autres. Il n'avait lieu qu'à l'époque des grosses chaleurs et était, en principe, inconfortable, dans les greniers, sous les arbres, etc.
MÉTEUX D’FEU
= i
ncendiaire ou pyromane. Ce terme accusateur était employé jusque dans les années 60. Il servait quelques fois d’insulte en public lors d’une confrontation entre deux adversaires. Parfois, cela se terminait au tribunal pour diffamation.MIGNOTER (UN ENFANT) Cétait le cajoler, Iaduler le couver. MINCER = couper, réduire en morceaux. "Mincer du pain" - "Mincer du
bois". MINETTE MIGNONETTE (de la) Cest une plante fourragère appelée aujourdhui de la luzerne lupuline. MISTENFLUTE (envoyer à la) Locution que l'on peut remplacer par : envoyer aux calendes grecques. |
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MITONNE (le ciel se)
= les nuages arrivent lentement sur un ciel déjà couvert. Ces nuages sont
annonciateurs d une pluie plus au moins lointaine.
"Ah, c'matin l'temps s'mitonne !", ce qui veut dire : il y a de fortes
chances pour qu'il pleuve dans la matinée.
MITOUNADE (la)
= la soupe mitonnée, la panade.
MOLLETTE (la)
= la tête arrondie des os : la mollette du genou.
MOUCHOUÉ D'COU
Alors que le MOUCHOUÉ D'POCHE était pour l'usage nasal, le mouchoué dcou était le mouchoir que l'on pliait en pointe, pour se protéger le cou pendant la moisson.
MOUCIAU (un) = morceau, tas : "Jai tout mis en un mouciau." MOUEGNIAUX MOGNEAUX - MOIGNEAUX (les) Les moineaux, mais surtout tous les oiseaux non identifiés. |
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MOUFLER (ne pas)
C'est une locution qui paraît propre à notre région. C'est se taire devant des réprimandes, des récriminations, ou faire le silence absolu.
MOUILLETTES (les)
Ce sont les tranches de pain pour tremper dans luf à la coque, mais ce sont également les catins, les petites bottes de fourrage ou de foin qu'on lie, en principe, à leur extrémité supérieure.
MOUINER
Serait une déformation de couiner, pour les animaux, mais sappliquait aux enfants, dans le sens : protester, ronchonner. "T'as pas fini d'mouiner !"
MOULÉE (de la)
Bois scié suivant une certaine mesure. Le bois de la région était généralement
exploité en bois de moule ou bois de flot qui partait sur Paris, à lusage du
chauffage domestique.
Le bois de moule : chaque arbre se compose de deux parties, le moule et la rame. Le bois
de moule est le tronc, le bois de la tige et les grosses branches façonnés en bûches
d'une longueur réglementaire ; la rame est ce qui reste.
Le terme MOULE, MOLLE est ancien : une ordonnance de 1397 établit que :
"La busche de MOLLE doit avoir troiz piez et demi à pieterre de longueur, et se doit
mesurer à Ianel de fer."
Rabelais cite dans Gargantua, 1, 20 : "
Fust dadvis quon lui
baillast avec une paire de chausses trois cens de gros bois de MOULLE..."
La bas-latin MOLLA désignait une mesure de volume pour le bois à peu près égale au
stère, de là nous est venu MOLLE - MOULE et MOLLER - MOULER = mesurer le bois.
MOUVASSER quelque chose
Comme TOUILLER, cest remuer sans cesse, sans arrêt.
MOUVER
De MOUVOIR, pour : remuer, agiter, brasser.
"J'ai pas pu mouver cette pierre" = je n'ai pu la déplacer.
"Cet homme est bien malade, il ne peut même plus se mouver".
Ou gigoter : "Ce gosse, y ne fait que mouver dans son lit ! "
MOYETTE (la)
Synonyme de MULON (voir AMULONNER). Le fanage des luzernes seffectuait en moyettes.
MUSARD
=
homme qui prend ou perd son temps à discuter ou à musarder avec les uns et les autres.MUSSE (une)
C'est un trou, un passage, la cachette du lièvre. C'était le trou dans la porte, pour le passage du chat (devenu la chatière).
MUSSER (se)
= passer à travers, par un trou, se glisser vers
, se cacher.
Ou au péjoratif : à propos d'une situation où lon est obligé de faire contre
mauvaise fortune bon coeur : "Il faut y musser" ou "il faudra bien qu'il y
musse" = il faudra bien quil y passe.
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